Chapitre 3: Carpe diem

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Une nouvelle journée débuta pour Jessie. Pour une fois, elle fut réveillée par le soleil; il n'était pas encore huit heure. Elle se leva, puisque rester dans son lit n'était pas vraiment la chose la plus agréable pour la jeune fille. Ses pieds entrèrent en contact avec le sol en bois de sa chambre. Elle aurait tellement aimé avoir un tapis, comme il y en a par exemple devant les portes d'ascenseur de chaque étage -réservé au personnel. Jessie imagina le bout de ses orteils toucher le matériau si doux. Ce genre de désir montait parfois à la tête de Jessie qui imaginait sa vie avec plus de confort.

Elle sortit de sa chambre. Le couloir était encore désert. Il était plutôt large, les murs recouverts d'une couche uniforme de peinture blanche. Des lampes étaient disposées de chaque côté à intervalle régulier. Le sol quant à lui, était assez particulier: il était constitué d'une moquette rouge, plutôt unique dans le secteur. Cet élément plaisait à Jessie. Elle n'était habituée qu'à des couleurs froides ou basiques, comme le blanc. La salle de bain était par exemple carrelée entièrement de bleu. Les nombreuses douches portaient toutes des rideaux de la même couleur. Elles étaient face à un évier gigantesque mais unique qui laissait beaucoup de place pour que les habitantes puissent se laver les dents et se coiffer. Sur les côtés latéraux se situaient les toilettes, toujours sales et parfois bouchées.

Jessie choisit sa douche avec soin, elle ne voulait pas en avoir une qui fuie. Venir dans cet endroit avant la foule avait de nombreux avantages. Elle fit couler l'eau sur son corps; froide évidemment. La basse température ne la gênait pas, cela lui aérait étrangement l'esprit. Après avoir complètement fini sa toilette - ce qui ne lui prenait jamais plus de dix minutes - Jessie se dirigea vers un petit comptoir à la sortie de la salle de bain, derrière lequel se tenait une femme du personnel. Sans même la regarder, cette personne lui demanda son numéro de chambre. Une fois la réponse obtenue, elle se retourna pour attraper une pile de vêtements propres située dans une des nombreuses cases d'un meuble géant. La jeune fille se dirigea vers sa chambre pour se changer. Une fois cela fait, elle descendit enfin dans la cour extérieure pour manger, en passant par les escaliers situés à un bout du couloir.

Comme d'habitude, son repas fut avalé extrêmement rapidement, et Jessie reparti en sens inverse pour s'en aller dans sa chambre. Elle avait un peu de temps avant le début de ses cours. Le plus souvent ils traitaient de l'histoire du monde, ou alors du fonctionnement interne de la Boîte. Ces informations étaient importantes pour les jeunes habitants qui devaient apprendre d'où ils venaient, et grâce à qui ils avaient la chance de vivre en dehors des problèmes extérieurs à la Boîte.

Jessie avait toujours été très curieuse de savoir comment se passait la vie hors de la Boîte: à quoi ressemblait les paysages, la nature. A vrai dire, Jessie ne savait même pas s'il existait d'autres Hommes sur Terre qu'au sein de la Boîte. Elle aurait aimé pouvoir poser la question, mais elle n'en avait pas les moyens. Les vidéos sur le sujet utilisaient généralement des termes assez vagues. La jeune fille ne pouvait même pas estimer le nombre d'habitants qui vivaient dans la Boîte. Il est vrai que ce qu'elle apprenait lui permettait de connaître un minimum d'informations sur l'endroit. La leçon de la matinée illustrait parfaitement cela.

Jessie apprit dans les heures qui suivirent comment se déroulaient les "accouplements", permettant à la Boîte d'être toujours fournie en nouveaux jeunes. Deux adultes choisis au hasard et de sexes opposés étaient convoqués dans un laboratoire spécialisé dans ce domaine situé dans la zone - chaque secteur en avait un qu'il lui était propre. A chacun des deux individus, on prélevait un gamète, puis les deux étaient mis en contact par des scientifiques, et l'ovule créée était implantée chez la femme, qui tombait enceinte. Au bout de six mois, elles étaient toutes transférées dans le secteur O, spécialisé dans les accouchements et la maternité. Un hôpital gigantesque était installé là-bas. Une fois qu'elles avaient mis au monde leur enfant, elles revenaient habiter dans leur secteur d'origine et reprenaient leur travail. Seuls des membres du personnel étaient autorisés à s'occuper des petits. Les jeunes ne pouvaient commencer à vivre auprès des autres habitants qu'après avoir passé la barre des six ans. Souvent, ils venaient habiter dans le secteur de leur parents, mais sans jamais connaître leur identité, et réciproquement. C'est ainsi qu'étaient faites les choses.

Jessie avait quelques vagues souvenirs de cette période de sa vie. Ce dont elle se remémorait parfaitement, étaient les mots qu'on lui répétait tous les jours : "Ne t'exprime pas". C'est seulement à son arrivée dans le secteur U qu'elle avait connu les règles en vigueur au sein de ce nouvel endroit. Jamais elle n'en avait enfreinte une seule.

La vidéo qui défilait devant ses yeux s'arrêta subitement. Il était l'heure pour elle de descendre manger.

Son après-midi se passa comme toutes les autres. Cette fois, elle apprit comment les Hommes autrefois vivaient avec le feu. Ce contenu intéressa Jessie, qui voulait en apprendre d'avantage sur le sujet. Ils étaient décrits comme des sauvages, dont les Hommes actuels n'avaient rien à envier.

Une fois libérée de ses obligations, après le dîner, Jessie s'installa sur son lit peu confortable. Elle n'avait pas vraiment profité de cette journée, qui serait la dernière à être si ordinaire pour l'adolescente.

On ne cherche pas le bonheurOù les histoires vivent. Découvrez maintenant