« C'est quoi cette merde encore ? »
Aurélien dévisageait le plus vieux d'un air paniqué alors que ce dernier affichait un air confus sur le visage. Il pouvait sentir son cœur tambouriner dans sa poitrine si fort qu'il avait l'impression que celui-ci allait traverser cette dernière d'un moment à l'autre. Dans son esprit, comme si un barrage s'était rompu à l'annonce faite via les hauts-parleurs, les évènements de la soirée se déversaient en lui. Il revoyait le garçon brun s'avancer vers lui alors qu'il se redressait difficilement sur le lit. Il se revoyait lui demander qui il était, confus de sa présence dans la chambre, et le garçon lui sourire d'un air mauvais. Guillaume...? Est-ce que c'est toi...? lui avait-il demandé en remarquant la veste bleue des sportifs que le garçon portait et celui-ci lui avait répondu Oui, c'est Guillaume avant de s'avancer vers lui d'un air menaçant sur le lit. Aurélien avait essayé de se défendre mais il sentait encore les doigts froids de l'autre garçon le rattraper et toucher sa peau à des endroits inappropriés. Il se rappelait combien il avait eu honte et mal en même temps et s'était évanoui devant la violence de ses sensations. Il se rappelait à quel point il s'était senti perdu le lendemain et surtout, après avoir aperçu son pantalon descendu sur ses cuisses, combien il s'était senti sale. Parce que bien sûr, il n'était pas bête. Il se doutait fortement de ce qui avait du se passer la veille même s'il avait été inconscient lors des faits... Mais, inconsciemment, il avait préféré nier la vérité. Il n'en avait pas voulu. Et lorsqu'il s'était douché et que du sang avait coulé le long de son corps pour se mélanger à l'eau salvatrice, il s'était mis à pleurer de douleur en comprenant qu'il ne pourrait pas faire semblant que ça n'était jamais arrivé. Il avait subi une agression sexuelle et, à cet instant précis, l'identité de son agresseur était en train de devenir de plus en plus précise dans son esprit. Guillaume Tranchant. Encore et toujours.
« Quoi ? Qu'est-ce que t'as ? dit le plus vieux d'une voix cinglante. Pourquoi tu me regardes comme ça ? »
Aurélien sursauta lorsqu'il se rendit compte que Guillaume venait de s'adresser à lui et il se mit à trembler de tous ses membres sans pouvoir s'en empêcher. Il sentait la crise de panique monter dangereusement en lui et une boule se former dans sa gorge, l'empêchant de respirer normalement.
« C-C'est toi, c'est ça...? demanda-t-il en tremblant de plus belle alors qu'il dévisageait Guillaume d'un air paniqué sans pouvoir décrocher ses yeux de son visage.
— C'est moi quoi, encore ? s'énerva le basané en haussant la voix.
— À-À la fête... Vendredi soir... C'est toi qui...
— Putain ! s'écria Guillaume, le faisant sursauter de peur. C'est moi qui quoi ?! Je t'ai déjà dit que je n'étais pas allé à cette putain de fête !
— C'est faux, je sais que tu y étais... Je sais que c'est toi qui m'a fait ça...! s'écria-t-il à son tour en se levant précipitamment, alors que les larmes commençaient à couler sur ses joues en abondance.
— Mais t'es pas bien, putain ! Je sais même pas de quoi tu parles ! »
Aurélien fut pris un instant de doute en voyant le regard sincèrement confus qu'affichait le plus vieux et il essaya un instant de fouiller plus en profondeur ses souvenirs avant d'attraper son sac, sur sa chaise, et de tourner les talons.
« Attends un peu...! l'interpela Guillaume lorsqu'il passa à côté de lui et il sentit la main de l'autre garçon attraper son bras avec force.
— Ne me touche pas ! » cria-t-il à travers ses larmes en repoussant le basané.
Celui-ci le regarda d'un air étonné, sûrement surpris de voir qu'il osait se défendre face à lui, chose qu'il n'avait pas fait depuis longtemps.
« Qu'est-ce que t'insinues en fait...? lui demanda Guillaume en plissant les yeux, le fixant avec méfiance. Qu'est-ce que tu crois que je t'ai fait à cette fête ? »
Aurélien le vit s'avancer vers lui et s'arrêter à un pas à peine. En voyant la distance qui le séparait du plus vieux diminuer, son palpitant s'emporta à nouveau dans sa poitrine, et Aurélien sentit avec effroi la panique monter encore plus violemment en lui.
« Qu'est-ce qu'il t'est arrivé, Aurélien ? »
Il fixa le visage de l'autre garçon avec terreur et avant qu'il ne le sache, il perdit pieds avec la réalité et s'évanouit. Tout devint noir.