Je suis née dans l'ombre et j'y ai assez vécu pour pouvoir dire que je deviens petit à petit une ombre à mon tour. C'est comme un long tunnel dans lequel on marche à l'aveugle, un tunnel qui n'a pas de fin. Mais j'ai fini par apercevoir une lumière...
Oups ! Cette image n'est pas conforme à nos directives de contenu. Afin de continuer la publication, veuillez la retirer ou mettre en ligne une autre image.
07.10.19, 12:07, Rio de Janeiro.
Les quelques heures de sommeil que j'avais eu m'avaient assez terrorisée pour que j'enchaine des nuits blanches les prochaines nuits. Dormir sur l'épaule de Leïa, à moitié assise sur le sol, ne devait pas avoir beaucoup aidé non plus. Mais le plus gros problème c'est que j'étais littéralement hantée par ma découverte au sujet de la phase trois du plan de James, et par Lili. J'étais obsédée par le fait qu'elle ait pu nous mentir, que tout ça ne soit qu'une histoire montée de toutes pièces. Et si c'était le cas, quelles étaient ses motivations ? Pour qui travaillait-elle ? Mais avant tout est-ce qu'elle avait vraiment menti ? Et comment le savoir ? Je n'avais aucune réponse à ces questions et j'étais hantée par les corps brûlés que j'avais pu voir et par le visage de Lili qui revenait sans cesse dans mes rêves.
Nous étions toujours devant les immeubles carbonisés, comme tous les habitants qui y vivaient mais les flammes avaient disparu. Je n'avais pas lâché un mot. Depuis cette nuit, mon cerveau tournait à plein régime et pourtant j'étais épuisée.
Chacun d'entre nous vivait ça à sa manière. Jina s'occupait des blessés depuis cette nuit. Jay tournait en rond comme un lion en cage, je crois qu'il cherchait des solutions. Irina aiguisait un couteau depuis plus d'une heure, le regard totalement ailleurs. Elle ne s'était même pas inquiétée de mon état. J'avais instauré une grande distance entre nous, et j'avais peur qu'on ne puisse plus ni l'une ni l'autre franchir ce fossé. Tommy, aussi étrange que cela pouvait paraitre, aidait Jina. Je crois qu'il avait besoin de s'occuper l'esprit. Tommy n'était pas quelqu'un de sanguinaire, plus petit il détestait la vue du sang et aujourd'hui il prenait sur lui pour aider les autres, du jamais vu. Lili dormait et je me demandai encore comment elle arrivait à dormir sur ses deux oreilles. Leïa jouait avec son couteau suisse depuis que je m'étais avachie sur elle. Et Ilyas... Il était en face, près des maisons qui n'avaient pas brûlé, assis sur un mont d'objets que je ne saurais décrire. Je suppose qu'il préférait avoir une vue d'ensemble sur la rue, exactement le genre de choses qu'il aurait fait avant. C'était une question de prudence et en règle générale, il était toujours très prudent, sauf ces derniers mois.
Cette situation me fatiguait atrocement, rien avançait. Nous n'avions plus de logement et toutes nos armes avaient brûlé, autant dire que nous n'avions plus rien. En plus de ça, j'avais la conscience lourde et je n'arrivai pas à m'en débarrasser. De toute façon que je sois en tort ou non, il fallait toujours que ça en pâtisse sur mon moral. Je détestai Ilyas, encore plus à cause des remords qu'il faisait naître en moi à chaque fois que je posais les yeux sur lui. À vrai dire, je ressentais un ras le bol général vis à vis tout le monde.
- Je crois que j'ai la solution pour nous sortir de ce pétrin, m'annonça Jay en venant se poster devant nous.
Leïa arrêta de jouer avec son couteau suisse pour poser des yeux intéressés sur lui et je fis de même. J'étais partante pour n'importe quoi du moment que l'on bougeait enfin d'ici, les odeurs et la vue des corps allaient vraiment finir par me rendre malade.
