Je suis née dans l'ombre et j'y ai assez vécu pour pouvoir dire que je deviens petit à petit une ombre à mon tour. C'est comme un long tunnel dans lequel on marche à l'aveugle, un tunnel qui n'a pas de fin. Mais j'ai fini par apercevoir une lumière...
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26.09.19, 03:27, maison sécurisée.
Je ne savais pas ce qui m'avait réveillé en premier. Ma crise d'angoisse ou le bruit de verre que j'avais entendu au rez-de-chaussée. Comme un miroir qu'on aurait brisé rageusement sur le sol. Au départ, je n'y avais pas fait attention, j'étais plus occupée à reprendre mon souffle et à réguler les battements trop effrénés de mon coeur. Avec le bas de mon t-shirt, j'essuyai la sueur sur mon front et je passai mes mains sur mes yeux dans le but de ne plus voir flou, de mettre un peu d'ordre dans ma tête. Mes pieds nus se posèrent sur le tapis, je m'y appuyai et je réussis à me mettre sur pied sans tomber.
Un deuxième bruit sourd m'alerta. J'eus l'impression d'entendre des voix étouffées. Cédant un peu à la panique, l'esprit encore bien embrumé, je voulus aller voir ce qu'il se passait pour qu'ils causent tant de boucan. La porte s'ouvrit avec douceur, je laissai dépasser ma tête dans le couloir. Il était vide.
Tac.Tac.Tac.
Je distinguai des bruits de pas assez réguliers. Je sortis dans le couloir en faisant attention à ne pas faire craquer le parquet. Quand j'arrivai en haut de l'escalier, je n'eus pas le temps de distinguer ce qu'il se passait en bas, ni de voir qui ou quoi que se soit. Deux bras me tirèrent vers l'arrière, vers l'autre partie du couloir. Mon premier réflexe fut d'ouvrir la bouche pour crier mais une main s'abattit vivement sur ma bouche.
- Pas un bruit. C'est moi.
De soulagement, je laissai tout mon corps retomber sur lui. Le coup de stress qu'il m'avait fait aurait bien pu me filer une crise cardiaque. J'inspirai un grand coup avant de me retourner vers lui.
- Tu m'as fait une peur bleue, qu'est-ce qu'il se passe ? Chuchotai-je, la tête toujours dans le chou.
- La maison a été infiltrée, répondit Ilyas, comme si tout était parfaitement normal.
- Infiltrée ? répétai-je sans comprendre. Soit plus clair, merde ! On est en plein milieu de la nuit et...
Il ne me laissa pas le temps de finir et plaquai une nouvelle fois sa main sur ma bouche en me lançant un regard noir auquel je répliquai instantanément. Et dire que quelques heures plus tôt, j'étais prête à m'effondrer devant lui, à présent je n'avais qu'une envie, lui hurler dessus parce qu'il m'énervait grandement. Je ne comprenais pas ce qu'il se passait, ni pourquoi on devait rester silencieux et c'était agaçant au possible.
- C'est une descente si tu préfères, reprit Ilyas. Je ne sais pas ce qu'ils veulent et je ne sais pas non plus qui est en bas alors si tu pouvais éviter de nous faire tuer en t'exposant en haut des escaliers, ce serait gentil !
- Oh excuse-moi, je ne suis pas censée savoir qu'il y a un escadron armé au rez-de-chaussée ! Nous ne sommes pas supposés être dans une maison « sécurisée » ? chuchotai-je hargneusement.
