6. Cauchemar

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« Certains cauchemars continuent même quand on a ouvert les yeux »

Nous attendons nos verres avec Alexandra en discutant de tout et de rien. Quand mon verre arrive, Alex se dépêche de commander une deuxième tourner parce qu' «il te faut bien ça ! On n'oublie pas en buvant du nesquick ! »

- Allé trinque ! Ce soir on profite !

Quelques verres plus tard, les garçons nous trainent de force dans la voiture pour nous emmener en boite. Je suis passablement éméchée quand nous arrivons devant le videur qui fait promettre aux garçons de garder un œil sur moi. Je les suis en riant, pas très sure de mes appuis ;

- Qui veut quoi ? je paye ma tournée ! propose Marco

- VODKAAA ! je hurle

- Ok ok princesse mais après piano sur les verres !

- Oui oui on verra papa !

Je ne lui laisse pas le temps de répondre et je traine Alex dans mon sillage pour aller danser. Je me laisse aller et je profite de ce moment. Mon cerveau devient plus lent à réagir et me laisse un moment de répit. Alexandra dans le même état que moi se frotte à un homme d'une trentaine d'années plutôt agréable à regarder. La lionne est de sortie ce soir. Je la laisse s'amuser pour aller boire. Quand je rejoins les garçons je découvre une jolie brune sur les genoux de Pierre. Elle me regarde d'un air curieux.

- Salut ! Moi c'est Clarisse !

- Enchantée,  Anna ! me dit-elle en souriant

Je me note mentalement qu'elle a l'air sympa. Je quémande mon verre auprès de Léo, qui lui aussi s'est trouvé une fille, enfin plutôt une Barbie.

- Tiens princesse, ton verre.

La blonde me regarde d'un air mauvais en se collant un peu plus à Léo. Je hausse les épaules en regardant mon ami droit dans les yeux, me demandant qu'est-ce qu'il fait avec une fille de la sorte. Il rigole, comprenant très bien ma question muette. Un coup d'un soir, ok d'accord Mr Galante, j'ai compris !

- Merci mon loulou, tu es le meilleur ! je  réponds

J'adore rentrer dans son jeu et faire croire à ses conquêtes que je suis plus qu'une amie. Elles ne comprennent jamais que je suis comme sa petite sœur et que quoiqu'il arrive, il fera toujours passer sa famille et ses amis avant ses plans. Il y a la famille par défaut et il y a celle que l'on choisit. Léo est de celle que j'ai choisie. Depuis Louis, il est constamment sur mon dos pour être sûr que je vais bien et que je ne broie pas du noir. Parfois j'en joue un peu devant ses « copines ». Désolé ma chérie, mais je passerai toujours avant ton joli fessier, aussi parfait soit-il.

Je bois mon verre d'un trait et retourne vers la piste pour retrouver Alex. Apparemment Mlle Boyle à changer de partenaire, puisqu'elle est en train de fourrer sa langue dans la bouche d'un brun vraiment canon. Mais en me voyant revenir, elle le délaisse quasi instantanément pour danser avec moi.

Nous occupons l'espace central de la piste. Alex avec sa crinière ne passe pas inaperçu et use de ses charmes pour se faire payer des verres. Léo est avec sa Barbie à quelques mètres de nous et danse collé serré avec elle. Pierre n'est pas loin non plus avec Anna. Celle-ci décide de l'abandonner pour nous rejoindre et nous dansons toutes les trois à en perdre haleine.

Les jambes engourdies et le visage en feu je décide de passer par les toilettes avant de m'assoir un peu à notre table. Des frissons me parcourent le corps quand je sors des toilettes, effrayée à l'idée de croiser à nouveau Louis. Je me dépêche de rejoindre la table mais dans ma précipitation je heurte un homme de plein fouet.

- Excuse-moi, je bafouille
- Ce n'est rien, répond-il de sa voix chaude

Je me risque à lever les yeux, il est immense. Surement aussi grand que Léo, des prunelles d'un vert profond semblables à une forêt et un sourire en coin qui pourrait me faire craquer. Je détourne le regarde et le plante là avant de me jeter sur Marco qui vient de s'assoir sur l'un des canapés. Toute trace d'alcool ayant désertée mon organisme. Il me faut un verre. Ou deux. Ou quinze !

