Partie 20.

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Guillaume l'avait attendu. Ils avaient pris ensemble le chemin du lycée et marchait depuis maintenant vingt minutes en silence, Aurélien laissant son vélo à la maison. Ils étaient presque arrivés lorsque Guillaume s'arrêta et Aurélien se tourna vers lui, lui jetant un regard interrogateur.

»Je... J'étais sérieux hier soir, Aurél... lui dit le plus vieux d'un air embarrassé avant de se passer une main sur la nuque. Tu n'as pas... plus... à avoir peur d'aller en cours. Parce que je te promets que je vais veiller à ce qu'il ne t'arrive rien.

— Toi ? dit Aurélien dans un petit sourire désabusé. Toi, tu vas veiller sur moi ?

— Ouais, moi.

— Arrêtes Guillaume, soupira Aurélien en secouant la tête. C'est à cause de toi que tous tes amis s'en prennent à moi. Alors c'est un peu déplacé de ta part de me dire quelque chose comme ça. Tu es le seul qu'on devrait empêcher de m'approcher parce que c'est toi qui est au centre de tout.

— Je... T'as plus de souci à te faire par rapport à moi, je te l'ai dit.

— Guillaume, tu ne peux pas changer aussi vite. Et pourquoi tu changerais d'ailleurs ? Parce que tu as soudain eu une prise de conscience sur la conséquence de tes actions ? Parce que maintenant tu sais que je suis orphelin et je te fais pitié ?

— Arrête... soupira Guillaume.

— Non, je ne vois pas pourquoi tu veux soudainement changer. Je ne veux pas de ta pitié. Et puis... si tu veux me protéger de cette personne... Si vraiment ce n'est pas toi... c'est impossible parce qu'on ne sait même pas qui c'est...! »

Il commençait à sentir la panique monter en lui en pensant à son agresseur qui était soit Guillaume, bien que cette solution lui paraissait moins probable aujourd'hui que hier, soit un garçon dont il ne connaissait même pas l'identité et qui pouvait à tout moment lui sauter dessus au lycée.

« Putain, j'aurais pas dû revenir... » lâcha-t-il dans un murmure et il tourna les talons pour rentrer chez lui.

Ce faisant, il passa à côté de Guillaume et il sentit ce dernier le rattraper en attrapant son avant-bras.

« Aurél, attends !

— Lâche-moi, putain...! s'écria-t-il en se défaisant de son emprise. Ne me touche pas, Guillaume ! »

Il plongea son regard dans celui, si clair, de l'autre garçon et vit que celui-ci semblait complètement déboussolé.

« D'accord, d'accord, je te promets de ne plus te toucher. Et je m'assurerai que les sportifs te laissent tranquilles eux-aussi. Je promets de me tenir à distance, Aurél... Mais s'il-te-plaît, reviens en cours. Ne gâche pas ta scolarité à cause de ça...

— Ce n'est pas à cause de toi, répondit Aurélien dans un sanglot alors qu'il sentait son cœur battre à tout rompre dans sa poitrine. Tu le sais, ça ne m'a jamais arrêté...

— D'accord, il... peu importe qui il est... ne doit pas t'empêcher de venir en cours. Ce n'est pas moi et je te jure que je trouverai ce connard. Je veillerai à ce qu'il ne te fasse plus de mal. »

Aurélien lâcha un petit gémissement empreint d'un sanglot et baissa la tête afin de se dérober au regard du plus vieux.

« Tu ne pourras pas, ça peut être n'importe qui... »

Il se retint de dire Je suis même pas sûr que ça ne soit pas toi à 100% avant de se frotter les yeux afin de sécher ses larmes. Si maintenant il n'arrivait même plus à garder la face devant Guillaume, il ne donnait pas cher de sa peau...

« Je pars devant alors... dit-il en reniflant. Comme ça, tes potes ne te verront pas avec moi. Ils se moqueront pas de toi par ma faute, ne t'en fais pas.

— Aurél... tenta de l'appeler Guillaume doucement mais il l'arrêta d'un signe de main.

— Non. C'est comme ça que ça doit être. On est pas censés se parler ni devenir amis, alors adieu Guillaume. Bonne journée. »

Il n'attendit pas la réponse de Guillaume et partit en direction du lycée. Tout était si confus dans sa tête. Le plus vieux qui tentait à présent de lui offrir son amitié et qui lui disait qu'il allait le protéger, son agresseur dont l'identité restait encore inconnu, l'identité elle aussi secrète de la personne lui ayant écrit cette lettre... Il repensa à quel point quand il était aller se coucher la veille il n'avait pas pu retenir un petit sourire d'orner ses lèvres. Il se trouva alors ridicule. Après tout, Guillaume cherchait simplement à se rattraper auprès de lui. Et peut-être que ces histoires avec son père n'était qu'un mensonge pour mieux le manipuler. Il était complètement perdu.

Fiction OrelxGringe - Une seule raison.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant