JVOR - Bataille pour l'Île des Gardiens du Ciel

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Jvor - Bataille pour l'Île des Gardiens du Ciel

JVOR

Jvor avait toujours été un sceptique des Lullems. En tout cas de l'usage qu'on en faisait. Pour lui, ils étaient tels des oiseaux ou des créatures des eaux ; des animaux sauvages, avec une identité et une volonté propre ; pas des esclaves dépourvus d'intelligence qu'il faut exploiter afin de satisfaire les desseins mercantiles des hauts dignitaires de la Mer de Nuage.

Alors, lorsqu'on lui proposa cette mission de la plus haute importance, il accepta sans hésiter.

'Sauver l'Île des Gardiens du Ciel.'

Rien que ça.

Il se répétait ces mots sans cesse, les emplissant d'un émerveillement teinté de raillerie.

'Sauver l'Île des Gardiens du Ciel, qui tombe dans le Gouffr.'

Évidemment, ce fait était bien plus complexe que cela, mais Jvor avait autre chose à faire que d'écouter le blabla des scientifiques. Ce qu'il voulait, lui, c'était agir.

« Capitaine, on arrive à portée de l'Île.»

Ses soliloques furent brutalement stoppés par l'intervention de son second, Tera.

« Ouais, j'ai vu. » Grogna Jvor.

Il n'aimait pas ce second. On le lui avait assigné pour cette mission car il aurait sauvé in extremis un ou deux Navires de Flashs, mais le capitaine aguerri n'y croyait pas. Un jeunot comme lui n'avait sans doute aucune expérience du terrain, on le lui avait simplement collé car l'administration n'avait pas confiance en ses capacités de capitaine.

Tout ça à cause d'une malheureuse réunion un lendemain de beuverie... Quelle blague.

Le capitaine s'approcha du bastingage, sur le pont supérieur de son Navire :

« Kona... Tout va bien aller » Chuchota-t-il avec douceur, en caressant lentement le bois de la barrière.

Comme pour lui répondre, il sentit la Lullem émettre une longue inspiration, suivie d'une bruyante expiration sous la forme d'un mugissement puissant.

Elle était nerveuse. Le capitaine aussi.

Il leva la tête bien haute, étant presque sur la pointe des pieds, pour regarder autour de lui.
Dans l'infinité du ciel se tenait très précisément cinquante-deux Navires-Créatures ; il était le cinquante-troisième du compte.

Il frissonna légèrement à cette vue

Il était contre l'utilisation abusive des Lullems, certes, mais leur utilisation comme moyen de transport n'était pas à blâmer en soi, selon lui –surtout si c'était pour une noble cause-.

Et cette vue aurait fait frémir n'importe qui

Cinquante-trois Lullems, alignés en quinconce, certains légèrement avancés sur les côtés pour créer une sorte d'arc de cercle. Des Lullems verts, des Lullems rouges, des Lullems bleus comme Kona, pensa Jvor... Mais aussi des jaunes pâles, des roses clairs, et il aurait juré en avoir vu un violet, qui venait sans doute d'Aeroth, où les plus beau spécimens étaient précieusement gardés, soignés et choyés

Ils s'approchaient, lentement mais sûrement, de l'Île.

Elle devait faire un bon tiers de la taille de Fantasmagoria. Elle était entourée de nuages gris, rendant à peine dicible ce qu'il se passait derrière.

Aucun Lullem n'en sortait.

Jvor regarda à droite et à gauche, nerveux, cherchant une réaction chez les autres capitaines, voir s'il était le seul à constater cela. Malheureusment, il était incapable de déceler les traits de leurs visages d'aussi loin

Chroniques de Fantasmagoria - Livre 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant