Chapitre 41

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Ces derniers temps tout a été chamboulé.

Beaucoup de perturbations. De surprise. De colère. De questions. De regrets. De tristesse. 

Trop d'agitation. Le calme qui régnait en surface et que je tentais de maintenir bien en place sans rien toucher de peur de tout faire éclater a explosé en un million de débris et personne n'est là pour les ramasser. Ce n'est pas moi qui l'ai fait éclater. J'ai réagi en conséquences.

Alors aller boire un verre d'eau.

Un long moment à rester immobile. Sans bouger. Juste rester sur le canapé, attendre que le temps passe.

Beaucoup de perturbations, mais rester comme ça permet de ne pas ressentir les ondes de choc.

Pas de surprise, juste la morne routine, dans la maison déserte.

Plus d'émotions qui parasitent mon organisme, j'entends seulement les battements de mon cœur. Tout est tellement silencieux.

Des questions sans intérêt, que j'arrive facilement à chasser de mon esprit. Rien n'a d'importance de toute façon. Ça ne sert à rien de chercher des réponses. Ça ne change rien. Ça ne change RIEN !

Je me lève, marche au ralenti et retourne dans la cuisine. 

Je bois un verre d'eau.

Avec la même lenteur, surtout ne pas bouger trop vite, je retourne me coucher. Mon dos est appuyé sur une surface confortable. Je me sens presque bien. Le moindre regret qui aurait pu être resté coincé au fond de moi a disparu.

Je suis une enveloppe vide, je n'ai rien à offrir, je suis inutilisable. Enfin j'ai déjà servi. Je suis une petite enveloppe qui a tout donné au monde et qui maintenant n'est bonne qu'à être jetée. Je n'en suis d'ailleurs pas très loin. Cet appartement moisi dans lequel je traîne ma carcasse presque pourrissante depuis plus de vingt ans a des allures de poubelles. J'ajuste la couverture que j'ai mis sur moi. Il fait un peu froid.

Maintenant que je suis bien à ma place, la pièce de théâtre peut commencer.

Isaac ne va pas tarder à rentrer. Il a eu cours aujourd'hui. Heureusement qu'il est revenu après les vacances, sinon j'aurai du le supporter vingt quatre heures sur vingt quatre. J'ai pu avoir une pause. Le pire c'est que je ne sais même pas si je préfère qu'il soit là ou pas. Son connard de père ne va pas tarder lui aussi. Je retiens mon souffle en comptant les secondes. Ça me donne l'impression d'être plongée dans une Eternité.

Parfois je m'en veux d'avoir mis une chose pareille au monde. Parfois je lui en veux d'être né. Là je suis dans un tel état qu'il est difficile de décrire ce que je ressens. Enveloppe vide, il ne faut pas oublier.

Un bruit de clé dans la serrure me fait émerger de l'état agréable dans lequel je flotais. La porte s'ouvre.

Everything's been so messed up here lately
Pretty sure he don't wanna be my baby

C'est certain qu'il aurait préféré ne pas m'avoir comme mère. Je n'a vraiment pas été l'exemple de la mère aimante. Ça a toujours été très difficile pour moi de le considérer comme mon enfant. J'ai longtemps essayé, mais avant même sa naissance je le détestais. C'est viscéral, entre lui et moi.

-Je suis rentré. il me dit d'une petite voix

Je me lève doucement, abandonnant à regrets la couverture sur le canapé. Je me sens tellement somnolente... Je vois Isaac en train d'ôter ses chaussures. Lorsqu'il se redresse, il croise mon regard.

Ah bah merde  (Minewt)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant