Je suis née dans l'ombre et j'y ai assez vécu pour pouvoir dire que je deviens petit à petit une ombre à mon tour. C'est comme un long tunnel dans lequel on marche à l'aveugle, un tunnel qui n'a pas de fin. Mais j'ai fini par apercevoir une lumière...
Oups ! Cette image n'est pas conforme à nos directives de contenu. Afin de continuer la publication, veuillez la retirer ou mettre en ligne une autre image.
07.10.19, 17:56, centre de Rio de Janeiro.
La porte de l'immeuble claqua très fort derrière moi tant la colère montait et je sus que j'étais suivie quand je l'entendis se rouvrir juste après. J'accélérai le rythme. J'en avais marre, vraiment marre, de tout, de tout le monde. J'étais prête à exploser dans tous les sens du terme, j'allai faire une crise si je ne me calmai pas tout de suite. C'était dur de résister à cette rage qui me rongeait de l'intérieur et qui ne demandait qu'à éclater à la surface. J'avais toujours eu du mal à contrôler ma colère, l'existence de mes crises en étaient la preuve irréfutable. Le monde entier en avait après moi, j'enchainai problème sur problème depuis ma naissance et je réprimais parfois trop ce que je voulais exprimer. Résultat, quand je perdais le contrôle c'était fini.
J'eus à peine le temps de parcourir plus de cent mètres que mon bras fut tiré vers l'arrière avec force mais douceur à la fois. De cette façon j'en reconnus le propriétaire, ce qui ne fit qu'amplifier la colère sourde qui grondait dans mon ventre. Guidée par mes émotions et non par ma raison, je ne résistai pas et je perdis mon calme.
- C'est quoi ton problème Ilyas ? m'exclamai-je. Un jour tu me repousses, l'autre non, et après tu me hurles dessus ! Il faudrait commencer à savoir ce que tu veux à la fin, si tu tiens tant à ce que je disparaisse de ta vie alors dégage !
Ses yeux changèrent du tout au tout et les remords que je percevais dans ces deux puits qui aspiraient absolument toute mon énergie auraient pu m'adoucir si seulement je n'étais pas si remontée contre lui. Pourtant Ilyas s'en voulait pour ce qu'il avait dit. Mais c'était trop tard, il l'avait dit et je l'avais mal encaissé parce que je prenais trop à coeur tout ce qu'il me disait.
- Tu sais très bien que je ne le pensais pas, répliqua-t-il avec un ton bien plus adouci que ce que j'avais pu entendre ces derniers jours. J'étais juste en colère.
- Le problème c'est que tu es tout le temps en colère. Alors non je ne sais pas, je ne sais rien parce que tu ne dis absolument rien !
- Et pourquoi je devrais dire quelque chose ? C'est toi celle qui as le plus de chose à dire, de chose à avouer et tu ne le fais pas. Tu veux savoir pourquoi je refuse catégoriquement de dire quoi que ce soit ? Peut-être que je n'ai pas envie de me prendre une nouvelle déception à la figure !
Il exprimait enfin le fond de sa pensée, j'avais été une déception. Cela avait le mérite d'être clair. Je ne devrais pas lui en vouloir de penser cela mais sur le coup j'avais vraiment la haine et je me fichai amplement du mal que je pouvais lui faire sur l'instant. Il fallait juste que mes émotions sortent parce que je n'en pouvais plus et qu'il venait de me blesser à nouveau. Nous n'étions bon qu'à ça, nous faire du mal sans arrêt. Lequel d'entre nous survivrait à cette guerre ?
- Très bien, alors tu veux des réponses à tes questions ? Tu veux savoir pourquoi j'ai couché avec Tommy peut-être ?
Son visage se décomposa. Je m'apprêtai à lui donner un nouveau coup de matraque sans aucun état d'âme.
