La police n'avait pas arrêté Guillaume en arrivant chez lui. En fait, ils n'étaient même pas là pour lui. Enfin, si, indirectement. Mais les policiers qui étaient entrés dans la maison s'étaient précipité vers le père de Guillaume alors que deux autres personnes, des infirmiers Aurélien avait-il compris plus tard, s'étaient élancés vers eux-deux. Les infirmiers les avaient séparés afin de pouvoir s'occuper d'eux individuellement et il avait essayé de se débattre, ne voulant pas qu'on l'emmène loin de Guillaume, ne comprenant pas ce qu'il se passait autour de lui. Il avait entendu la voix de Guillaume lui demander de se calmer d'une voix qui se voulait rassurante et lui dire que tout allait bien se passer, et il s'était laissé entraîné, en pleurs, par l'infirmier qui devait s'occuper de lui. Il avait cru que les personnes qui les avaient approché étaient là pour arrêter Guillaume, le séparant de lui parce qu'ils pensaient qu'il était en train de l'agresser et maintenant, alors qu'il était blottit dans les bras de Guillaume, s'étant précipité dans sa chambre d'hôpital dès l'instant où on le lui avait autorisé, il comprenait à quel point il avait été ridicule de penser cela. Stupide imagination.
« Orel... lui chuchota le plus vieux à l'oreille en enfouissant son nez dans ses cheveux en pagaille. Je suis tellement soulagé de te revoir... Tu n'as rien ? » lui demanda Guillaume en le forçant à se redresser.
Aurélien secoua la tête et lui montra simplement son poignet droit qu'une infirmière avait bandé un peu plus tôt avant de lui dire qu'il était libre comme l'air. Alors il s'était précipité vers la chambre où il savait qu'on avait emmené Guillaume pour s'occuper de lui.
« Et toi ? demanda-t-il en retrouvant soudain l'usage de la parole, poussé par son inquiétude pour le plus vieux.
— Oh, tu sais... dit Guillaume en exhalant un petit rire. Juste le bras gauche, la cheville droite, le visage, les phalanges, la jambe, quelques côtes, l'arcade sourcilière, la lèvre, le nez... »
Aurélien écarquilla les yeux en entendant le plus vieux énumérer tous les endroits où il avait été blessé par son père et éclata en sanglots, remontant ses mains à son visage. Il entendit Guillaume se redresser précipitamment sur son lit d'hôpital et celui-ci attrapa ses bras, les lui baissant pour qu'il le regarde :
« Eh, Orel...! Je rigole, bon sang... »
Quand ses yeux croisèrent les siens, Aurélien aperçut une petite pointe de culpabilité dans ses prunelles avant que Guillaume ne lui décoche un petit sourire désolé.
« Orel, ça va, je t'assure. Mon père m'a pété quelques côtes et m'a bousillé le nez hier aprèm quand il m'a roué de coups après être venu me chercher au lycée... Mais tout le reste va bien, je te promets. J'ai plus mal à l'œil, ni à la jambe, ni à la cheville, ni à la lèvre... Et mon arcade sourcilière tu t'en es occupé avec tellement de soin, regarde-moi ce travail, plus rien, tu vois ! Les phalanges c'est rien et mon bras est bientôt réparé, regarde ! » s'écria-t-il en bougeant ce dernier dans tous les sens.
Aurélien le regarda faire sans rien dire et Guillaume soupira, l'attirant alors tout contre lui.
« Je vais bien, Orel. Je te promets, l'entendit-il lui murmurer à l'oreille alors que Guillaume le tenait dans ses bras.
— Tu as vraiment... des côtes de cassées...? demanda-t-il dans un murmure et Guillaume glissa une main dans ses cheveux pour caresser son crâne, avant de se détacher de lui.
— Ouais, vraiment. Mais ça va, les docteurs m'ont filé des médicaments et de la morphine pour que je ne sente pas la douleur.
— Mais quand... quand j'ai dormi sur toi, tout à l'heure, j'ai dû te faire atrocement mal...!
— Ah je... Je sais pas vraiment... Je ne m'en suis pas rendu compte quand on dormait... Mais par contre, reprit-il en fronçant les sourcils et affichant un air blessé, quand tu t'es appuyé sur moi pour m'embrasser et quand tu t'es levé, oui, là tu m'a fait mal ! C'est comme ça que je me suis réveillé d'ailleurs, Orel, à cause de la douleur !
— Je suis tellement désolé... Je ne savais pas... Guillaume, vraiment, je sais pas quoi dire...
— Ne dis rien, alors, rit Guillaume avant d'ébouriffer ses cheveux. Dis, Orel ?
— Mm ? Oui ? dit-il en lui lançant un regard curieux.
— Est-ce que tu crois... dit lentement Guillaume avant de fuir son regard, semblant soudain embarrassé. Que tu pourrais m'embrasser ? Encore une fois ?
— Tu crois que... ça agirait comme calmant, comme la morphine...? lui demanda malicieusement Aurélien, amusé par la couleur pourpre qu'avait pris place sur les joues du basané.
— Ouais, c'est ça... À des fins médicales...
— Uniquement pour ça, alors ? À des fins médicales ? »
Guillaume hocha la tête, les joues rouges et un petit sourire malicieux sur les lèvres. Aurélien se pencha alors doucement vers lui et déposa avec toute la tendresse dont il était capable ses lèvres sur les siennes. Guillaume sembla se détendre infiniment à ce doux contact qu'il lui offrit avec dévotion et quand il se détacha de lui pour se blottir dans ses bras, un autre petit baiser se perdit dans son cuir chevelu.
« Je t'aime vraiment énormément, Guillaume.
— Et ça ne pourrait pas être plus réciproque encore, Orel. »
Il ferma les yeux et se laissa bercer par les baisers aériens que déposait Guillaume sur ses cheveux, soulagé de la tournure qu'avait pris cette fin de journée.