Je suis née dans l'ombre et j'y ai assez vécu pour pouvoir dire que je deviens petit à petit une ombre à mon tour. C'est comme un long tunnel dans lequel on marche à l'aveugle, un tunnel qui n'a pas de fin. Mais j'ai fini par apercevoir une lumière...
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04.10.19, Rio de Janeiro.
- Si je comprends bien, nous n'avons pas le droit de venir ? s'énerva davantage Tommy en frappant furieusement sa main sur la frêle table de bois.
La rage émanant de lui me paressait aussi douce qu'une plume à cet instant. Tommy ne m'avait jamais vraiment fait peur, pourtant il aurait pu. Maintenant, il ne le pourrait plus jamais parce que j'avais affronté bien pire que lui et son comportement d'impulsif.
- Je ne vois pas pourquoi tu tiens tant à y être alors que tu risqueras d'être tué à chaque seconde, rétorqua froidement Irina, exprimant tout le mépris dont elle était capable à travers ses yeux d'une beauté similaire aux miens.
- Si j'ai voulu vous aider, c'est exactement pour ce genre de chose ! s'insurgea-t-il. Vous ne pouvez pas me mettre sur la touche dès que ça vous arrange, j'ai autant le droit de venir que n'importe qui dans cette pièce ! Si mon intention avait été de vous trahir, je l'aurais fait depuis longtemps, vous ne croyez pas ?
- Il n'a pas tort, intervins-je, consciente que cette situation était totalement injuste pour lui. C'est injuste qu'on le laisse ici.
- Parce que tu te ranges du côté de ce qui est juste toi maintenant ! s'exclama Ilyas manifestant à son tour sa colère.
Le ton montait trop vite, Tommy s'enflammait depuis tout à l'heure, si Ilyas commençait à s'y mettre, je n'allai pas tarder à bouillonner moi aussi. Surtout quand il me balançait encore toute sa colère au visage. Ilyas était comme un volcan prêt à exploser en permanence, et le magma qui alimentait toute cette lave n'était personne d'autre que moi et moi seule.
- Tommy a largement mérité d'être sur ce coup, c'est son droit, répliquai-je en affrontant Ilyas du regard.
Ses yeux envoyaient des éclairs, brillants d'une rage sans limite à peine contenue, elle débordait, empoignant tout son être avec force. Ses poings se serrèrent suffisamment pour que sa peau devienne aussi blanche qu'une colombe. Sauf que la paix n'émanait pas de lui, tout ce qu'il était capable d'éprouver à l'instant n'était que colère, une monstrueuse colère qui grouillait dans son âme depuis des mois. Et elle avait déjà commencé à déborder, jusqu'au jour où elle m'exploserait à la figure.
- Je ne veux pas qu'il vienne, déclara Ilyas, implacable, croisant ses bras pour empêcher ses mains, que j'avais vu, de trembler.
Était-il si réticent à l'idée que Tommy soit parmi nous durant cette infiltration ? Je ne connaitrais sûrement jamais la réponse alors je fermai les yeux une seconde, très fort, avant de me diriger vers lui. J'en avais ras le bol qu'il joue au dur et à la tête de mule. J'en avais plus que marre qu'il contredise tout ce que je faisais et disais, qu'il soit toujours aussi buté en ce qui concernait Tommy. Parce que oui, il avait des raisons de le haïr et je ne le blâmais pas pour cela, mais c'était un adulte et là nous parlions d'une chose qui dépassait nos relations, c'était quelque chose qui comptait pour nous tous. D'aucune façon, il ne pouvait permettre à ses sentiments d'entrer en jeu dans l'équation.
