Partie 16.

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Aurélien était allongé sur son lit, les yeux fixant le plafond. Ça faisait déjà trois jours qu'il n'était pas allé au lycée. Pour ne pas inquiéter sa grand-mère, il faisait semblant de partir le matin en claquant la porte et venait la voir le soir, à l'heure où normalement il rentrait des cours. Sa grand-mère, malgré qu'elle ait un déambulateur, passait le plus clair de son temps dans sa chambre de toute manière, ou bien dans le salon, devant la télé. Et le plus souvent, lorsqu'il rentrait des cours d'habitude, Janine faisait la sieste. Il ne savait pas pourquoi mais il n'arrivait plus à se lever le matin, terrorisé à l'idée seule d'aller au lycée. Pourtant, malgré les humiliations et les menaces qu'il subissait depuis des mois à cause de Guillaume et ses amis, il n'avait jamais raté une seule journée de cours auparavant. Il tourna la tête vers sa table de chevet et ses yeux se posèrent sur la feuille soigneusement pliée. Il l'avait défroissé après que Guillaume la lui ait balancé et l'avait pliée en quatre. Si Guillaume disait la vérité... et que ce n'était véritablement pas lui qui l'avait agressé à la soirée d'Emma... alors qui était-ce ? Il n'avait aucune raison de le croire, cependant il n'arrivait pas à se convaincre que Guillaume était celui qui lui avait fait ça. Le plus vieux avait semblé tellement sincère quand il lui avait dit qu'il voulait comprendre ce qui lui était arrivé et avait paru tellement choqué quand il lui avait dit la vérité. Avant qu'il ne lui avoue tout, Guillaume n'avait eu de cesse de lui répéter que ce n'était pas lui, qu'importe ce qu'il pensait qu'il avait fait lors de la fête. Et une petite voix dans sa tête lui disait que le basané semblait sincère. Et puis... une autre question se posait maintenant à lui. Qui était la personne qui avait écrit cette lettre ? Cette personne qui disait avoir tout vu et s'excusait de ne rien avoir fait pour lui venir en aide. Aurélien se recroquevilla sur lui-même et entoura ses jambes de ses bras, toujours allongé sur son lit. Et si ce n'était réellement pas Guillaume, alors qui était celui qui l'avait agressé à cette soirée ? Cette personne devait se promener librement au lycée et en pensant à cela, il comprit soudain pourquoi il ne voulait pas y retourner. Il avait tout simplement peur. Peur que cette personne ne lui fasse du mal à nouveau, de retomber sur son agresseur, parce que cette fois, contrairement à Guillaume, il ne savait pas qui c'était. Et ne pas savoir à qui il avait à faire le terrifiait.

***

Il se réveilla quelques heures plus tard alors qu'il s'était mis à somnoler. Il se redressa sur son lit et posa les pieds sur le sol, se tournant vers la fenêtre, d'où il entendait des bruits étranges. Cependant, ces bruits ne semblaient pas venir de la pluie qui tombait depuis au moins le moment où il s'était endormi. Il se leva et se dirigea vers celle-ci puis se colla à cette dernière pour regarder au dehors. Il sursauta en apercevant Guillaume sous sa fenêtre, paraissant lancer des petits cailloux sur la façade de sa maison, complètement trempé. C'est alors qu'il comprit que le plus vieux était en train d'essayer de l'appeler en lançant ces petits cailloux sur sa fenêtre. Il se dépêcha d'ouvrir la fenêtre et se montra à l'autre garçon.

« Guillaume ! »

Ce dernier s'arrêta de lancer des cailloux en l'apercevant et son visage s'éclaira d'un énorme sourire.

« Aurélien !

— Qu'est-ce que tu fais là ? demanda le plus jeune en lui lançant un regard inquiet.

— Je n'ai nulle part où aller, je ne peux pas rentrer chez moi...

— Comment ça ? dit Aurélien en fronçant les sourcils, remarquant à quel point Guillaume semblait perdu.

— Laisse-moi entrer, s'il-te-plaît... lui demanda le basané d'une voix suppliante.

— Et tes amis ? Pourquoi tu ne vas pas chez eux ? demanda Aurélien dont le cœur commençait à s'emballer dans sa poitrine.

— C'est... C'est toi que je voulais voir... balbutia Guillaume avant de détourner le regard, embarrassé. J'ai... Je crois... Je crois que j'ai des choses à t'avouer. »

À cette déclaration, Aurélien s'arrêta un instant de respirer. Des choses à lui avouer ? Est-ce que le plus vieux allait lui avouer que c'était lui depuis le début ? Lui avouer qu'il lui avait menti et avait essayé de le manipuler ? Il ne savait pas s'il pouvait lui faire confiance.

« Est-ce que je dois avoir peur de ce que tu veux me dire ?

— Hein ? Non, non... dit précipitamment Guillaume. Je veux seulement te raconter pourquoi je n'étais pas à la fête. Je veux juste que tu me crois quand je te dis que je ne t'ai rien fait.

— Tu ne vas pas... me faire de mal ? demanda à nouveau Aurélien, la bouche sèche.

— Non, je te promets. Je t'en prie, Aurélien. Laisse-moi une chance de m'expliquer. »

Aurélien réfléchit rapidement. Il avait toujours peur de Guillaume, surtout depuis ce mot. Et la discussion qu'ils avaient eu sur ce dernier n'avait pas réussit à le faire changer d'avis. Cependant, il n'était pas sans-cœur et il ne pouvait pas décemment le laisser mourir de froid sous la pluie alors qu'il pleuvait des trombes d'eau. Il hocha la tête et lui dit qu'il descendait, avant de dévaler les escaliers quatre à quatre, le cœur battant à cent à l'heure dans sa poitrine. Ce n'est qu'une fois devant sa porte, la main sur la poignée, qu'il se fit la réflexion. Comment Guillaume connaissait-il son adresse ?

Fiction OrelxGringe - Une seule raison.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant