Tour 10 - Dazai

160 18 25
                                    

Je chantonne, en attendant que je puisse entrer. Akutagawa et Ranpo sont entrés.

- Je croyais que tu ne voulais pas te suicider, me dit Yosano, sa hache sur l'épaule, et son sac à la main.

- C'est le cas. C'est juste que ça pourrait très bien être la dernière fois que je chante. Tu chanterais quoi, avant de mourir ?

- Je ne chanterais pas. Parce que je vivrais.

- C'est vrai que tu es avantagée, face à Ranpo. Mais contre Atsushi ?

- Il n'aura jamais le cran de nous tuer.

- Tu as raison, dis-je. Seulement s'il développait une haine intense, ou s'il était sous l'influence de Q, il pourrait gagner.

- Justement, puisque tu en parles... souffle Yosano.

- Huh ?

- Shibuzawa a récupéré son pouvoir, à Q, puis Jun'ichirô à son tour.

- Ne me dis pas que...

- C'est Akutagawa qui l'a, à présent. Et en matière de souffrance, c'est Atsushi qui l'a le plus fait souffrir. Si tu mourrais, et qu'il déchirait la peluche, Atsushi tuerait tout ce qui se trouve à sa portée !

Nous nous fixons du regard.

- Quelle poisse, lâchai-je, en riant. On va tous crever... ! On est tous morts... C'est bien ce que tu voulais, hein ?

- Je vois que tu commences à comprendre.

- Qu'à cela ne tienne. J'éliminerai Akutagawa, même si je dois mourir avec lui, et pas avec une magnifique demoiselle.

La porte s'ouvre. Je saisis mes deux pistolets, les serrant fortement. Le dernier est caché derrière ma chemise. Je passe la porte, bien décidé à le tuer.

Lorsque j'entre dans le dôme, j'esquive les pousses de fougères. Akutagawa est en l'air, il tousse.

- Tu recommences ? Cela doit faire trois fois que tu attaques par le bas. Allez, descends.

Yosano passe derrière moi, avant de courir loin de nous.

- J'ai attendu ce moment durant cinq longues années. Celui où je pourrai enfin vous tuer, vous montrer que je suis digne d'avoir votre reconnaissance.

- Viens te battre, ou c'est moi qui t'abats ! Criai-je, tirant sur Rashômon.

Il déclenche sa fracture d'espace, que je fissure en tirant en rafale. Il recule, avant d'utiliser les mâchoires infernales. J'y échappe de très peu, touchant, presque effleurant Rashômon.

- Tss... arrêtez de faire le malin avec votre pouvoir ! Venez vous battre sans l'utiliser.

- Alors n'utilise pas le tien et on sera quittes.

Je pars en courant. Puis, je lâche un hoquet de surprise. Les corps des morts n'ont pas été enlevés. Et ce que je vois devant moi, c'est un bout du livre de Poe, avec des cendres autour.

- Chuuya...

Je retire mon manteau, avant de le poser sur les cendres, retenant mes larmes.

- Désolé de ne pas t'avoir avoué mes sentiments. Il faut croire que j'étais bien un abruti.

- C'est le cas.

Je me retourne. Akutagawa marche vers moi, me lançant des regards noirs.

- Il faut être idiot pour pleurer alors qu'on vous poursuit.

La nuit raccourcieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant