Laisse-moi t'aimer

10 juillet 2019

En attendant l'heure au niveau des escaliers du quatrième étage, j'ai vu par la fenêtre que Romeo était bien là. Mon coeur bat déjà la chamade. Ça promet.
J'ouvre les portes et attends avec mes collègues que le responsable nous assigne un poste pour la journée. Je le vois parler à une jeune femme qui travaille dans l'autre équipe. A ce moment-là, dans ma tête, j'ai déjà mis cette fille sur le bûcher.
Romeo m'a vu mais ne vient pas vers moi. Il continue tranquillement sa conversation. Ce qui m'agace énormément. Pourquoi ne viens-tu pas me dire bonjour ?!
Je décide de l'ignorer et de ne pas me déplacer jusqu'à lui. Je discute avec mes collègues, rigole. Je le regarde plus.
Il décide, ENFIN, de dire bonjour. Bien sûr, avec le monde qu'il y a, il va pas pouvoir être aussi tactile qu'à son habitude. Il me fait la bise et me regarde dans les yeux.
Romeo - Qu'est-ce que tu as ?
Il parle doucement comme si cette conversation n'appartenait qu'à nous.
Moi - De quoi ?
Je souris car, intérieurement, j'ai l'impression qu'il a deviné ma jalousie.
Romeo - Tu es bizarre là...
Moi - Non.
Je souris toujours et fixe ses yeux pour essayer de décrypter ses pensées. En vain, vous vous en douterez.

Il s'éloigne et nous, on commence à travailler. Je ne sais pas quoi penser de cette discussion furtive. Dans tous les cas, ça ne peut pas être ce que je pense. Je sais par expérience que mes pensées sont bien trop loufoques et en mon avantage pour être réelles.

****

Il est 21H05. Il ne reste plus beaucoup temps avant la fin de la journée. Je suis exténuée. Je n'ai qu'une hâte : rentrer chez moi.
Pile au moment où je me dis ça, j'aperçois Romeo qui me regarde au coin de la porte.
Il faut savoir, qu'aujourd'hui, je travaille dans une pièce spéciale au troisième étage. Et ce n'est pas l'endroit où on reçoit le plus de visite.
Je suis vraiment surprise de le voir ici et à cette heure-là, étant donné qu'il a fait les horaires du matin. Je le regarde avec étonnement.
Je me rapproche de lui pour connaître la raison.
Romeo - Tu vas bien ?
Moi - Oui et toi ? Tu fais quoi ici ?
Romeo - Je savais pas que tu étais ici, je te cherchais.
Euh... M'aurais-tu cherché mon cher Romeo ?
Romeo - Cette semaine je ne travaille plus.
Moi - Comment ça ?
Romeo - A partir de samedi, je travaille les week-ends.
Oh... Miséricorde. En gros, c'est la dernière fois que je vais le voir avant les vacances. Ce n'est pas possible !
Il semble...triste ? En tout cas, moi ça doit clairement se voir sur mon visage.
Romeo - On va pas se voir...
Moi - ...
Je n'arrive même pas à trouver les mots. Il me regarde pensant que j'allais dire quelque chose. Mais j'en suis incapable. Je suis tellement dégoûtée que rien ne sort de ma bouche et dans ma tête une bombe nucléaire vient de s'écraser. C'est le néant le plus total.
C'est fichue. Avec le comportement tactile qu'il a eu envers moi la veille, j'ai repris espoir. Je me suis dis que dans les prochains jours j'allais sans doute lui parler de nouveau, comme avant. Que j'allais pouvoir apprécier son joli minois avec encore plus de plaisir. Mais non. Tout s'effondre.

Je suis devant la pointeuse. Je lui fais face. Sans âme. Elle s'est liquéfiée puis évaporée.
Romeo arrive à ma gauche. Avant que je ne réagisse, il a mit sa main dans ma mienne. Si tendrement. Je tourne la tête. On est si proche l'un de l'autre. Embrasse-moi... Je sais que ce n'est pas possible mais j'en meurs d'envie. Surtout après ce que tu m'as annoncé. Une nouvelle comme celle-là mérite au moins au bisou de réconfort.
Je lui fais une tête de chien battu et il me fait la bise. Romeo, tes lèvres. Sur les miennes. Pas sur mes joues, s'il te plaît. Il garde sa main dans la mienne et nos deux corps les cachent. Ce geste a tellement plus de saveur. Par dessus tout, il joue avec le feu. Et moi, j'aimerai que ça me brûle. De plein fouet. Il me dit au-revoir mais cela a le goût d'un adieu. Je n'aime pas ça du tout ! J'ai l'impression que, cette fois-ci, c'est fini. Définitivement terminé.