Lorsqu'il se réveilla, tout était sombre autour de lui. Aurélien se redressa et son dos vint trouver un oreiller, lui indiquant qu'il était allongé sur un lit. Il porta une main à son torse et sa peau entra en contact avec du tissu, lui faisant tout de suite comprendre qu'il était habillé. Son cœur vint tambouriner avec force contre sa cage thoracique alors qu'il essayait de savoir ce qu'il s'était passé après l'épisode de la piscine, quand il s'était évanoui. Il ne savait pas où il était, ses yeux essayant de percer à travers la pénombre en vain, et sa respiration se faisant de plus en plus chaotique. Il était en train de maudire son cœur qui, depuis qu'il était petit, aimait s'emporter ainsi dès l'instant même où quelque chose lui déplaisait, et les larmes qui lui montaient aux yeux insidieusement, serrant sa gorge dans leur montée, lorsqu'il entendit trois petits coups résonner près de lui. Il se tourna dans un sursaut vers, ce qu'il imaginait, était la porte de la pièce où il se trouvait et sans plus attendre, celle-ci s'ouvrit en laissant passer de la lumière. Il aperçut alors sa grand-mère, un plateau dans les mains surmonté d'un bol et d'un verre d'eau et il ne réussit pas à retenir ses larmes, malgré son soulagement instantané. Celle-ci lui lança un regard soudain inquiet en apercevant son état et appuya sur l'interrupteur à côté de la porte, ce qui eut pour conséquence d'éclairer la petite pièce qu'il reconnut alors comme sa chambre. Alors que sa grand-mère s'approchait rapidement de lui, Aurélien baissa les yeux sur son torse et s'aperçut que les habits qu'il avait senti sur lui un peu plus tôt n'était rien d'autre que son pyjama. Il entendit la vieille dame déposer le plateau qu'elle tenait dans ses mains sur son bureau et celle-ci s'approcha de lui, s'asseyant sur le bord de son lit :
« Mon cœur, qu'est-ce qui ne va pas ? Tout va bien tu vois, tu es à la maison. Tout va bien... »
En disant cela, Janine le prit dans ses bras et Aurélien se laissa faire contre elle, avant de remonter ses mains sur le dos de sa grand-mère.
« Mamie... Je... Mamie.... » sanglota-t-il contre elle, alors qu'il essayait de toutes ses forces de raisonner logiquement.
Il était chez lui. Dans sa chambre. Il était en sécurité. Tout allait bien se passer maintenant. Guillaume était venu le sauver et... Il ouvrit alors les yeux, se détachant lentement de sa grand-mère. Où était Guillaume ? C'était dans ses bras qu'il s'était évanouit pourtant, non ? Alors pourquoi n'était-il pas à ses côtés ?
« Qu'est-ce que... Où... bégaya-t-il et sa grand-mère lui lança un regard confus avant de sourire tristement, comme si elle comprenait ce qu'il voulait lui demander.
— Tu te souviens de ce qu'il s'est passé avant que tu perdes conscience, mon cœur ? demanda-t-elle et il hocha frénétiquement la tête, le cœur battant comme un tambour dans sa poitrine. Tes amis t'ont ramené à la maison. C'est Arthur qui te portait et j'ai bien cru faire une crise cardiaque en te voyant ainsi dans ses bras. J'ai eu peur que tu sois... Je ne sais pas bien ce que j'ai cru mais j'ai eu peur... »
Aurélien fronça les sourcils, confus, et il approcha une main hésitante de Janine pour venir prendre sa main dans la sienne.
« Mais... Et...
— Guillaume n'était pas là non, mon chéri. Tes amis m'ont raconté ce qu'il a fait... Comment... Il t'a sauvé de ce garçon dans les vestiaires. Je... commença-t-elle avant de pousser un long soupir. Je me sens tellement coupable, maintenant. De ne pas lui avoir laissé une chance de s'expliquer. Je crois que la colère de ce que je pensais qu'il t'avait fait m'a un peu aveuglé...
— Tu n'es pas la seule, mamie. Moi aussi, tu sais, dit doucement Aurélien avant de lui offrir un petit sourire triste.
— Alors... Il n'y est vraiment pour rien ? osa demander la vieille dame après un petit silence. Il ne t'a pas... fait de mal ? »
Aurélien pensa à tout ce que Guillaume lui avait fait par le passé : les insultes, les menaces, les humiliations... Puis il pensa au nouveau Guillaume, celui qu'il avait eu à peine le temps d'apercevoir durant ces quelques dernières semaines : celui qui se faisait battre par son père, celui que tout le monde voyait comme un homme coupable de viol, celui dont la solitude était bien trop grande malgré toutes les personnes dont il avait réussi à s'entourer... Alors il secoua la tête, un petit sourire triste sur les lèvres :
« Non. Il ne m'en a jamais réellement fait. »
Janine poussa alors un soupire soulagé et se leva, le couvant du regard.
« Tu devrais appeler tes amis, Aurélien. Leur dire que tu vas bien et les remercier de t'avoir ramené. Et appelle Guillaume aussi... Dis-lui que je suis désolée de m'être trompée sur son compte... dit-elle, en souriant tristement, avant de reprendre en jetant un regard vers le plateau qu'elle lui avait ramené. Et mange un peu aussi... Tu en as besoin, d'accord ? »
Aurélien hocha la tête d'un air absent et sa grand-mère tourna les talons pour sortir de sa chambre après lui avoir sourit tendrement. Il se leva, se dirigeant vers son bureau et jeta un oeil à ce que Janine lui avait ramené. Un bol de soupe chaude qui faisait envie rien qu'à l'odeur qui s'en échappait mais il avait l'estomac dans les talons, rien que d'avoir pensé à Guillaume et parlé de lui. Pourquoi Guillaume ne l'avait-il pas ramené avec ses amis ? Et comment était-il censé l'appeler et lui parler s'il n'avait pas son numéro de téléphone ? Aurélien se mordit fortement la lèvre, un désespoir grandissant dans la poitrine, alors qu'il se disait qu'il en avait vraiment marre de ne jamais rien comprendre à ce qu'il se passait.