Piégés
Une goutte.
Deux gouttes
Trois gouttes.
Soixante-quinze gouttes.
Anna avait perdu la notion du temps. Depuis combien de temps ces gouttes lui tombaient dessus ?
Elle finit par croire qu'il ne s'agissait que d'un rêve.
Quatre-vingt gouttes
Quatre-vingt-une gouttes
Quatre-vingt-deux gouttes
Elle se réveilla.
Ce n'était pas un rêve.
Elle se redressa d'un seul coup, les yeux grands ouverts, arrachant son corps au supplice que lui provoquait la chute répétée des gouttes sur son dos.
Après les quelques secondes que mirent ses yeux à s'habituer à la soudaine luminosité, et que son corps mit à retrouver l'équilibre, elle réussit enfin à collecter ses pensées, et tenta de comprendre où elle se trouvait.
Devant elle, à trois mètres, le mur d'un petit couloir, entièrement en bois du sol au plafond, éclairé par des lanternes.
Ledit couloir continuait à droite et à gauche. Entre elle et ce couloir se trouvait une porte faite de barres en métal.
Elle se retourna.
Elle était entourée de murs de bois moisis, recouverts de tâches de saleté et de vieillesse. Par terre, un peu de paille et des morceaux de haillons déchirés. La pièce ne devait pas faire plus de deux ou trois mètres carrés.
« Y'a quelqu'un ? » Sortit-elle d'une voix faible, « Hé ho ? »
Personne ne répondit.
La panique commença à lentement s'immiscer en elle
Les murs se rapprochaient d'elle.
Du moins elle en avait l'impression
« Ça va pas... Non ça ne va pas du tout... Il faut que je sache où je suis ! »
Elle tournait en rond dans sa cellule, espérant, irrationnellement, tout au fond d'elle, que cela allait faire reculer les murs.
Elle s'approcha de la porte en métal, et tenta de passer sa tête entre les barreaux. Elle tourna son regard à droite ; le couloir continuait sur une petite dizaine de mètres, avec encore deux ou trois cellules. A gauche, une cellule de plus, et une échelle qui montait.
Elle était emprisonnée. Piégée.
« Y'a personne ? S'il vous plaît, il y a une erreur ! » Lança-t-elle d'une voix qu'elle s'efforçait de rendre la plus audible possible.
Sa panique montait exponentiellement.
Elle avait l'impression qu'un orchestre désaccordé jouait dans sa tête; ses oreilles bourdonnaient, sa respiration s'accélérait...
Elle s'imaginait déjà mourir de faim ici, elle voyait sa future vie de prisonnière défiler devant ses yeux, elle se voyait s'exploser la tête de désespoir contre les murs...
« Anna ? » Râla une voix lointaine, comme depuis l'autre bout d'un tunnel. « -Hrem !- Anna c-c'est toi ? »
La voix se fit plus claire, tandis que la respiration de la jeune fille se faisait de plus en plus régulière, et que ses oreilles bourdonnaient de moins en moins fort.
La tempête interne qui s'était déclenchée dans son cerveau se calmait quelque peu en entendant cette voix familière.
« Je -geuh!- je suis là, tu m'entends ? »
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Chroniques de Fantasmagoria - Livre 1
FantasyAnna partie I - II - III : Anna se réveille sur le pont d'un navire, ne se rappelant pas d'où elle vient, ni même de qui elle est. En voulant s'approcher du bastingage pour voir la mer, elle se rend compte que ce navire possède des ailes. Ou plutôt...