La nuit raccourcie

Tour 1 (2) - Dazai

Il est minuit. Fyodor l'a annoncé.

Le jeu commence.

Je me redresse de mon lit. Je sors de ma chambre, passe le QG, où Ranpo et Kunikida prient pour la réussite du boss, et sors de mon affiliation. Je rends dans la salle des écrans, à l'ouest. Les six écrans sont allumés. Je peux voir le paysage, vu des yeux de chacun, reconnaissables par les noms, marqués en bas de l'écran. Le patron tranche les feuilles pour se frayer un passage, Gin se faufile entre les branches d'arbres. Akutagawa semble être caché dans un arbre, haletant légèrement. Je lève la tête vers l'écran de Mark Twain. Il est accompagné de ses deux entités. Fitzgerald, lui, se balade tranquillement, évitant les plantes. Il se plaint.

Je soupire et regarde l'écran de Ace. Il se plaint aussi. Voyons... si je reste du côté du patron et des Akutagawa, je dirais que le plus à craindre serait Mark Twain, et ses tirs à distance. Il a pris un bon fusil, je crains le pire.

D'après ce que m'a raconté Atsushi, Fitzgerald a failli gagner en dépensant tout son argent.

Il a dépensé cinq cent mille dollars au moment où Akutagawa a commencé à l'attaquer. Nous l'avions presque acculé, quasiment vaincu, lorsque Akutagawa a utilisé son armure musculaire. C'est après ça que Fitzgerald s'est relevé et a dépensé tout son argent.

Il ne devrait pas poser de problème, s'il dépense seulement les cinq cent mille dollars. La porte s'ouvre alors. C'est Kôyô.

- Tiens, Dazai ? Tu viens encourager les Akutagawa ?

- Et vous, vous venez encourager Ace ?

- Sûrement pas, rétorque-t-elle. Il a déjà perdu contre ce rat. Il va se faire déchiqueter par Akutagawa ou par le patron de l'Agence.

Je soupire. Je dois avouer qu'elle n'a pas tort.

- Pour qui t'en fais-tu, Dazai ?

- Pour Gin. Elle est nettement moins avantagée que son frère, ou le patron, n'ayant aucun pouvoir.

- Tu crois qu'elle va s'en sortir, face au rouquin ?

- Si elle arrive à le prendre par surprise et le tuer, oui. Si elle reste trop loin de lui...

Je ferme les yeux.

- Après, je pense que son frère va veiller sur elle. Même s'il n'en donne pas l'impression, il la protège. Il était déjà ainsi quand ils sont entrés dans la Mafia.

- Impossibles à séparer, oui...

Je fixe le mur sous les télévisions. Je m'en approche, et enlève un faux mur.

- Un septième écran ?

- Quelque chose clochait avec ce mur...

L'écran est une carte, qui montre les limites, mais surtout, qui localise les six personnes.

- Twain se dirige vers l'arbre de Akutagawa...

- Ils sont tous les deux doués en attaque à distance. Après, peut-être que Twain laissera Akutagawa, vu que ce n'est pas son adversaire, dis-je.

Je pose le bout de mur sur le sol. Kôyô prend place sur un fauteuil.

- Dazai, puis-je te demander quelque chose ?

Je me tourne vers elle. Je me redresse, frotte mon manteau, et la fixe du regard.

- C'est à propos de Kyôka ?

- Oui. Je voudrais, si tu le peux, que tu la protèges. Quitte à tuer son adversaire. Je t'en prie...

- Je ferai de mon mieux. C'est pour cela que vous vouliez me voir, n'est-ce pas ?