Je suis née dans l'ombre et j'y ai assez vécu pour pouvoir dire que je deviens petit à petit une ombre à mon tour. C'est comme un long tunnel dans lequel on marche à l'aveugle, un tunnel qui n'a pas de fin. Mais j'ai fini par apercevoir une lumière...
Oups ! Cette image n'est pas conforme à nos directives de contenu. Afin de continuer la publication, veuillez la retirer ou mettre en ligne une autre image.
06.10.19, 07:56, Rio de Janeiro.
La douche était le meilleur moment de ma journée, essentiellement parce que c'était le seul moment où je pouvais être seule. Vivre en communauté dans un appartement aussi petit n'était pas l'idéal pour moi. Je supportai assez mal le fait d'être entourée en permanence. J'appréciai d'autant plus cet instant parce que je n'avais pas pu être tranquille hier. Nous étions rentrés en fin de soirée, entre Ilyas et moi il y avait toujours cette tension étrange, je dirais même qu'elle s'était accentuée. Et j'avais senti un réel découragement chez tout le monde. Comment rivaliser avec quelqu'un qui avait toutes les cartes en mains ? Impossible.
Dans ma tête c'était le bazar, je ne savais plus quoi penser, plus quoi faire, sur tous les plans. À propos de James, d'Ilyas, même de maman avec qui je n'avais toujours pas discuté. En vérité, quand nous étions rentrés hier, j'étais très vite allée me coucher pour qu'on ne me pose pas trop de questions. Et aussi parce que j'avais besoin de réfléchir un peu. James pensait quand même que j'allai achever son travail. En conclusion tuer des millions de personnes s'il n'était pas en capacité de le faire lui-même alors que c'était ce que je voulais à tout pris empêcher.
- Merde !
Je tournai brusquement ma tête vers la porte, elle était fermée à clé mais quelqu'un était rentré et je n'avais pas fermé le rideau de la douche. Essentiellement parce que sinon, il me collait au corps et c'était plutôt désagréable.
Il jura et après, ce fut mon tour.
- Qu'est-ce que tu fais ici ? J'avais fermé la porte à clé !
Il était de dos mais j'étais sûre qu'il souriait. Et si je n'avais pas envie de lui hurler dessus pour me déranger de la sorte, je l'aurais très certainement dévorer des yeux comme bon me semblait.
- Ce n'est pas très compliqué de crocheter une serrure, me fit-il remarquer, un soupçon de moquerie dans la voix.
- Ça ne répond pas à ma question, je me fous de savoir comment tu es arrivée ici, m'énervai-je. Et tu peux te retourner, je suis couverte.
Enfin j'avais une serviette, mais c'était un peu comme si j'étais habillée. Il n'y avait pas tant de différence.
- Je veux qu'on discute, admit-il très sérieusement.
- Et c'est le moment que tu choisis pour me dire ça ? Quand je prends ma douche ? répliquai-je sans réfléchir.
Il haussa les épaules, je crois qu'il l'avait fait exprès même s'il allait me trouver des arguments sûrement très convainquant. L'art de me convertir à ses idées et ses envies, voilà ce qu'il possédait entre les mains. Dans tous les cas je flancherai, et je crois qu'il l'avait parfaitement compris.
