Chapitre 29

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Choc. 

Clignement des paupières.

Toujours au même endroit, devant la même personne, au même moment.

Pas un affreux cauchemar qu'on oublie quelques minutes après le réveil.

Juste la réalité.

-Maman ? 

-NON ! Tais toi ! Je t'ai dit de t'en aller ! Tu prends tes affaires et tu te barres ! C'est bon, j'ai assez donné. J'ai assez patienté ! Assez espéré que tu deviennes quelqu'un de bien ! C'est moi qui t'ai conçu ! J'ai été malade de te porter ! C'est moi qui t'ai mis au monde ! Tu m'as détruite et j'ai tout perdu par ta faute ! C'est grâce à moi que tu te tiens debout dans cette cuisine ! Grâce à moi ! Je t'ai nourri ! Élevé ! Aimé ! Protégé ! J'ai tenté d'enlever la moindre part féminine en toi, j'ai essayé de te mettre au sport, j'ai voulu t'endurcir, en restant bienveillante ! Tout ça pour que tu deviennes pédé ? Tu me dégouttes. Pars.

-Je vais dans ma chambre. On pourra reparler demain. murmura Newt

-Non, va t'en. Barre toi, casse toi. Disparais. Ou meurt, fais comme tu veux, mais reste loin de moi.

Christelle restait debout, attendant qu'il bouge.

Avec l'impression que son corps était plongé dans de la mélasse, Newt monta dans sa chambre.

Il ramassa machinalement un sac, et le remplit de vêtements. Il ajouta un chargeur, une brosse à dents, du dentifrice, il retourna le tiroir de son bureau et rangea toutes ses économies dans son porte monnaie. Il avait plus de cinq cent euros, c'était largement assez. Il ramassa un paquet de gâteaux qui errait depuis plusieurs semaines sur le sol de sa chambre. Il se prit les pieds dans son sac piscine qu'il avait oublié de défaire la veille et manqua de tomber. Il remarqua la lame de rasoir qui était dissimulée en dessous. La regarda comme si elle l'avait brûlé. Il hésita une seconde, avant de la ramasser et de la mettre dans le deuxième sac qu'il emportait. Il enfila un gilet, mit son téléphone dans sa poche et ses écouteurs. Il ne lança même pas un regard en arrière quand il quitta la chambre dans laquelle il avait vécu pendant dix sept ans.

Il retrouva sa mère devant la porte d'entrée. Il n'avait même pas espéré qu'elle change d'avis, il était comme anesthésié. 

-Les clés. exigea Christelle en tendant une main en direction de celui qu'elle ne considérait plus comme son fils

Lentement, Newt les sortit de sa poche, et les lâcha dans sa paume tendue. 

Il ouvrit la porte, et s'en alla.

Ses pas résonnaient dans la cage d'escalier familière. C'était la dernière fois qu'il marchait sur ce sol constitué de moquette rigide, et passait sa main sur la rambarde en bois.

Il ne croisa même pas sa voisine.

Il se retrouva dehors, sous la pluie, ne sachant où aller.

Il se sentait complètement vide, hébété. Son cerveau ne parvenait pas à comprendre qu'il venait de se faire jeter dehors. Ou ne voulait pas le comprendre. La pluie était froide, et le vent glacial le traversa et le fit frissonner. 

Il mit plusieurs minutes avant d'esquisser un pas en avant. Puis un deuxième. Un troisième.

Il marchait à pas lents dans la rue, sans aller dans une direction particulière. Il ne voulait aller nulle part.

Il ne ressentait rien.

Chacun de ses pas résonnait sur le bitume, son sac à dos et son sac de vêtements sur le dos, il avançait lentement. Il ne regardait pas autour de lui, il ne réfléchissait à rien. Il posait juste un pied devant l'autre.

Ah bah merde  (Minewt)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant