12. Concours de circonstances

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Lui

«  Le hasard a des intuitions qu'il ne faut pas prendre pour des coïncidences »

Cette réunion n'en finit plus, j'avais rendez-vous au restaurant avec mon frère, une de ses employées et sa copine à 19h30. Je n'ai pas cherché à comprendre quand il m'a soudoyé avec une invitation à un gala de charité où il irait à ma place pour représenter la famille Austen. J'ai accepté sur le champ. Les galas que mes parents organisent me donnent envie de vomir.
Tout ce beau monde, plus hypocrites les uns que les autres me dégoutent. Alors quand Max me propose de prendre ma place contre un repas, il n'y a pas d'hésitation. Mais il est 20h30 passé et j'écoute encore mon conseil de direction et les plus gros actionnaires se prendre la tête entre eux pour une histoire d'investissement à l'étranger. Ces gens aussi me fatiguent.

  - Messieurs, il est bientôt 21h et nous avons tous une vie privée à côté. Soit, vous vous mettez d'accord ce soir encore, soit nous nous retrouvons demain matin afin de finaliser ce contrat.

La moitié grogne et l'autre moitié se met à hurler que ce contrat est trop important pour le remettre au lendemain. Ils repartent tous dans un dialogue de sourds. Seul mon directeur de la branche française et meilleur ami, Sasha tourne la tête vers moi en levant les yeux. Lui aussi aimerait être autre part que dans cette salle de réunion un vendredi soir.

Mon père, en prenant sa retraite, m'a légué sa « petite entreprise » comme il l'aime à l'appeler et toutes les merdes qui vont avec, comme cette réunion interminable. Sa « petite entreprise » atteint près de 5 milliards de de dollars de chiffre d'affaires et emploie plusieurs milliers de salariés répartis dans les différentes branches mondiales. Initialement, l'entreprise est créatrice de produits de très haute technologie. Mais avec sa croissance au niveau économique, mon père avait lancé des branches commerciales pour la revente, importation de matières premières, exportation de nos produits, logistiques, publicitaires et j'en passe.

Et c'est moi qui ai hérité de ce cadeau empoisonné il y a un an. Depuis, ma vie se résume à écouter des hommes infidèles parler des putes qu'ils ramènent dans les hôtels de luxe, jouer au plus con avec des gens qui pensent me connaitre et qui essayent de me faire couler ou encore repousser les avances de femmes vénales qui ne veulent que mon argent.

Je les laisse débattre sur le pour ou contre de l'installation d'une unité de production dans les pays nordique pour aller fumer et prévenir mon frère que je ne pourrai pas être là. La tour dans laquelle se trouve le siège social d'Austen Technology se situe dans le quartier d'affaires de La Défense et par chance, mon bureau ainsi que la salle de réunion sont presque au dernier étage.

J'allume ma clope dans un geste las avant d'ouvrir une des fenêtres de mon bureau. Je m'accoude au rebord et tire une latte. Je n'ai que 28 ans et je suis déjà fatigué de cette vie sans saveur. Je repense alors à cette inconnue blonde aux yeux hétérochromes. Que fait-elle ? Comment va-t-elle ? Et surtout quel est son prénom ?

-A quoi tu penses vieux ? me demande Sasha qui lui aussi devait en avoir marre des discours inutiles

- Tu ne devrais pas être chez toi à t'occuper de Mathilde ? Je lui demande en souriant

- Pas avant que tu m'ai répondu pourquoi le grand Hugo Austen a les yeux perdus dans le vague

- Je me disais que j'avais l'impression d'avoir vécu 100 vies sans qu'aucune ne valent vraiment la peine. J'ai déjà vu le monde, voyager d'un bout à l'autre de la planète, eu les plus belles filles dans mon lit, dépenser l'argent comme s'il permettait d'acheter le bonheur et pourtant j'ai l'impression de tourner en rond.

- Trouve-toi quelqu'un qui te fera voir la vie. Tu crois au coup de foudre et toutes ces conneries ?

- Arrête mon vieux, c'est des histoires de femmes ça.

- Ouais c'est pour ça que t'as fracassé la gueule à un mec que tu ne connaissais pas pour une fille que tu connaissais encore moins.

Sa remarque me fait tiquer. Mais les coups de foudre, l'amour pour toujours ça n'existe pas. Personne ne reste éternellement par amour. Tout passe. Ce mec avait besoin de se remettre les idées en place, je lui ai juste donné un coup de main.

- Elle m'a rappelé Mia, imagine si ça lui était arrivé à elle ? je réplique à Sasha

- J'aurais fait comme toi, j'aurais démonté le type qui aurait essayé de la toucher. Elle fait partie de ma famille, toi et Max aussi. Vous avez toujours été là pour moi. Vous êtes la famille que j'ai choisi par le cœur, pas celle qu'on m'a imposée par le sang.

Mon vieux pote réussit presque à m'arracher une larme. On a fait les 400 coups ensemble. On s'est rencontré à 8ans dans un gala de charité. J'essayais d'échapper à ma nounou il m'a aidé à me cacher. Mes parents étaient fous de rage. Mais depuis ce jour-là, on ne s'est plus quittés. Sa famille est déglinguée, son père est toujours en voyage pour les affaires et sa mère se contrefout de son fils.

- Espèce de con tu vas encore me faire pleurer, allé on y retourne !

Je regarde une dernière fois Paris la ville Lumière d'en haut avant de quitter mon bureau. Avant de retourner dans la salle de réunion je jette un coup d'œil à mon téléphone.

De Max : Dommage pour toi, la copine blonde de ma lionne est plutôt pas mal ;)

Mon esprit divague directement vers Blondie et sa copine à la chevelure de feu. Ce n'est pas possible !

A Max : Attends ?! Lionne comme cheveux roux ou lionne comme sauvage ?

De Max : Un peu des deux, allé ciao frangin !

Je range mon portable et essaye de me calmer. C'est impossible que la fille que se tape Max soit la meilleure amie de Blondie. Et que j'ai loupé un diner avec elle pour une réunion. Non Hugo, ressaisis toi, des filles rousses il y en a des milliers à Paris. Je souffle un coup avant de replonger dans la cage aux fous.

Dare or not ?Où les histoires vivent. Découvrez maintenant