Chroniques de Fantasmagoria - Livre 1

ANNA - Partie III : Chapitre 18 - Après-coup

Après-coup

Scham fit doucement atterrir les deux Lullems au milieu de la plaine rocheuse, non loin de la pierre où ils s'étaient rassemblés plusieurs minutes plus tôt, afin que Faure ne leur explique le plan.

Loan sauta du Lullem pour rejoindre les trois personnes de main qui étaient restées garder les chevaux, et commença à discuter avec eux.

Le capitaine fixait l'endroit que Faure avait indiqué plus tôt comme étant l'entrée de la base.

Anna jeta un œil dans la direction du jeune garçon qu'elle avait récupéré au repaire : il avait la tête baissée.

Etait-ce de peur, de honte ?

« Je m'appelle Anna. » Sortit-elle simplement, prenant une voix qu'elle essayait de rendre la plus accueillante possible.

Le garçon ne répondit pas ; il se contenta de hocher légèrement la tête.

« MEL ! »

Scham venait de hurler son nom si fort qu'il l'avait fait résonner dans toute la plaine.

Anna se tourna immédiatement vers l'autre côté du bateau.

Au loin, tenant une torche, se trouvait effectivement Mel.

Elle avait le pas rapide.

Scham sauta du Lullem, suivi d'Anna, qui préféra emprunter l'échelle.

Elle sentit un poids se libérer en elle ; ils allaient bien. Derrière Mel, un attroupement avançait à rythme inégal. Certains boitaient.

Anna commençait à paniquer. Elle ne voyait pas Jabu.

Ni Naël.

Ni Charm.

Faure se détacha du groupe, pour s'avancer jusqu'aux côtés de Mel.

« Qu'est-ce qu'il s'est passé ? » S'enquit le capitaine Scham

Lorsque les deux femmes se trouvèrent à sa hauteur, il y eut un instant de flottement.

Puis Mel le prit dans ses bras.

Anna les fixait, dubitative. Elle se tourna vers Faure :

« Faure ? Qu'est ce qu'il s'est passé ? »

Faure souffla bruyamment. Elle ne voulait pas répondre. Ses hommes et femmes de main continuaient à affluer autour d'eux. Une bonne moitié était blessée.

Anna aurait juré qu'ils étaient moins nombreux qu'au départ.

Ce fut Mel qui répondit à la question, après avoir terminé son accolade avec Scham :

« La diversion a pris bien trop d'ampleur... On s'est retrouvés avec des dizaines et des dizaines d'entre eux sur le dos... On s'est fait submerger. Lorsqu'on est arrivés au centre de la base, avec Jabu, on a dû se rendre à l'évidence qu'ils avaient fait disparaître toutes les marchandises de Drojean. On a été poussés vers la sortie et... on a dû se battre. Salement. »

« Jabu est mort. » Lança Faure en serrant les dents, rapidement, comme on enlève un pansement d'une plaie pour éviter que la douleur ne dure trop longtemps.

Certains des compagnons de Faure baissèrent les yeux. Les autres ne réagirent pas. C'étaient les aléas, malheureusement.

« Et... Naël ? Et Charm ? » S'inquiéta Anna, la voix aiguë.

Les derniers hommes de mains avaient fini de s'approcher, et elle ne voyait plus qu'une dernière personne approcher au loin, qui tenait manifestement quelque chose dans ses bras.