Chapitre 18

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Pourquoi est ce si long? Pourquoi le docteur ne sort pas de cette putain de salle? Pourquoi on ne me montre pas ma fille ? Pourquoi on ne me dit pas qu'elle va bien? Pourquoi j'ai cette mauvaise sensation que rien ne va ? Je n'avais pas prévu ça ? Je n'avais pas vraiment prévu ça ? Je n'ai pas à m'inquiéter. C'est juste un petit problème qui sera bien vite résolu. Il n'y a aucune raison pour que les choses ne se passent pas bien.

Après une attente qui m'a paru une éternité, voilà que le docteur sort de cette salle qui enferme ma fille, tenant avec lui l'espoir de toute une vie.

Docteur: je suis désolé. Votre fille a fait un rejet très violent et assez rare. Nous avons fait tout ce que nous avions pu mais nous n'avons pas pu la sauver. J'en suis vraiment désolé.

Je ne sais pas si j'ai bien entendu, je ne suis même pas sûre de vouloir entendre quoi que ce soit. La douleur vive qui m'habite est pire qu'un poignard tranchant dans mon cœur. Aucun mot ne parvient à traverser mes lèvres et ce n'est pas faute d'avoir essayé. J'ai comme une boule dans la gorge qui m'empêche de dire ne serait-ce qu'un petit "a".

" à Allah nous appartenons et vers lui nous retournerons "

Ceci est le grand déclic pour que je me retourne vers mon mari.

"Aïcha, Aïcha, Aïcha, pourquoi tu pleures?"

Comment ça pourquoi est ce que je pleure ? J'ai perdu ma fille. Rahmane est devenu fou ou c'est à cause du choc qu'il ne ressent rien?

"Aïcha qu'est ce qui t'arrive?"

Je me réveille brusquement manquant de tomber de mon siège. Je regarde à ma droite et vois ma fille couchée sur le lit d'hôpital. Pourquoi on est dans cette chambre? Depuis quand est ce qu'on a quitté la salle d'attente. Je vérifie les machines reliées à la fille, mon cœur bat la chamade. Mon Dieu elle respire, elle dort paisiblement. Que m'est-il arrivé? Je prends ma fille dans mes bras, la regarde comme si elle était bizarre et la touche partout et l'embrasse partout sur le visage. J'ai tellement eu peur.

Rahmane: bébé tu vas bien? Qu'est ce qu'il y a?

Moi: j'ai fait un rêve tellement terrible. Alhamdoulilah c'est pas vrai. Rahmane dis moi que notre fille va bien et qu'elle dort seulement, qu'elle n'a pas eu de convulsions, ni de rejet rien.

Il fait le tour du lit et prend mes mains.

Lui: mais oui mon cœur. Khadija va très bien. Elle n'a rien eu et s'est juste endormie il y a peu. Vérifie sa respiration par toi-même.

C'est ce que je fais encore une fois et vois son thorax se relever et s'abaisser, signe d'une respiration calme et rythmée.

Lui: tu vois, ce n'était qu'un mauvais rêve. Khadija est comme sa maman, elle est une battante comme toi.

Je tombe dans ses bras, ce qui a l'effet de dissiper toute la peur qui m'avait habité.

"Allez maman cours, cours."

Ah cette fille elle va me tuer. Depuis qu'elle va mieux elle croque la vie à pleines dents. On dirait qu'elle rattrape tout le temps perdu et dans ses élans, elle oublie que je n'ai plus le même âge qu'elle et que je n'ai pas autant d'énergie que ce qu'elle me demande. Mais vu que je l'aime trop et que cela me fait un énorme plaisir de la voir ainsi s'épanouir, je n'ai pas le courage de la freiner et de ne pas me joindre à elle. Voilà la raison pour laquelle je me mets à courir plus vite afin d'essayer de la rattraper. Une fois chose faite, suivie d'une tonne de chatouilles et de rires cristallins d'enfant, je m'autorise une petite pause car il faut l'avouer, je suis lessivée, tellement que je suis étourdie et que je suis obligée de me rattraper à la barre pour ne pas tomber.

Au prix de la libertéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant