IX. quand le jour viendra

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Une maison plutôt pittoresque, au milieu d'un quartier aux allures traditionnelles. Sa maison à lui.

Je contemple les lieux de l'extérieur. C'est la première fois que je visite une demeure avec une architecture comme celle-là. Le jardin est plutôt simple, gazon rasé et décoré de dizaines de petits pots en porcelaine.
Je m'accroupis pour observer le contenu de ces derniers tandis qu'Eiji se met à chercher ses clés dans ses poches. Je suis pas jardinier mais je crois que je peux affirmer que ces fleurs sont mourantes.
C'est pourtant une sacrée collection, en train de faner devant l'entrée. Une petite feuille de rosiers tombe au fond, rejoignant le terreau craquelé.

« Merde...

– Ça va ? demandé-je, me tournant de trois quarts vers Eiji.

– Oui, oui, c'est juste que... Attends deux secondes... »

Il cherche frénétiquement dans son sac, se mordant la lèvre, mais finit par me regarder, l'air abattu.

« Je crois que j'ai laissé mes clés à l'intérieur, en partant...

– Bah, je peux toujours te la défoncer, si tu veux.

– Merci, Ash, réplique sarcastiquement Eiji, à deux doigts de sourire sous son air sérieux. On va trouver un moyen plus pacifique d'entrer, hmm ?

– Bon... t'es sûr qu'il n'y a personne là-dedans ?

– Ma mère n'est jamais là, et ma sœur est à son cours d'anglais, dit-il, elle rentre à dix-huit heures, je crois... »

Eiji s'assoit sur une marche, posant son sac sur ses genoux avec frustration. Mmmh... ouais, mais non. Pas moyen qu'on attende plantés là, je vais l'ouvrir coûte que coûte, cette porte.

Sauf que sans l'endommager, c'est un peu plus challenging.

J'appuie sur la sonnette une fois, pour voir. Au point où on en est...

« Elle sera là dans une heure, Ash. Te fatigue pas pour rien...

– Attends, je teste un truc. »

Je laisse mon doigt enfoncé sur le bouton, faisant retentir le bruit si longtemps que c'en devient ridicule. Eiji finit par se retourner vers moi, souriant, tout en secouant la tête. Son rire finit par s'élever. Ravi que mon obstination ait pu le divertir...

Sauf que cette rigolade se termine bien vite, quand le son d'une clé tournant dans la serrure se manifeste soudain. Je m'écarte du palier, aussi étonné qu'Eiji par la tournure effective de ma blague. Wow. La méthode américaine a mené à quelque chose, mais je ne pense pas que je devrais m'en réjouir pour autant.

Une adolescente à la coupe carré court nous regarde avec des yeux ronds. Je devine d'office de qui il s'agit; la fameuse petite sœur. J'ai failli la méprendre pour une enfant, avec sa frange et sa petite taille, lui donnant un air enfantin. Ses traits ont la même douceur que ceux d'Eiji.

Douceur qui, en ce moment précis, n'est pas vraiment au rendez-vous dans le regard de son frère, d'ailleurs. Il a l'air carrément furieux. Un peu plus qu'on ne devrait l'être pour une petite sèche de cours extrascolaire... Je vais me réserver de dire ça, conseiller à Eiji de relativiser serait une mauvaise idée, là, tout de suite.

Sa sœur me jette un demi-regard en marchant droit jusqu'à son frère. C'était discret, mais je l'ai quand même sentie me dévisager rien qu'en une demie seconde. Tu m'étonnes. J'imagine que c'est pas fou de se faire disputer devant un total inconnu.

Y'a une tension pas possible dans l'air. Je me sens vraiment de trop, là. Coincé entre deux japonais ayant des comptes à se rendre. Eiji prend la parole le premier. À en juger à sa voix glaciale, j'imagine qu'Eiji doit l'engueuler méchamment, là. C'est qu'il prend vraiment son rôle d'aîné à cœur.

Je suis là.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant