26. Yellow Mad Monkey

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Lucas est parti le soir même en prenant le dernier train pour la Normandie après s'être assuré que je ne risquais pas de faire monter ma tension à 20. J'ai insisté pour l'accompagner à la gare Montparnasse pour être bien sûr qu'il s'en aille. Je lui ai même balancé sa valise à la figure pour qu'il arrête de me répéter encore ses recommandations. Quand le train est finalement parti j'ai soufflé en souriant. Cet homme est incorrigible quand il s'agit de sa boite.

La semaine s'est déroulée sans accro, mais avec du travail par-dessus la tête. Je jongle entre les rendez-vous avec les auteurs, ceux avec nos partenaires ou encore les moments que je passe à résoudre les problèmes dans la boîte. Je suis franchement exténuée et je me demande comment Lucas arrive à tenir un rythme comme ça tout en étant frais, dispo et absolument adorable. Je réponds à ses messages tous les jours en le rassurant que son « bébé » comme il appelle la boîte n'a pas encore pris feu. Mon cerveau en revanche n'est pas loin de l'implosion.

Nous sommes vendredi soir et j'ai à peine croisé Alexandra cette semaine. Soit je rentrais trop tôt et m'endormais sur le canapé soit trop tard et elle était déjà repartie chez Maxence. Et ce week-end se fera sans elle, Maxence l'a invité à passer un week-end dans leur domaine sur la côte atlantique vers Biarritz je crois. Je l'ai forcé à y aller faisant des mains et des pieds pour la convaincre. Elle ne voulait pas que je reste seule, au cas. Où il m'arriverait quoique ce soit.

Je n'ai eu aucunes nouvelles de Mia, Hugo et merci mon dieu aucune non plus de Louis. Mais ça m'angoisse, imbécile que je suis, je ne suis toujours pas allée à la gendarmerie pour porter plainte.

Je sors des bureaux des Éditions tard ce soir, je n'ai pas voulu partir en week-end avant d'avoir régler les derniers détails urgents et il est presque 22: quand je pousse la porte du bâtiment. Toute l'équipe s'est évaporée entre 17h et 18h, trop pressée de profiter de son week-end. Mais vu le boulot qu'ils ont fourni toute la semaine, ils méritaient bien leur weekend.  La rue est déserte, étonnant pour un vendredi soir dans la capitale. Je me dépêche de rejoindre la bouche de métro la plus proche pour rentrer à l'appart.

Perdue dans mes pensées, j'ai la désagréable sensation d'être épiée. Des frissons remontent le long de ma colonne. Je jette des coups d'œil à tout va, mais rien. Il n'y a que moi et le bruit de mes talons sur le macadam trempé. J'accélère le pas mais je ne résiste pas à regarder derrière moi. Je vois une ombre passer puis plus rien. Je deviens folle, mon esprit se met à imaginer des scénarios improbables.

La lumière accueillante du métro me happe et je m'engouffre dans les sous-sols de Paris. Le peu de monde présent sur les quais me rassure et je me calme. Même la ligne 6 est quasiment vide.

Je descends à ma station, mais la sensation de toute à l'heure revient et je cours presque pour rejoindre l'appartement avant de monter les marches 4 à 4 pour me barricader plus rapidement chez moi. Tout est calme dans l'appartement et je m'empresse de fermer à double tour la porte d'entrée avant d'allumer toutes les lumières, je me crois à Versailles. Et surtout je deviens parano.

Je profite du calme ambiant, quand Alex est là c'est rarement reposant, entre ses histoires de boulot, ses amants et maintenant Maxence il est rare que j'arrive à me poser dans le silence. Je file sous la douche pour faire quelque chose de ma tignasse qui a passée la semaine attachée en queue de cheval serrée. L'eau chaude détend mes muscles et je manque de m'endormir dans mon bain. L'eau tiède me ramène à la réalité et je m'enveloppe dans une serviette moelleuse. La salle de bain est embuée à cause de l'eau brûlante, je ne vois plus rien. Au moment où j'ouvre la porte pour aérée, trois coups sont frappés à ma porte. Je me fige, aux aguets. Personne ne peut rentrer dans l'immeuble sans sonner en bas.

Dare or not ?Où les histoires vivent. Découvrez maintenant