Il existe un type d'histoires que tous les enfants connaissent. On les trouve dans des livres pour adolescents à la bibliothèque de l'école, ou dans des séries B américaines. Elles se ressemblent toujours toutes.
Certains jeunes se rendent dans une grande maison abandonnée, en plein milieu de la nuit pour y dormir et se faire peur. La lune brille, et... Vous connaissez le reste. Un loup-garou, un tueur violent avec un crochet à la place du bras ou un fantôme agressif effraie les ados, les tue ou les blesse, d'une façon ou d'une autre.Paradoxalement, ce sont justement des histoires comme celles-là qui poussent les enfants, peut-être majoritairement des garçons, à faire de telles bêtises. C'était, en tout cas, comme ça que ça s'est passé pour moi. Mais je n’ai en aucun cas trouvé une maison abandonnée, une pleine lune ou un tueur assoiffé de sang. Pour moi, ce fut quelque chose de différent. De plus froid. De plus sombre.
Je venais juste d'avoir quatorze ans. L’air automnal avait peu à peu pénétré la ville. Il y avait une brise agréable et fraîche, qui répandait l'odeur de châtaigniers et de feuilles mortes. Ce jour-là venait de se finir, la respiration des passants formait de minces nuages de buée dans l'air. Trop chaud pour un manteau d'hiver, trop froid pour un simple pull.
Cette après-midi-là, quand Johan, Jonathan et moi-même sommes sortis, pour « explorer », comme on disait... Je ne me doutais pas que ce jour-là, cette après-midi-là, j'y repenserai chaque jour pour le reste de ma vie. Je me réveillerai d'innombrables nuits avec un cri coincé dans la gorge, le front trempé de gouttes de sueur. Et j'essayerai d'oublier.
Je me souviens de combien la terre était froide sous mes pieds, malgré mes deux paires de chaussettes. Le chemin qui descendait vers « la Cerp » était trempé et glissant, et mes vieilles chaussures de sport usées n'arrangeaient rien.La Cerp, c'était le surnom du bâtiment en briques rouges, long et étroit, qui se situait tout à la fin d'un petit chemin de gravier, à environ dix minutes à pied de la station d'essence en bordure du village. Le nom « la Cerp » vient de C.C.E.R.P., une abréviation pour « Centre de Collecte Et Recyclage de Papier », qui était autrefois un point de rencontre pour les familles responsables voulant contribuer à un avenir meilleur en recyclant leurs déchets. Maintenant, de hauts arbustes encerclaient le bâtiment, et le chemin qui y menait devenait chaque année de plus en plus étroit, à mesure que la forêt se rapprochait.
Mais notre objectif, ce n'était pas la Cerp. Ce bâtiment n'était pas la raison pour laquelle j'avais dans mon sac une lampe torche et des batteries supplémentaires, ni pour laquelle Jonathan avait commencé à dire: « Euh, les gars, on s'en fout de la Cerp maintenant ou...? »
Ce n'était pas non plus ce pour quoi mon souffle se faisait de plus en plus court, ni ce pour quoi mon ventre se serait.
Derrière la Cerp, le chemin de gravier menait à un versant de montagne de vingt-cinq mètres de haut, une grande barrière grise qui s'élevait jusqu'à une forêt de pins en amont, où la forêt ne cessait de s'étendre. Qu'il y ait une entrée dans le versant de la montagne n'était pas nouveau. Ce qui l'était en revanche, c'était que celle-ci se trouvait à présent être accessible. Nous ne savions pas pourquoi la porte en acier se trouvait là, dans l'énorme montagne, et j'ai par la suite passé de nombreuses heures à parcourir les archives de l'État et les archives municipales à la recherche d'une explication. J'ai fait des recherches sur Google des centaines de fois, attendu des heures au téléphone pour parler avec des administrateurs peu suspicieux. Je n'ai jamais réussi à savoir ce qu'était cette porte, ou ce que j'avais vu à l'intérieur. Et par la suite, je n'y suis jamais retourné.
