On ne cherche pas le bonheur

Chapitre 18: Ruse contre force

Jessie était clouée sur place, médusée par ce qu'elle venait de voir. A ses pieds gisait un homme inconscient. A l'origine de cet étrange événement se trouvait le compagnon de la jeune fille. Tout s'était passé si vite.

***

Les deux êtres tapis dans leur grotte étaient en train d'écouter à leur insu trois soldats issus du secteur U, qui les poursuivaient à l'origine. Le hasard les avait fait s'arrêter à l'entrée même de la cachette des fugitifs. Ils débattaient sur le besoin de boucler le périmètre ou non, pour être sûrs que si ceux qu'ils cherchaient y étaient, ils seraient attrapés à tous les coups.

Alors que le chef du groupe s'apprêtait à répondre positivement à la demande d'un subalterne, John avait réagi, vif et implacable. Il avait tout d'abord poussé silencieusement Jessie vers le fond de la grotte sans rien lui dire, pressé par le temps. Etant donné l'obscurité dans laquelle ils étaient plongés, elle n'aurait pas pu voir ses signes de toute façon. S'il avait agi de la sorte, c'est parce que le fin stratège savait qu'il aurait besoin d'espace pour sa manœuvre. A pas feutrés et rapides, il s'approcha du petit trou qui menait vers l'extérieur. D'un brusque coup il y passa le bras et attrapa le mollet du chef avant de le tirer d'un coup sec.

Celui-ci, loin d'être préparé à ce genre d'attaque perdit l'équilibre et s'écrasa lourdement au sol. Ses deux compagnons n'avaient rien vu venir. Avant que le gisant ne puisse reprendre ses esprits, c'est-à-dire tout de suite après qu'il soit tombé, il fut tiré sans aucun ménagement vers l'intérieur la grotte, et son corps vint détruire la couverture de pierre que John avait donné à son entrée, ce qui laissa derrière son passage un trou plus large par lequel un corps humain pouvait s'engouffrer. De l'extérieur, on ne pouvait rien voir, à part une simple bouche morbide de caverne humide.

La suite s'était passée dans un noir complet. Le partenaire de Jessie profita de l'obscurité et de l'effet de surprise pour assommer rapidement son adversaire. C'est ce que les bruits étouffés du combat avaient tout du moins laissé imaginer. Le corps du soldat désormais inconscient gisait désormais sur le sol boueux de la caverne. Jessie était tout simplement bluffée par son compagnon. Il avait agi si vite, et tellement efficacement.

Seulement un court instant après le début de l'assaut, la scène fut éclairée par une lumière blanche provenant de l'extérieur. L'un des deux soldats restant avait eu la présence d'esprit d'allumer sa lampe torche pour mettre fin au noir envahissant la grotte.

Instinctivement, les deux fugitifs se plaquèrent contre les parois rocheuses pour éviter d'être vus. Cette entré de lumière soudaine permis à Jessie de voir la position de chaque corps, conscient ou non, présent à l'intérieur de la grotte. Ils étaient toujours trois pour l'instant. Aucun des deux autres soldats n'avaient eu le courage de pénétrer la zone du combat, par peur d'être victime d'une autre embuscade. Jessie eu le temps de voir que le talkie-walkie du chef se trouvait non loin de là, près des pieds de John. Ce dernier était posté au niveau du corps au sol, mais n'osait pas bouger, de peur qu'un de ses membres ne dépasse de l'obscurité offerte par les bords et ne soit repéré.

A l'autre bout de sa position, Jessie discernait que le soldat qui portait la lampe s'était accroupi pour tenter de mieux voir ce qu'il s'était passé à l'intérieur. Elle ne pouvait voir son visage puisque le faisceau lumineux était totalement en direction du sol de la caverne.

La réaction de l'homme ne se fit plus attendre.

        - Commandant Lewis? Si vous nous entendez, faites un signe.

Devant le calme évident du corps qu'il ignorait être inconscient, le soldat reprit, cette fois en direction de son autre camarade.

        - Tu penses que c'est une bête sauvage qui a fait ça?