Je suis née dans l'ombre et j'y ai assez vécu pour pouvoir dire que je deviens petit à petit une ombre à mon tour. C'est comme un long tunnel dans lequel on marche à l'aveugle, un tunnel qui n'a pas de fin. Mais j'ai fini par apercevoir une lumière...
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16.09.19, Londres.
Six mois plus tard...
J'eus envie de hurler quand Garett me répéta pour la centième fois que je ne devais pas mettre de sucre dans le café. Aujourd'hui je n'avais la tête à rien, j'étais ailleurs et je détestai quand il me réprimandait de la sorte, toujours avec son ton bourru et son haussement de sourcil insupportable. Je refis alors le café pour l'apporter en salle. Une grande pièce, éclairée par de grands lustres en cristal, jonchée de tables rondes et de monde. Slalomer entre les tables faisait partie du top trois de ce qui m'exaspérait le plus. Suivait de près, les clients mal aimable et enfin mon patron remportait la première place.
Je n'aimai pas ce travail, ni la plupart des gens que je voyais ici. Mes collègues n'étaient pas agréables et le patron, Garett, je passais mon temps à me disputer avec lui. J'étais d'ailleurs étonnée qu'il ne se soit toujours pas décidé à me renvoyer. Et pourtant j'étais toujours là, et ce depuis trois mois. Trois long mois.
La fin du service sonna comme une délivrance pour moi. Je récupérai mes affaires en vitesse dans les vestiaires après m'être changée et je filai droit vers l'appartement. Je pris le bus qui traversait toute la ville comme j'avais l'habitude de le faire. Ici rien n'avait vraiment changé, pourtant ma vie avait pris un nouveau tournant que je ne supportais pas très bien. Depuis ce retour à la normalité, rien n'allait. Tout le monde faisait comme si tout allait bien alors que c'était faux. Chaque jour se ressemblait atrocement.
Quand mon bus s'arrêta à mon arrêt, je descendis en vitesse puis montais dans l'appartement que je partageai avec Leïa depuis bientôt deux mois. Je passai la porte en vernis noire avant de remarquer qu'il y avait du monde. De toute évidence, je n'avais pas été informé que Lee devait nous rendre visite avec sa petite fille. Et je ne pensais pas non plus que mon amie serait rentrée avant moi.
Lee passait de plus en plus de temps ici, à vrai dire je crois qu'il aurait préféré qu'on reste chez lui. Il nous avait hébergé pendant quatre long mois durant lesquels nous l'avions aidé à gérer sa fille et sa ré-éducation. Ça n'avait pas été facile, Lee vivait très mal le fait de ne plus pouvoir bouger comme il l'entendait. Les médecins, dont Jina, avaient été très pessimiste au sujet de sa jambe. Ils avaient fermement décrété qu'il pourrait peut-être ne plus jamais l'utiliser comme il le faisait avant. Au moins maintenant, il pouvait marcher avec, même si parfois ça le faisait souffrir.
Je n'étais pas certaine qu'il puisse reprendre le terrain un jour, et ça l'anéantirait à coup sûr. Mais il gardait espoir alors je préférai m'abstenir de tout commentaire. Après tout, peut-être qu'il y avait une chance pour qu'il réintègre en effet le terrain. Ce serait à Jina d'en juger le jour venu. En attendant il pouvait s'occuper pleinement de sa fille, et je pense que ça le rendait heureux aussi, même si d'un côté il n'avait plus les moyens de travailler.
