05 : Cactus

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             Trois semaines qu'Allyson est là dans ce foutu bureau à côté du mien, j'ai tout fait pour qu'elle craque, j'ai usé de tous les stratagèmes possibles que j'avais en stock. En vain, elle ne bronche pas et exécute la moindre tâche que je lui demande, de la plus ingrate à la plus sérieuse. Elle dépose même mon café près de mon ordi chaque matin et si je suis en retard, car oui, je le suis toujours, elle va m'en faire un autre. Et pour couronner le tout, elle s'entend très bien avec Sophia avec qui elle déjeune quasiment tous les jours. La traite celle-là, elle ne paie rien pour attendre.

Je n'ai pas remis les pieds au bar où elle bosse, je refuse de la voir encore plus que nécessaire, je ne suis pas sado non plus, la journée me suffit amplement. Elle a chamboulé mes habitudes avec mes amis, et nous avons donc élu domicile au Club de la plage. Et croyez-le ou non, mais je me tiens à carreau. Ça va faire plus d'un mois que je suis abstinent, sa connerie de réflexion de l'ado en rut m'a calmé bien plus que ce que je ne le pensais.

Heureusement, je ne suis pas manchot. Je n'ai jamais autant utilisé ma main droite, et même la gauche pour varier le plaisir. Et si ça continue, je vais avoir les mains calleuses. Ce soir, je m'en chope une, je n'en peux plus et rien à foutre qu'elle soit brune. Je veux sentir une femme autour de ma queue, même enveloppée dans du latex, c'est vital pour ma santé et mon humeur. Je suis aussi aimable qu'une porte de prison, et tout le monde en prend pour son grade.

— Monsieur Neal ?

Je tourne la tête vers la porte, Allyson n'ose pas avancer jusqu'à mon bureau depuis une semaine, là où mon acerbité a considérablement changé, elle ne me balance plus de piques, et moi non plus. Elle bosse dans son coin et moi dans le mien et l'on se parle que si c'est nécessaire.

— Qui y a-t-il, mademoiselle Lane ?

Et je ne l'appelle plus par son prénom et je la vouvoie aussi. Je suis rancunier et alors.

— Pour le dossier de la voiture, j'ai ajouté quelques éléments. Je voulais vous en faire part.

— On verra ça demain, il est seize heures vous pouvez rentrer chez vous.

— Je peux rester, je ne travaille pas ce soir. J'ai le temps, insiste-t-elle.

— À la bonne heure ! Je vais pouvoir aller boire un verre chez Stan sans vous trouver derrière le comptoir.

C'est sorti tout seul et putain ça fait du bien. Une semaine, sept jours, cent soixante-huit heures que je me retiens de lui balancer un truc, je me sens libérer, délivrer comme la Reine des Neiges.

— Je ne vous empêche pas d'y aller, grogne-t-elle.

— Si, par votre présence sur les lieux. Je vous supporte déjà ici, faut pas déconner non plus.

— L'abstinence ne vous rend pas aimable, marmonne-t-elle.

Et là, c'en est trop, je pète un câble. Et surtout, je maudis Sophia par la même occasion, elle a dû baver sur moi. Alors, c'est ça leur genre de discussions ? Je vais définitivement la tuer, non en fait, je vais tuer les deux. Je vais faire un trou au fond de mon jardin où elles reposeront en paix ou pas et Tyler plantera des cactus à cet endroit.

Je me lève furax et avance un peu trop rapidement vers Allyson qui recule et manque de tomber sur les fesses. Le connard que je suis aurait pu la laisser se péter le coccyx et j'aurai été tranquille quelque temps, mais j'ai des putains de réflexes à la con et je la rattrape avant le drame.

Je saisis son bras d'un mouvement brusque et je la colle contre mon torse, le dossier qu'elle tient entre ses mains s'écrase au sol et les feuilles s'éparpillent à nos pieds. Les effluves, de son parfum fruité, chatouillent mes narines, je demeure comme ça quelques secondes sans vraiment comprendre ce qui m'arrive, elle sent bon, c'est agréable.

Séduction Game (En pause)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant