V. batterie faible

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« Quelqu'un m'a poignardé, je suis chez Max.

– Hein ? Attends une seconde, quoi ?

– Longue histoire. Je suis sorti hier de l'hôpital. Je vais bien. »

D'ici là, je vois la tête ahurie qu'il doit tirer. On peut pas dire que j'y sois allé par quatre chemins, certes. Je n'ai pas vraiment envie de rentrer dans les détails de cette soirée pour l'instant.

Tous ces mauvais souvenirs sont encore trop frais, les raviver, ça ne m'aide pas vraiment à me sentir bien.

« Par contre... n'en touche pas un mot à Eiji, surtout, m'empressé-je d'ajouter.

– Pourquoi ça ?

– Parce que c'est le mieux pour lui, réponds-je. Je n'ai pas envie qu'il s'inquiète trop pour moi. »

Shunichi reste muet. Il pousse un soupir.

« Il ne voudrait sûrement pas que je te le dise, mais je l'ai entendu beaucoup pleurer, même si j'ai fait de mon mieux pour lui changer les idées, me raconte-t-il. Je ne l'avais pas vu aussi déprimé depuis qu'il a tracé un trait sur le saut à la perche. Et même, cette fois-ci, ç'a l'air d'être encore plus dur.

– Je... S'il doit savoir quoi que ce soit, je veux que ce soit moi qui lui dise, dis-je, le cœur un peu serré. Mais peu importe. Bientôt, je vais venir au Japon et le retrouver.

– C'est génial, Ash, réagit chaleureusement Shunichi. Tu lui manques vraiment... Je sais qu'il n'attend que de t'avoir à nouveau à ses côtés.

– Je l'espère...

– Rétablis-toi bien. Je vais y aller, je t'envoie le numéro dans un instant. Appelle-le, il en serait ravi.

– Entendu... Merci encore, et au revoir, Shunichi. »

L'appel se termine ainsi. Je soupire de soulagement. C'était un peu moins dur que ce que je croyais.

Mon téléphone vibre à peine cinq secondes plus tard. Et bah, il a fait vite. En dessous du numéro s'affiche un second message.

"N'oublie pas qu'il vit encore avec sa famille. Je ne connais pas trop leur niveau d'anglais, tu crois que tu pourras te débrouiller pour parler avec eux ?"

"J'y arriverai, t'inquiète"

C'est le cadet de mes soucis. Le plus important est que je puisse joindre Eiji à coup sûr.

Y a vraiment pas un seul petit paquet de clopes dans cette maison ? Je vais devoir m'en passer d'ici à ce que je sois de retour à New-York. Pourtant, c'est maintenant que j'aurais besoin de décompresser.

***

Droite. Gauche. Personne.

C'est plutôt rassurant que les ruelles soient vides. Les rues peuvent rapidement changer de boss, même si je pense mon gang assez fort et soudé. Est-ce qu'ils ont su garder notre territoire ?

Je n'ai plus de gun. Sing a dû le récupérer, pour que personne ne le retrouve directement sur moi, sûrement. C'était pas une idée stupide, au contraire, mais je serais dans de beaux draps si je rentre dans un groupe d'individus malintentionnés cette nuit.

Quelques racailles bourrées font mumuse avec leurs armes en sortant d'un bar, ils tombent sur moi et m'arrachent la gueule pour rire, fin de l'histoire. Ces cas-là sont plus courants qu'on ne puisse l'imaginer.

Avec mes douze heures de sommeil sur six jours, sans compter ma plaie en pleine cicatrisation, je n'ai clairement pas assez d'énergie pour me donner à cent pour-cent dans un combat. Je suis beaucoup plus vulnérable que d'habitude.

Je suis là.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant