Pdv de Nathan
Ils me détestent. Tous.
Je l'ai bien vu aujourd'hui, leurs regards, leur aptitude, leur mépris. Et Christopher, c'est pire que ça. Il m'a regardé qu'une fois, la seule où il a tenu compte de mon existence, et ce que j'ai vu m'a brisé le cœur. Il n'y avait que dégoût, haine, tristesse, déception, et incompréhension.Je me déteste. Entièrement.
Mon reflet dans le miroir me donne envie de vomir, au fond je les comprends. Je me dégoûte. Je blesse les gens que j'aime d'une facilité déconcertante, en un soir j'ai perdu presque la totalité des piliers de ma vie. Maxime m'en veut terriblement aussi mais il ne veut pas le montrer, ou du moins pas comme les autres. Il a trop peur que je me sente abandonné et recommence mes conneries comme au collège.J'allume ma cigarette et m'assois au bord de la fenêtre en repensant à cette époque. J'avais besoin d'une figure paternelle, je l'ai cherché et je n'ai rien trouvé de réconfortant, rien qu'un minable perfide. J'étais le fils d'un putain de minable perfide. Je me souviens avoir pleuré, d'avoir frappé contre un mur pour expulser toute ma rage et ma déception. Ça m'a hanté et m'a provoqué un profond mal-être qui ne m'a jamais vraiment quitté. J'ai commencé à fumer, à sécher les cours, à fréquenter les mauvaises personnes. Maxime a essayé de me remettre sur le droit chemin mais c'est Christopher qui y est parvenu. Un regard extérieur qui a perçu toute ma souffrance, qui m'a aidé, qui m'a relevé. Quand je pense à ce que j'ai fait hier soir je me déteste encore plus. Je suis lâche. Un terrible et putain de lâche.
La nicotine entre dans mes poumons et le mouvement répétitif de la cigarette à ma bouche me calme. Mes amis et ma famille ont beau essayer de me faire arrêter, je ne suis pas prêt à lâcher mes paquets. Ça me donne une sensation de vide, une sensation de sérénité, comme si la fumée qui s'échappait de mes lèvres correspondait à tout mon mal-être. J'éteins le reste de mon remède dans un cendrier avant de le jeter. Je n'ai pas mangé avec ma mère et ma sœur aujourd'hui, je n'arrive pas à rester en face de ma génitrice qui est la gentillesse incarnée alors que je suis odieux avec elle. Je décide donc de partir chercher à manger, je fouille un peu les placards et trouve en paquet de chips. Je m'apprête à repartir dans ma chambre mais j'entends ma mère prononcé mon prénom.
- Je m'inquiète beaucoup pour Nathan tu sais? dit-elle en s'adressant à Harper. Il est bizarre ces temps-ci, et ça me rassure pas qu'il est recommencé la cigarette. Tu ne veux pas lui parler?
- Maman on est devenu des étrangers en ce moment, je suis pas sûr qu'il me parle à moi. lui répond ma sœur.
Et elle a raison, notre complicité a disparu en un rien de temps, et ça m'a fait terriblement mal. Au début je pensais que c'était parce qu'elle se rapprochait de Maxime, mais je me suis rendu compte que c'était moi qui l'éloigner. Je lui mentais, je lui cachais des choses, j'allais moins vers elle. Inconsciemment je voulais creuser un fossé entre elle et moi, comme avec tous mes amis en faite. Je ne vois pas comment ils peuvent m'aimer alors que je me hais. Et puis j'avais peur qu'il découvre ce que je veux laisser caché, je ne suis pas encore prêt à assumer.
- Tu pourrais quand même essayer s'il te plaît? Je me sens totalement démunie face à lui, il s'éloigne tellement...
Quand j'entends les sanglots de ma mère je sens les miens arriver comme une flèche. Ma poitrine se presse tellement fort que j'étouffe. Quel fils indigne fait pleurer sa mère?! Quel fils indigne fait autant de peine à celle qui l'a mise au monde?!
Je me hais.
Je cours jusqu'à ma chambre et claque la porte. Musique à fond dans les oreilles pour ne plus entendre la souffrance que l'on afflige aux autres.
Acte lâche. Acte déshonnorable. Mon acte.
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Revivre, grâce à toi. [Terminé]
Teen FictionUn nouveau lycée, de nouveaux amis, un nouveau départ. Harper s'apprête à réécrire l'histoire de sa vie en recommençant tout à zéro, mais cela ne semble pas si facile. Malgré un grand frère très protecteur, des amis de confiance et une mère adorable...