Je retrouve Alex sur la piste et me laisse aller. Rien ne peut m'arriver. Au bout de quelques minutes je décide d'aller prendre l'air sur la terrasse-balcon d'où la vue sur Paris est imprenable. J'abandonne donc mes amis et quitte la piste de danse

Sur le chemin que j'essaye de tracer pour rejoindre l'extérieur, je sens une main m'attraper le poignet et me tirer. Le parfum arrive jusqu'à mon nez et je me mets à suffoquer. Je sais très bien à qui j'ai affaire et je me fais la remarque que je dois être la fille la plus malchanceuse au monde.

- Je t'avais dit qu'on se reverrait quand tu es partie comme la trainée que tu es, il y a deux ans. Ricane Louis

Je suis foutue, mes amis sont trop loin pour m'aider et Louis a trop de force pour que j'arrive à me défaire de sa poigne. Je me débats, sentant sa main se resserrer autour  de mon poignet.

- Quoi ? tu ne veux pas me voir ? Fallait pas disparaitre de la circulation ma chérie. Tu m'as abandonné, moi le seul homme capable de t'aimer, le seul qui te connait mieux que tout le monde. Tu es à moi, tu le seras toujours.

Son ton bien trop calme me fait frissonner et Je sens les larmes monter en me souvenant de tout ce qu'il m'a infligé. Les paroles, les coups, et les viols. J'ai réussis à m'échapper un soir ou il était trop bourré pour réagir. C'est Alex qui m'a récupéré, a peine habillée en plein mois de décembre, près de notre restaurant préféré. J'ai eu de la chance de tomber sur ma meilleure amie qui m'a tout de suite ramené chez elle avant d'appeler Léo, Pierre et Marco. Je garde encore les séquelles, physiques et mentales de cette relation qui m'a souvent fait penser à me tirer une balle ou me jeter dans la seine.

- Tu ne comprends pas Clarisse ? Tout chez toi m'appartient.

- Lâche-moi ! je hurle

Je sens son autre main frôler mes seins avant de descendre jusqu'à ma taille et remonter ma combi-short. Je suis tétanisée, je sais que si je ne fais rien, il va me toucher. Mais je n'arrive pas à bouger, mes anciens réflexes prennent le dessus : si je bouge il va lever la main sur moi. Mes larmes coulent silencieusement le long de mes joues.

Et puis plus rien, plus de mains qui me retiennent en otage, plus de parfum entêtant. Juste le bruit d'un nez qui se casse et l'odeur boisée d'un parfum aussi doux que la brise d'un matin d'été.

- Espèce de fils de p. Je vais te tuer !

Cette voix, c'est celle de l'homme au regard forêt. Deux autres hommes tiennent Louis tandis que mon sauveur revient vers moi.

- Tu vas bien ? il t'a touché ? me demande-t-il d'une voix pressante.

- Non. non il n'a pas eu le temps... Je murmure dans un souffle

Des larmes s'accumulent dans mes yeux et certaines roulent le long de mes joues, impossible de les retenir. Mon bel inconnu me prend dans ses bras, protecteur.

- Tout va bien, c'est fini, ou sont tes amis ?

Je secoue la tête, je ne sais pas où sont Alexandra et les garçons. Il me tire derrière lui mais sans lâcher ma main une seconde. J'aperçois Alexandra au loin me regarder avec un air étonné puis inquiet.
Quand nous arrivons à son niveau je vois Léo arriver vers moi comme une furie.

- Clarisse ! Mon dieu ma princesse qu'est-ce qu'il y a ?

Mon sauveur lâche ma main et attrape Alexandra. Je les regarde parler, blottie dans les bras de mon meilleur ami. Je vois le visage d'Alex passer du livide au rouge sang, de la peur à la rage.  Je l'observe remercier mon sauveur et se diriger vers moi.

- Clarisse on rentre ! m'ordonne t elle

Je lance un dernier regard derrière moi en espérant croiser ce regard envoutant mais il n'est plus là. Je suis ma meilleure amie qui m'emmène loin de ce cauchemar

Dare or not ?Où les histoires vivent. Découvrez maintenant