A cœurs ouverts

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Un café à la main, je complète le tableau des blocs. La journée commence à peine, et je sens déjà qu'elle va être longue.

- Qu'est-ce-que j'ai fais ?

Je tourne la tête et croise le regard fatigué de mon petit-ami. Tu m'étonnes qu'il soit fatigué...

- Rien, pourquoi ?

Je repose mon regard sur le tableau et écris un nouveau nom.

- Tu m'évites depuis quatre jours.

- Pas volontairement... je crois.

Mensonge. C'était totalement volontaire. J'ai passé quatre jours horribles. J'ai dormis sur les lits pourris des salles de gardes, ou dans la salle de pause des titulaires. Quatre jours c'est beaucoup trop. J'ai besoin de mon lit, de ma salle de bain, de mon canapé, de mes affaires... et d'Harry.

Je suis toujours énervé contre lui... mais surtout contre moi même pour n'avoir rien vu.

- Dis moi ce que j'ai fais. T'es pas rentré à la maison depuis lundi, il y a bien une raison.

Je secoue la tête et referme le feutre du tableau.

- Tiens, je souffle en lui tendant mon café. T'as l'air d'en avoir besoin.

- Je ne dors pas, il répond en prenant le gobelet. Parce-que je ne comprends pas pourquoi tu te comportes comme ça avec moi.

- Wow ok, je ris en reposant le feutre pour me diriger vers le couloir des blocs. N'essaye pas de me faire culpabiliser, pas aujourd'hui.

- Je n'essaye pas de te faire culpabiliser, je veux juste comprendre. Qu'est-ce-qu'il y a ? Tu veux me mettre dehors c'est ça ?

- Quoi ? je m'arrête au milieu du couloir. Mais non, pourquoi tu dis ça ?

- Parce-que tu m'évites depuis quatre jours, et que tu ne rentres même pas à l'appartement. Si tu veux que je partes dis-le.

- Non, je ne veux pas que tu... Faut que j'aille au bloc. On se voit à la réunion cet aprèm.

- C'est à cause de cette réunion ? Quoi, ça va être encore un speech sur les relations titulaires/résidents ?

- C'est pas à propos de ça...

- C'est quoi alors ? Pourquoi tu ne me...

- On en discutera plus tard, je le coupe en haussant légèrement le ton. Je peux aller bosser maintenant ?

Il acquiesce lentement et s'éloigne. Je le vois jeter brutalement le gobelet dans une poubelle avant de tourner au bout du couloir. Je soupire et me masse la nuque. Bon sang vivement la fin de la journée.

* * *

Les internes et résidents s'installent tous dans la petite salle de conférence de l'hôpital. Hier ils ont tous reçu un e-mail pour leur demander d'être présent ici à 15 heures, pour une réunion d'information. Pour l'instant, personne ne sait qu'on est au courant de leurs magouilles. Je suis Harry du regard, alors qu'il entre et s'installe au milieu de la salle avec deux autres résidents de sa promo.

- Ils ont bien roulé tout le monde en tout cas, je marmonne en prenant une gorgée de mon café, mon cinquième depuis ce matin.

Niall lève les yeux vers moi et secoue ses épaules.

- D'un côté, c'était malin. On avait pas de quota pendant notre internat, on bossait quasiment autant qu'on voulait. Tu t'imagines être freiné à 48 heures par semaine ? T'es juste vexé parce-que tu t'es rendu compte de rien.