Ne sachant pas trop quoi faire, je reste là les bras ballants. Je regarde les gens autour de moi et j'ai l'impression d'être une étrangère dans cette atmosphère qui était autrefois la mienne. Je sèche rapidement une énième larme quand soudain, quelqu'un me bouscule:
- Tu ne peux pas faire attention ! s'exclame-t-il en se retournant.
Quand je me tourne vers lui malgré la pénombre et l'eau qui brouille mon regard, je n'ai aucun doute sur son identité : Raphaël. Lorsque lui aussi me reconnais, son regard prend une lueur perverse et me glace le sang. Alors sans réfléchir, je sprints en direction de la foule et essaie de me dissimuler comme je peux, mais étonnement il ne me suit pas. Je reprend mon souffle et réalise que c'était une double mauvaise idée de venir à cette fête. Mais que je suis bête! J'erre dans la maison en priant pour trouver quelqu'un à qui me greffer. Les effluves d'alcool et de fumée me donne la nausée, me replongeant dans des instants que j'aurai préféré oubliés. J'aperçois miraculeusement Fanny vers un groupe de jeune que je ne connais pas.
- Hey! Tout se passe bien? s'exclame-t-elle lorsqu'elle m'aperçoit.
- Oui oui, je mens, même si vous m'avez un peu tous abandonné à l'entrée!
Mon ton ironique fait rire l'assemblée, Fanny s'excuse mais je lui répond que ce n'est pas grave.
-Alors tu me présentes tes amis!
Elle me dit tour à tour leur prénom, dont je n'en retiens aucun, et chacun me salue poliment. Il parle entre eux et je ne comprends pas grand chose à leurs discussions mais j'interviens de temps en temps pour faire des blagues. Je tente de garder le sourire et de cacher la panique qui m'envahit. Je n'ai qu'une envie: partir en courant de cette satané maison et me coucher dans mon lit comme tous les soirs. Mais je reste là à faire semblant de m'éclater avec tous ces jeunes qui on juste envie de boire et d'échanger des parties de jambes en l'air avec des inconnus. J'ai bien envie d'aller demander à Maxime de me ramener mais j'ai peur de me perdre dans cette maison et puis voir Madison l'embrasser me répugne. Je suis sûr qu'il est tombé dans le panneau de cette... Oh Harper qu'es-ce qui te prend! Depuis quand tu es jalouse à ce point-là?! J'essaie de me persuadée que le stress et la panique me font penser à n'importe quoi mais j'en doute.
- Harper t'en veux?
Je sursaute et regarde affolée qui me parle. C'est un ami de Fanny qui sourit face à mon désarroi, il a une bouteille d'alcool et je comprends qu'il m'en proposé. Je décline vu ce qui s'est passé la dernière fois et calme les battements de mon cœur qui essaie de sortir de ma cage thoracique.
- Détends-toi! T'as l'air toute tendue! s'exclame mon voisin.
Si seulement tu savais. Je lui souris poliment et me reconcentre sur le groupe. Je sens très bien son regard sur moi et je frissonne d'effroi.
- Tu peux arrêter de me regarde comme ça, ça me stress.
- Tu n'as pas l'habitude hein? me répond-il. Que l'on te voit comme une femme?
Ne sachant pas trop où il veut en venir ou plutôt en espérant qu'il n'insinue pas se que je pense, je l'observe méfiant et incertaine. Face à ma mine déconfite il éclate de rire et m'entoure les épaules en s'exclamant qu'il rigole mais son contact me fait frissonner.
- Euh... Je dois m'en aller. Tu diras à Fanny que je suis partie rejoindre Maxime.
- Ouais ouais.
Je m'éloigne et essaie de trouver la sortie de cette endroit qui m'oppresse. Je bouscule, je pousse et je demande de passer, la proximité avec tous ces inconnus me donnent envie de vomir. J'essuie la sueur qui goutte sur mon front et calme ma respiration qui se fait de plus en plus irrégulière à cause de cet air étouffant. Je traverse le coin fumeur et leur fumée me brûle les yeux et les poumons. Quand j'arrive enfin dehors, j'inspire un bol d'air frais qui me soulage immédiatement. Une fois calmée, je mets la veste en jean que j'avais enlevé, il fait beaucoup plus froid à l'extérieur. Je cherche en endroit posé où je pourrais être tranquille, à l'abri des gens partis dans des contrées lointaines sous l'effet de l'alcool ou de stupéfiants mais surtout des potentielles personnes malattantionnés. Je n'ai aucune envie d'aller rejoindre Maxime en réalité mais c'était la seule excuse que j'ai trouvé même si je pense que le jeune homme n'en a pas grand chose à faire.
Cela fait maintenant une heure que je suis cachée derrière les plantes et malgré la musique forte, les lumières et l'appréhension j'essaie tant bien que mal de ne pas m'endormir. Passée par toutes ses émotions m'ont épuisées. Je commence à être toute engourdie à cause d'être recroquevillée dans des buissons. J'essaie de m'étirer mais l'espace est trop petit et mes articulations me font mal. J'observe les personnes sortir en titubant, certaines vomissent leurs entrailles pendant que d'autres s'embrassent langoureusement et cherchent une chambre qui pourrait satisfaire leur besoin très explicite. Notre génération fait pitié. Heureusement qu'il reste des ados qui restent raisonnables! Soudain j'entends des bruits, des piétinements et des chuchotements :
- T'es sûr que tu l'a vue ici?
- Mais oui je t'assure! Je sais pas où elle est !
Pris d'un mauvais pressentiment, je m'immobilise et je ne fais plus un bruit. Je me disais aussi que cette fête c'était trop bien passé, quelque chose clochait. Dès que les adolescents s'en iront, je partirai à la recherche de mes amis. Ils continuent tous les deux à chercher durant quelques minutes où je restais silencieuse comme une carpe.
- Mec, ça se peut elle est repartie à l'intérieur et on l'a pas vue.
- Ouais sauf que si elle est entourée de tous ses potes on peut rien faire.
- T'inquiètes, on se débrouillera.
Ils abandonnent donc et prennent la direction de la maison. Lorsque je reconnais le personnage tout prend son sens. C'est Raphaël, et il me cherche. J'emet une plainte pitoyable et me recroqueville encore plus. J'essaie de me calmer en essayant de me persuadée que rien ne se passera comme la dernière fois mais j'en doute tellement que je n'y crois même plus. Mon cerveau tente de réfléchir à toute vitesse pour trouver une solution mais la panique prend le dessus. Mon corps tremble, incapable de prendre une décision, mon instinct l'emporte et je me précipite vers l'entrée de la maison. Mes jambes n'ont jamais courus si vite et pourtant je trouve ça trop long. La porte est de plus en plus proche et j'ai l'espoir de pouvoir la franchir sans que Raphaël et son acolyte me voient. J'accélère encore mais quelqu'un vient me plaquer au sol. Raté. Mes souvenirs refont surface, je me débats comme je peux mais il me retient fermement. Son visage à quelques centimètres du mien, il rit de la situation. Cette proximité me permet de comprendre à qui Raphaël me fait penser depuis le début. Et ma peur redouble d'intensité.
- Tristan. je murmure.
À l'évocation de ce nom, mon agresseur me regarde choqué, je verrai presque les rouages qui tournent dans son cerveau. Et puis je vois qu'il a compris et ses yeux prennent une teinte que je n'avais encore jamais vu chez lui: la culpabilité. Mais soudain quelqu'un le percute et le frappe au visage. Raphaël riposte et la bagarre éclate entre lui et Nathan mais je n'y prête pas attention. J'entends une personne m'appeler et me relever pourtant je ne réagis pas. Cette révélation me glace le sang et je sens ma tête tourner. Je m'adosse au mur et essaie de reprendre mes esprits. Les gens viennent voir la bagarre et je me sens à nouveau oppressé. Alors comme d'habitude j'éclate en sanglots et je fuis. Je veux partir loin, loin de ce monde tellement petit, loin de ma vie misérable, loin de ma lâcheté, juste loin.
Des pas résonnent derrière moi et se rapproche de moi. Raphaël va me rattraper, j'accélère mais rien n'y fait. Il prend mon bras et me retourne pour que je sois face à lui. Cette fois je ne pourrai pas m'échapper.
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Revivre, grâce à toi. [Terminé]
Novela JuvenilUn nouveau lycée, de nouveaux amis, un nouveau départ. Harper s'apprête à réécrire l'histoire de sa vie en recommençant tout à zéro, mais cela ne semble pas si facile. Malgré un grand frère très protecteur, des amis de confiance et une mère adorable...