3 juillet 2019

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On nous a rappelé pour revenir bosser. On est mercredi, il ne reste donc que peu de temps avant le week-end. La semaine va se terminer rapidement et c'est tant mieux. Voir Romeo va me faire un déchirement monstre mais je vais m'efforcer de rester impassible à sa présence. Comme deux collègues tout ce qu'il y a de plus classique, sans arrière pensée aucune.
J'avais, moi aussi, pris une habitude quant à son égard que j'ai remarqué réciproque : croiser son regard et se faire des petites grimaces. Malheureusement pour moi, cette "habitude" n'est pas sans significations.

    Manque de pot pour moi, je suis assignée à un poste juste à côté de là où il travail. Rien ne va dans mon sens. Si même le responsable s'y met, je ne suis pas rendue.

    Malgré cela, je suis fière de moi. Je n'ai pas levé les yeux à chaque fois qu'il passait tout près de moi, ou dès que j'entendais sa voix. Je me suis vraiment surprise à rester neutre en sa présence. A un moment, il a même tenté une approche en posant sa main sur mon épaule droite et j'ai sentie une petite pression venant de sa main. Si chaude. Je lui ai lancé un sourire timide qui avait tellement peu de saveur bien qu'il ne l'ai sans doute pas remarqué.
Toute la journée s'est passée de cette manière. Il faisait plein d'aller et de retour et je ne daignais pas lever la tête et le regarder. Je suis pathétique mais je me suis résignée. Je vais l'oublier aussi vite que je me suis intéressée à lui. Sans doute. Après tout, on n'a rien partagé ensemble si ce n'est des regards et des sourires.

Mais à un moment, mon italien préféré est venu jusqu'à moi quand j'étais seule.
Romeo - Tu vas bien ?
Moi - Oui et toi ?
Romeo - Chaudement.
En voyant que je ne surenchairissais pas, il relance la conversation.
Romeo - Chez moi, on n'a pas la climatisation alors il fait très chaud.
Moi - Faut l'installer. C'est la canicule en ce moment.
Romeo - Je sais. On est en train de voir pour la mettre dans les trois chambres.
Je ne réponds pas. J'avoue que l'envie de lui parler ne manque pas mais la tristesse de mes pensées et la solitude liée à un sentiment de désespoir me bloque.
Romeo - Ca fait trois ans, au moins, qu'avec ma femme on parle d'acheter la climatisation.
Ah... Au moins je suis définitivement fixée bien que je m'en doutais. C'est la première fois, malgré tout, qu'il fait référence à sa femme. Depuis toutes ces semaines, non, ces mois. J'avais vraiment pas envie qu'il me parle d'elle ne serait-ce qu'une seule seconde. Je n'ai pas besoin de ça, en ce moment.
Je lui ai répondu un "ah" sans émotion tout en continuant de travailler. Il est parti par dépit. Sans doute a-t-il pensé que je me fichais de ce qu'il me disait ?

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