"Les femmes ne pardonnent jamais qu'après avoir puni."
Delphine de GirardinLui
La semaine passe à une lenteur épouvantable. Mes journées se résument en un défilé de réunions au siège et dans les filiales à l'étranger. Je prends l'avion tôt le matin et rentre le soir fatigué d'entendre les directeurs jacasser pour des histoires de chiffre d'affaires. Chiffres, qui sont évidemment très bons et j'en suis le premier satisfait. Mais à entendre ces hommes, je ne devrais pas me contenter de « si peu ». Ils oublient bien vite que si je me contente de si peu, c'est pour pérenniser l'entreprise. Un loup sait se retirer quand une bataille n'en vaut pas la peine.
Je me répète que c'est bientôt le week-end et que cette fois ci j'en profiterai pour me reposer. Repos qui me file entre les doigts ces temps-ci.Toute la semaine mes pensées dérivent vers Blondie et son départ précipité lundi matin. On aurait dit qu'elle fuyait le Diable. Je me souviens encore de la sensation de sa peau douce sous mes doigts et de la manière dont elle a détaillé chaque partie de mon corps presque nu quand je suis sorti de la douche. Ses yeux ont retracé la ligne de mes abdos et je l'ai vu se mordre les lèvres. J'avais envie de l'allonger sur son lit et de la faire mienne. Encore et encore. J'avais envie d'assouvir mes désirs et fantasmes pour enfin me débarrasser de mon obsession.
J'avais l'image de son corps contre le mien, et je n'ai pas réussis à débander de la journée. Le soir j'ai appelé une des filles que je me tape régulièrement pour soulager la tension qui avait pris possession de mon corps. Je l'ai baisé toute la nuit avant de la mettre dehors au petit matin. Je l'ai baise en pensant à Blondie, à ce que j'aurai pu lui faire pour la faire crier mon nom.
Je chasse ces pensées avant qu'elles n'envahissent tout mon corps. J'ai le gala de charité de mon père ce soir. Il en organise un tous les six mois. Bien que retraité, il prend un malin plaisir à organiser ce genre de soirée, ou la moitié de la société mondaine de Paris est invitée. Officiellement c'est Austen Technology qui est l'hôte de ce gala, officieusement c'est mon père. Et pour le coup, je redeviens un gosse et non plus le PDG d'Austen Tech.
Après toutes ces années, je me suis résigné. Je fais acte de présence, je souris aux femmes, sers les mains des hommes et me laisse draguer par les filles de bonnes familles. Une mascarade des plus hypocrites, en somme.
J'enfile ma veste de costume avant d'envoyer un texto à mon frangin pour lui demander s'il sera là. La réponse ne se fait pas attendre.
« Désolé frérot, Alexandra m'a proposé une nuit de folie! Bonne chance avec les parents ! »
Traître ! Mais je le comprends. Si j'avais pu avoir qu'une seule nuit avec Blondie j'aurais sauté sur l'occasion.
Mon chauffeur me dépose devant le manoir de notre famille en dehors de Paris. Je rejoins l'entrée ou les majordomes récupèrent ma veste. Comme toujours, le manoir est parfaitement décoré, ma mère travaille toujours avec les mêmes décorateurs. En entrant dans la grande salle de réception, j'analyse la foule. Je repère mes parents au loin, certains de mes directeurs et actionnaires, des amis de la famille et beaucoup de grosses têtes. En avançant dans la salle, une blonde se pend à mon bras, Julia, fille d'une famille riche et héritière d'un magnat du pétrole.
Bonsoir Hugo, ça fait un moment que nous ne nous étions pas vu. Dit-elle avec un ton doucereuxEffectivement Julia. Je réponds
Je m'oblige à faire bonne figure devant les invités alors que je rêve de lui dire de dégager.
Nous pourrions remettre ça, c'était une bonne soirée la dernière fois.
Elle revient à la charge. C'est une belle femme, je suis obligé de l'avouer. Ses cheveux blonds coupés en carré lui procurent une tête de fille sage alors que c'est tout le contraire. Je l'ai baisé dans une chambre d'hôtel quelques fois. Je ne ramène jamais personne chez moi. Et c'est vrai qu'elle était un bon coup et une experte avec ses lèvres. Mais je me surprends à la comparer à Clarisse. Ses seins refaits son trop gros, ses cheveux trop courts, son sourire trop faux et même son parfum m'écœure.
Désolé Julia, je n'ai pas le temps.Oh ne t'inquiètes pas, envoie moi un message et je viendrai...
Je n'ai pas envie de me battre avec elle pour une cause perdue. Elle ne veut pas comprendre.
Oui d'accord.
Je l'abandonne pour saluer mes parents et leurs amis. J'attrape une coupe de champagne sur le plateau d'un des serveurs tout en discutant affaires avec mon père et un des actionnaires. Soudain j'entends une voix aussi légère qu'une plume. Je me retourne vers la propriétaire de cette voix.
Elle est là, ma belle blonde aux yeux arc en ciel. Accrochée au bras d'un homme aux cheveux attachés en chignon. Elle est magnifique dans sa longue robe rouge et perchée sur des escarpins à talons hauts. Ses cheveux sont remontés en un chignon travaillé, un collier très fin en argent prend place entre ses seins et ses lèvres sont assorties à sa robe. J'ai une furieuse envie de les gouter. Mais c'est quand elle se retourne totalement que sa robe dévoile sa particularité. Dans son mouvement, la robe laisse entrevoir jambe gauche de Clarisse et les fines bretelles qui retiennent le haut se croisent dans son dos, le laissant presque totalement à nu. Le tissu ne reprend place qu'en bas de son dos.
Je vois plusieurs hommes se retourner sur sa beauté, elle est incroyable. Tout en elle parait délicat, mais tout en elle renvoie une aura de force. Je surprends même mon père la reluquer pendant qu'elle rit à une des blague de l'homme aux cheveux longs. Sasha, qui vient de me rejoindre me lance un regard ahuris. Oui vieux, moi aussi je me pose les mêmes questions que toi.
Que fait-elle là ? Qui est cet homme ? Et surtout, pourquoi sont-ils ensemble ? Une rage soudaine me prend aux tripes. Elle m'a claqué la porte au nez début de semaine et je n'ai eu aucune nouvelles d'elle. Même Maxence n'a pas voulu m'en donner. Elle a refusé tout contact physique avec moi aussi doux soit-il et s'est même figée quand ma main a caressé son dos mais elle s'accroche à cet homme comme s'il était indispensable à sa vie.
Mon égo en prend un coup. Je surprends même Julia lui lancer un regard mauvais. Elle vient de se rendre compte qu'elle a de la concurrence. Et c'est clairement le cas. Mais je prends conscience que moi aussi je me retrouve au pied du mur. Et que Clarisse me met en concurrence indirect avec ce type alors même que je ne le connais pas. Elle irradie à ses côtés, et déverse sa bonne humeur dans toute la salle de réception.
Merde, je comprends alors que je me mets en concurrence tout seul avec ce gars, pour les beaux yeux d'une fille que je connais à peine. Quel imbécile.
Finalement je vais peut-être proposer quelque chose à Julia ce soir.
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Dare or not ?
RomanceAlors que Clarisse se plonge dans son travail pour oublier un terrible passé amoureux, Alexandra estime que sa meilleure amie mérite mieux que ses livres et manuscrits comme compagnons de vie. C'est lors d'une soirée imposée par ses amis que Clariss...