ANNA - Partie I : Chapitre 1 - L'arrivée inattendue

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L'arrivée inattendue

Anna ouvrit les yeux

Elle entendait

Le craquement des planches

Et le sifflement léger du vent.

Elle releva la tête

Elle se sentait lourde, et engourdie.

Depuis combien de temps était-elle allongée là, inconsciente ?
Elle sentait le pont en bois se lever et se rabaisser à un rythme régulier, sous elle, suivant sans doute le roulis des vagues.

Elle était donc sur un bateau.
Elle releva la tête

Devant elle se trouvait un fouillis de tonneaux, de cordes et de caisses en bois.

Elle était visiblement à la proue du navire.
Elle s'approcha de cette dernière, afin d'observer la mer. Elle avait toujours aimé la mer.

Elle fit quelques pas, et sentit le pont se soulever de nouveau, bien plus fort qu'auparavant.
Elle garda l'équilibre en agrippant le bastingage qui formait un arc-de-cercle à l'avant du navire.
Alors que le pont reprenait son plat, un mugissement tonitruant retentit :

« MOOOOH ! »

Anna tendit l'oreille

Ce cri ne ressemblait au cri d'aucun animal dont elle avait le souvenir

D'ailleurs, elle avait beau tenter de se concentrer, impossible de s'en représenter mentalement le moindre.

Elle balada son regard tout autour d'elle

Ce navire ne possédait aucun mât, ni voile.
Et il ne semblait pas marcher à moteur.
Elle était de plus en plus désorientée
Elle tendit l'oreille, pour entendre le bruit des vagues ;

Rien. Pas de vagues. Pas de bruit du tout. Rien que le sifflement du vent, et une espèce de respiration sourde, qui avait l'air de venir de sous ses pieds

Elle avait presque... Peur.
Elle se retourna, pour enfin constater la mer par-dessus le bastingage

Son souffle se coupa

Le pont se souleva une fois encore

Elle n'eut aucune réaction au nouveau mugissement, un peu plus doux, qui s'ensuivit

La mer

Sous ce navire

Avait disparu

Ou plutôt, elle n'avait jamais été là

Ce n'était que du ciel, à perte de vue .

En guise d'océan, il y avait une réflexion du ciel bleu turquoise empli de nuages épars.

En haut, en bas, à droite, à gauche. Partout, un ciel uniforme et continu, d'un bleu magnifique, rempli d'immenses nuages d'un blanc laiteux.

Elle eut un mouvement de recul, incapable de comprendre ce qu'elle venait de voir
Elle se précipita vers le bastingage à tribord du navire

Elle fut littéralement soufflée en arrière

Une immense aile blanche, couverte de plume, venait de se rabattre, fouettant le vent de cette infinité de ciel

Ce navire était en réalité construit sur le dos d'une gigantesque créature ailée

Anna se laissa tomber à terre, la tête dans les mains

Elle n'arrivait pas à se rappeler comment elle avait atterri ici

Et cet endroit lui donnait l'impression d'être complètement fantasmé

Etait-ce un rêve ? Un cauchemar ?
Elle se mit une claque, pour en être sûre :

« Aïe ! »

Elle ne se réveilla pas

« Tu devrais pas te frapper comme ça. Tu vas te faire mal ! »

Anna se redressa.
Cette voix, apparement masculine, l'avait ramenée à la réalité

Elle chercha quelques instants d'où elle était venue ;

Un deuxième étage du pont se trouvait à quelques mètres d'elle, séparé du premier par un petit escalier en bois d'une demi-douzaine de marche

Sur cet étage, derrière un gouvernail lui-même accroché à un complexe système de cordages et de poulies,

Un homme tenait la barre, le regard tourné vers l'horizon.

« J-je suis désolée... Vous êtes qui ? »

« Ahah ! » S'exclama l'homme, en lâchant une main de sa barre, « C'est plutôt à moi de te demander ça, non ? »

Anna sentit ses joues chauffer. Elle ne savait pas trop quoi faire. Elle se releva, épousseta ses vêtements, un peu gênée, et continua de fixer le capitaine du navire ; elle avait du mal à distinguer son visage, de là où elle était ; d'autant plus que ses cheveux blonds vénitiens mi-longs cachaient son profil.

« Moi, c'est Anna. J'ai au-cune idée de comment j'ai atterri ici. » Avoua la jeune fille, impuissante

Le capitaine tourna légèrement la tête vers elle, avant de faire un mouvement du menton, lui indiquant de monter le rejoindre.
Anna s'exécuta sans trop réfléchir ; elle était totalement perdue, et ce type avait pas l'air hostile.

Elle se retrouva auprès de lui, continuant de l'observer ; il avait l'air jeune, avec tout de même quelques années de plus qu'elle.

« Tu es apparue... Je ne sais pas ce qu'il s'est passé. Mais ne t'en fais pas. Je vais t'aider. »

« M-merci... »

« Tu peux m'appeler Scham. Capitaine Scham. »

Il avait ajouté cette appellation un peu trop rapidement, comme si ce titre était plus un souhait de sa part, qu'un véritable sobriquet qui lui était attribué.

« Merci, Scham. Je comprends rien du tout... Je sais même pas d'où je viens... »

« C'est pas grave. » La rassura-t-il. Sa main qui ne tenait pas la barre vint saisir délicatement le menton d'Anna

Il tourna complètement la tête vers elle

La jeune fille se mordit la lèvre

Il était beau

La mâchoire marquée, les yeux bleu-vert.

« L'important, c'est de savoir où tu vas. » Continua-t-il, son regard plongé dans celui de son interlocutrice.

Il lui tourna doucement la tête

Anna mit quelques secondes avant de comprendre ce qui était attendu d'elle

Un autre navire-créature passa par-devant eux. La personne qui le pilotait fit un signe au capitaine Scham, qui lui répondit d'un hochement de tête.

Encore plus loin, quelque chose commençait à se détacher du ciel, à mesure que leur embarcation volante avançait.

Anna plissa les yeux

Ca avait l'air grand

Très grand.

C'était entouré d'autres créatures, virevoltant tout autour

Elle entrouvrit la bouche, comprenant enfin ce qui se trouvait, au loin, perdu dans les nuages :

« C-c'est une ville ? Une ville volante ? »

« Ca, Anna, c'est Fantasmagoria. Bienvenue à la capitale de la Mer de Nuages. »

Chroniques de Fantasmagoria - Livre 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant