Je suis née dans l'ombre et j'y ai assez vécu pour pouvoir dire que je deviens petit à petit une ombre à mon tour. C'est comme un long tunnel dans lequel on marche à l'aveugle, un tunnel qui n'a pas de fin. Mais j'ai fini par apercevoir une lumière...
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Deux ans plus tard...
15.06.21
Je me réveillai avant tout le monde pour préparer le petit déjeuné. Ilyas dormait encore comme un bébé dans le lit alors qu'Anissa n'était toujours pas réveillée non plus. Nous avions décidé de l'élever comme si elle était notre propre fille. Après qu'elle ait perdu ses deux parents, il était tout à fait normal qu'on s'occupe d'elle. Ilyas était très gaga avec elle, et sur-protecteur. Il l'aimait comme sa propre fille et c'était merveilleux à voir.
Sans un bruit, je descendis souplement les marches de l'escalier qui menait au rez-de-chaussée. Nous avions acquis cette maison il y a un peu plus d'un an, à Boston. Elle était parfaite en tout point et elle nous avait surtout permis de prendre un nouveau départ.
C'est Ilyas qui avait suggéré que nous devrions peut-être partir ailleurs et repartir de zéro. Alors nous avons émigré aux États-Unis. Ici, je commençai des études de langues à l'université et je commençai même une préparation intensive pour intégrer la NBA. Ilyas m'avait grandement poussé à accepter l'offre de Jacob, mon coach personnel maintenant. Au départ, j'avais été très retissante mais après mûre réflexion, je me dis que je n'avais rien à perdre et Ilyas rêvait de me voir au sein de la NBA.
Lui avait décidé de quitter son poste à OMRI. Il avait donné sa démission deux jours après que nous soyons rentrés du Brésil. Et maintenant il passait son temps dans une association qu'il avait lui même créé. Une association pour les jeunes qui rencontraient des difficultés pendant leur jeunesse et ceux qui se noyaient dans l'alcool et la drogue. J'étais vraiment fière de lui et de l'évolution spectaculaire que j'avais pu voir chez lui. Il n'avait plus rien à voir avec celui d'il y a deux ans. Il était redevenu lui-même, il avait même mûri encore. Gentil à souhait, adorable, protecteur et charmeur. Je n'aurais jamais pu tomber sur mieux que lui, jamais. Il était mon avenir à présent.
Quand nous sommes partis pour Boston, Jay et Leïa nous ont aidé avec les préparatifs. Ils sont restés à Londres et ni Ilyas ni moi ne savons exactement ce qu'ils font maintenant. Ils refusaient d'en parler. Ce n'est pas ce qui me dérangeait le plus, j'étais juste déçue de ne plus les voir aussi souvent qu'auparavant. Nous les voyons très rarement, ils n'avaient pas beaucoup de temps pour nous et surtout, ils étaient occupés chacun de leur côté en permanence. Après des mois, je m'étais presque attendue à ce qu'ils admettent qu'ils ressentaient de l'attirance l'un envers l'autre. Mais ceci n'était jamais arrivé.
Quant à Tommy, je ne l'avais pas revu et je ne savais pas ce qu'il devenait. Aux dernières nouvelles, il était reparti en Australie pour voir sa soeur, Odile, et leur mère.
En commençant le petit déjeuner, j'entendis du bruit. Je crois que l'un de mes deux hiberneurs venait de se réveiller. Je commençai à cuir mes crêpes, attendant sagement d'entendre la voix d'Anissa ou de sentir les mains d'Ilyas sur ma taille. J'aurais mis ma main à couper que le bruit de la poêle les avait réveillé. Ils adoraient les crêpes tous les deux. Alors chaque dimanche, je m'évertuai à leur en préparer pour leur faire plaisir.
Comme je m'y attendais, je sentis le souffle chaud d'Ilyas dans mon cou quand il enserra ma taille de ses bras. Je souris sans pouvoir m'en empêcher.
- J'ai pensé à un truc, murmura-t-il.
- Mhm, ce truc dont tu parles depuis deux semaines ?
Il sourit contre mon oreille. Je l'avais déjà percé à jour, c'est une discussion qu'il essayait d'avoir avec moi depuis près de deux semaines. Je ne comprenais d'ailleurs pas pourquoi il repoussait autant l'affaire, il connaissait déjà la réponse à sa question, ce serait oui.
- Comment tu as deviné ?
- Tu ne peux pas me cacher des choses, je le vois tout de suite, répliquai-je doucement en étalant à nouveau de la pâte à crêpe dans la poêle.
Je le sentais hésiter à se lancer. Pourtant, il ne devrait pas avoir peur.
- Vas-y, expose-moi ton idée. Je sais que tu en meures d'envie.
Il posa sa tête sur mon épaule. Je savais exactement ce que ça signifiait. Monsieur était timide. C'est un comportement que je trouvais adorable et encore plus craquant.
- Eh bien, je me disais qu'on devrait peut-être...euh...pour la petite, se...
- Se marier ? Dis-je à sa place en sentant qu'il n'arriverait jamais à aller au bout de sa phrase.
- Oui, admit-il.
- Tu as une drôle de façon de faire ta demande, lui fis-je remarquer en souriant. Mais est-ce que c'est vraiment pour Anissa ?
- Non, avoua-t-il franchement. J'en ai aussi envie pour nous, et comme ça Anissa grandira avec des parents unis par les liens du mariage. Qu'est-ce que tu en penses ?
- Ça fait deux semaines que j'attends que tu me le demandes, bien sûr que je suis d'accord. C'est un oui.
- C'est vrai ? Demanda-t-il comme s'il avait peur que ce soit un mensonge.
- Oui, répétai-je.
- Alors on va se marier ?
Il me faisait rire. Comme si tout ce qu'on se disait le dépassait, comme si il avait pensé une seconde que je lui dirais non. Alors que j'avais toujours eu l'intention de lui dire oui. Parce que je l'aimai.
