1. Retrouvailles

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« Il existe un adage qui dit que les personnes que nous aimons, nous ne les rencontrons pas, Nous les reconnaissons. »

Et ça n'a jamais été aussi vrai qu'à cet instant.

Je retourne des années en arrière, encore adolescente dans ma petite vie tranquille ou rien n'est compliquée. Je m'en souviens comme si c'était hier, mais l'eau a coulé sous les ponts et hier est finalement bien loin.

- Clarisse ! M'appelle ma meilleure amie, Alexandra, me sortant de mes pensées.

- Oui j'arrive ! Je sais que la tempête arrive, et que je vais me faire hurler dessus.

Alexandra est une petite chose, qui sans la connaître, parait toute mignonne, alors qu'elle est tout le contraire. Ses longs cheveux roux bouclent en une crinière indomptable jusqu'au milieu de son dos, ses jolis yeux acier et son sourire charmeur font tourner bien des têtes. Du haut de son petit mètre 60, elle rassemble en elle bien plus de caractère que la moitié des hommes de cette terre. C'est une terreur qui se cache dans 55 kilos de muscles.

- Je t'avais dit 19:30 prête ! T'es en retard, je vais te traîner par la peau des fesses, habillée ou non ! Crie-t-elle depuis le bas de l'escalier de notre duplex.

Elle s'est mise en tête de me sortir, parce que selon elle, « une fille aussi canon que toi n'a pas le droit de se donner seulement à ses bouquins ».
Je suis donc en train de sortir mon armoire entière pour trouver quelque chose à me mettre. Un tas s'est formé sur mon lit et déborde sur le tapis crème à mes pieds.C'est peine perdue, j'ai depuis longtemps relégué mes tenues sexy au fond de ma penderie.

- Clariiiiiiiiiisse je me casse sans toi !

Bon ok, je suis peut-être un peu en retard, nous avions rendez-vous il y a 10 min dans notre italien préféré, dans le 5ème arrondissement de Paris.

Je me dépêche d'attraper un chemisier blanc avec quelques perles sur le col que je passe en toute hâte sur mon jean noir avant de me jeter sur mes bottines à talons.
Je descends les escaliers 4 par 4 avant de me prendre l'ouragan Alex en pleine face.
Elle m'attend dans l'entrée de notre appartement, en promettant que la prochaine fois elle ira avec son plan du moment plutôt qu'avec moi. Je ris doucement face à sa réplique. J'ai à peine le temps d'attraper mon sac à main fétiche avant que la porte ne claque.

Alexandra est ce genre de filles plutôt sure d'elles. Elle est libre et veut le rester. Depuis sa dernière rupture un peu chaotique elle estime qu'elle est trop jeune pour s'enliser dans une relation sérieuse. « Les emmerdes seront pour plus tard », sa réplique favorite quand quelqu'un lui demande si elle a un copain. Elle profite des mecs qui lui plaisent, les charme et les jette au petit matin. Tout mon contraire.

Nous atteignons finalement notre QG en courant après avoir pris le métro pour une station. De grosses faignantes, je l'avoue. Le serveur, Julio, devenu notre ami tapote son poignet en souriant. Il nous connaît, la ponctualité n'est pas notre fort.

- C'est pas moi, Julio! Lo sai si! C'est Clary!

- Lo so mio Carino, andiamo! Lui répond-il dans sa jolie langue maternelle.

Nous le suivons jusqu'à une petite table pour deux. Les rendez-vous du vendredi soir à La Bella Noche sont devenus rituels. C'est le seul moment où nos emplois du temps concordent.

Alex travaille dans la pub, toujours à courir après un contrat, ou user de ses charmes pour en signer un autre. Son métier la passionne et quand son emploi du temps se calme, elle en profite pour trouver une conquête avec laquelle jouer pour la nuit. Nous nous croisons à peine la semaine. Mon métier dans l'édition, est parfois lui aussi contraignant. Quand il faut absolument finir un manuscrit avant le lendemain ou rendre son compte rendu du dernier auteur en vogue, il n'est pas question de sortir à 18h. Mais je vis pour ce boulot, j'adore me perdre dans les essais qui sont envoyés au siège des Editions Thalion.

Dare or not ?Où les histoires vivent. Découvrez maintenant