Je suis née dans l'ombre et j'y ai assez vécu pour pouvoir dire que je deviens petit à petit une ombre à mon tour. C'est comme un long tunnel dans lequel on marche à l'aveugle, un tunnel qui n'a pas de fin. Mais j'ai fini par apercevoir une lumière...
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10.10.19, 21:12, Rio de Janeiro.
Je crois que je ne m'étais jamais sentie aussi impuissante. Je crois que c'était la toute première fois de ma vie où j'étais tellement sous le choc que je n'arrivai pas à réaliser, à prendre conscience des derniers évènements. Je n'arrivais pas à réaliser que maman était morte, et je n'arrivai pas non plus à réaliser que James l'avait tué sans scrupule. Ils s'étaient quand même aimés. Pourtant, le sang-froid avec lequel il l'avait exécuté était absolument horrifiant. Ce qui me faisait d'autant plus peur c'était que moi aussi, parfois, je faisais preuve d'un sang-froid déroutant. Maman m'avait déjà fait remarquer que nous nous ressemblions plus que je ne le pensais, mais je me refusais à le croire.
Les hélices de l'hélicoptères faisaient trop de bruit mais j'avais appris à le supporter, cela faisait cinq bonne minutes que nous survolions la ville. Je ne savais pas quoi faire, j'étais totalement dépassée par la situation. James préparait tout ce dont il avait besoin. Pendant ce temps j'essayai de trouver une solution, mais j'allais finir par me rendre à l'évidence, il n'y avait aucune solution. Mais je ne voulais pas me résigner à abandonner, je me refusais de l'abandonner, lui.
Mes mains étaient toujours scellées l'une à l'autre. Je ne pouvais rien faire, pas même prendre une arme puisque de toute façon ils nous avaient tout retiré, sauf le couteau dans ma botte. Ces idiots n'avaient même pas pensé à vérifier. Dommage que je ne puisse pas l'atteindre d'ici. J'aurais peut-être pu l'attraper, je ne savais pas trop, je sentais que j'étais shootée à l'adrénaline et c'était ça qui ne me faisait pas encore exploser.
Ilyas n'avait pas décroché un mot depuis que nous nous étions fait prendre comme des rats et ça m'inquiétait un peu parce que je ne pouvais pas savoir ce qu'il pensait. Après tout, il était le premier concerné dans cette histoire, c'est lui qui risquait de mourir, pas moi. Je n'osai même pas le regarder, je ne pouvais pas en sachant que c'était ma faute s'il était ici, j'en avais fait exactement ce que James voulait.
- Amenez-le ici, décréta James à l'intention des hommes.
Automatiquement, mes yeux se rivèrent sur Ilyas. Il avait reçu un coup de poing à la mâchoire mais rien de trop méchant. Il dégageait une indifférence qui me nouait le ventre.
- Tu n'as pas le droit de faire ça, déclarai-je en tirant de plus en plus sur les menottes pour essayer de m'en débarrasser; Chose inutile, je ne faisais que les écorcher un peu plus.
Son petit rictus me donna envie de lui enfoncer mon couteau sous la carotide.
- Je me fiche bien d'avoir le droit. Je le fais, c'est tout, répliqua-t-il en faisant asseoir Ilyas en face de moi, mais hors de ma portée. Et crois-moi, si tu attends d'avoir tous les droits, tu ne fais jamais rien dans la vie. Or, j'ai des objectifs à atteindre.
- Et donc ici, l'objectif est de tuer quelqu'un ? raillai-je.
- Ilyas survivra, m'assura-t-il. Mais en principe, oui, l'objectif de ce virus est de tuer les personnes faibles, celles que le virus jugera inapte à s'adapter à la suite.