Mais pour l'heure, la porte était là. Vert foncé, elle semblait peser une tonne. D'aussi loin que je puisse me souvenir, les grosses orties qui la bloquaient avaient été tuées par un petit feu d'herbes, plus tôt en été. Nous avons presque immédiatement commencé à parler d'y entrer. Et oui, c'était quelque chose que nous voulions tous. On aurait dû être dix pour explorer le monde au-delà de la porte, on aurait pu y passer une journée entière sans difficulté. Mais la semaine qui précédait l'aventure, les changements d'avis avaient commencé à tomber. Mes amis ont, les uns après les autres, trouvé des excuses, ont regretté leur choix ou ont juste arrêté de répondre quand on les appelait. Il n'y avait maintenant plus que Johan, Jonathan et moi-même.
Quand j'ai posé la main sur la poignée de la porte, j'ai presque espéré qu'elle soit fermée à clé, mais elle a cédé sans problème. Celle-ci était silencieuse, aucun grincement ne s'est fait entendre à son ouverture. Cependant, sa lourdeur et le bruit de son frottement sur l'herbe donnaient l'impression que la porte, l'entrée même de la montagne, soupirait.
Dès le battant ouvert, une odeur de pierre froide et humide, et d'air renfermé, m'a frappé au visage. Je me souviens encore d’un relent de métallique coincé dans mes narines. L'obscurité à l'intérieur était compacte, et la seule source de lumière provenait de l'ouverture de la porte. Les seules choses que je pouvais voir sur le sol bétonné étaient des papiers dispersés, un journal, des déjections de rat, et...
Mon cœur s'est figé. Quand mon regard s'est posé sur l'objet, j'ai seulement vu deux petits yeux noirs comme du charbon qui me fixaient. Mon corps hésitait entre fuir et en découdre, mais je ne pouvais que rester immobile. Après quelques secondes, mes nerfs se sont apaisés, et j'ai vu qu'il n'y avait rien de vivant qui reposait là, sur le sol. Rien non plus qui avait, un jour, vécu. Un ourson en peluche brun et hirsute, à peu près grand comme un gant, se trouvait là. Il était allongé sur le côté, comme si quelqu'un l'avait jeté ou laissé tomber là. Et maintenant, les yeux d'épingles noirs me fixaient. La bouche, un morceau de tissu rouge-rose, était tordu en un léger sourire, comme si l'ours en peluche me voulait du bien. Ou, peut-être ricanait-il.
Toujours un peu tremblant, j'ai fait quelques pas à l'intérieur. Je pouvais maintenant voir distinctement qu'il s'agissait d'un simple ours en peluche, et même si j'étais un peu dépassé, ce n'était rien qui valait la peine d'y prêter attention. Je refusais cependant de m'en approcher, je ne voulais pas le regarder, ni le toucher. Mon for intérieur hurlait que ce n'était pas normal, que je devais faire demi-tour. Mais j'ai continué.
J'entendais derrière moi les respirations saccadées de mes deux compagnons tandis que j'allumais ma lampe torche. La pièce dans laquelle nous nous tenions maintenant était grande d'environ vingt mètres carré. Contre le mur était placé un gros placard à fusibles sur lequel des tableaux aux cases remplies étaient scotchés, bien que celles-ci étaient illisibles. Une plus petite table ainsi que quelques chaises se tenaient dans un coin. L'air, quant à lui, était froid et humide.
En bas de la pièce, un des murs s'ouvrait sur un passage plus long avec de gros tuyaux au plafond et des murs nus, sans portes. En réalité, je voulais faire demi-tour, mais il était, en même temps, impossible de résister. J'avais l'impression d'être un explorateur qui découvrait courageusement des pays dans lesquels personne n'était encore allé. Je pensais que l'endroit était vide depuis longtemps et qu'il n'y avait aucune raison d'avoir peur. Plus tard, j'apprendrai qu'une seule de ces deux choses était vraie...
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Creepypasta et histoire horrifique
HorrorRecueil de Creepypasta et autres histoire horrifique avec des photos ou vidéos comme seule et unique preuves de leur véritable existence. ~~~~~~~~~~~~~~~~~ Publication régulière 2 nouvelles histoires par jour, sur le mois d'halloween. ~~~~~~~~~~~~~~...