« Arthur... connaît Chloé, dit-il soudainement en repensant à la conversation qu'il avait eu avec ses deux amis.
— Chloé ? répéta le plus vieux en écarquillant soudain les yeux.
— O-Oui, ton ex.
— Attends, tu connais Chloé ? lui demanda Guillaume d'un air confus.
— Non, pas moi... Mais Arthur... Et Emma aussi... Oui, ils la connaissent. »
Un petit moment de flottement passa entre les deux garçons avant qu'Aurélien ne reprenne la parole, d'un air hésitant :
« Qu'est-ce que... Qu'est-ce qu'il s'est passé avec elle ? Apparemment... Selon Emma... dit-il doucement afin de mesurer chaque mot et ne pas énerver le plus vieux. Apparemment vous sortiez ensemble l'an dernier avant qu'elle ne change de lycée. Et Arthur... a rencontré Chloé dans le lycée qu'ils ont tous les deux intégré l'an dernier, avant de revenir ici.
— Il doit vraiment me détester alors s'il l'a rencontré, dit Guillaume dans un rire sans joie en détournant le regard.
— Je... Oui et je ne comprends pas pourquoi il te hait à ce point sans même te connaître, balbutia Aurélien en fronçant les sourcils en essayant de se rappeler de sa conversation avec l'autre garçon. Quand il t'a vu à la cafeteria et qu'il a appris que c'était toi son ex, il s'est mis en colère. Il t'a traité de... de connard... balbutia Aurélien en lui jetant un petit regard hésitant. Et il a dit que même s'il ne savait pas toute l'histoire, il en savait assez pour savoir que tu étais un véritable salaud et... Je ne comprends pas pourquoi il dit ça.
— Tu ne comprends pas ? répéta Guillaume en lui souriant d'un air désabusé. Mais Orel, tu es le premier à savoir que je suis un salaud, non ? A savoir de quoi je suis capable.
— N-Non, arrête, dit Aurélien en secouant la tête, les sourcils froncés. Je veux juste que tu m'expliques ce qui s'est passé entre vous deux pour que Chloé, et Arthur ensuite, te haïsse à ce point. Qu'est-ce que tu lui as fait de si horrible ?
— Je ne lui ai absolument rien fait. Enfin, de mon point de vue. Maintenant, vas lui demander à elle, ou à Arthur, ou encore à Emma, son point de vue et ils te diront l'inverse. J'en ai assez d'essayer de m'expliquer sur ce qu'il s'est passé ce soir-là. On m'a tellement rabâché que je mentais que j'en suis presque venu à me demander si finalement ce n'était pas moi qui avait tort sur toute la ligne. »
Aurélien fut étonné de voir à quel point le basané semblait découragé en parlant de cette histoire et il tenta de se rapprocher de lui mais Guillaume recula, comme un animal blessé.
« Qu'est-ce que tu veux dire ? Qu'est-ce qu'il s'est passé selon toi ?
— Demande-lui, Orel. Ou à Emma, elle connait la version officielle, elle. Vu qu'elle était présente ce soir-là.
— Pourquoi tu ne veux pas défendre ton point de vue ? demanda doucement Aurélien, confus.
— Je ne veux pas... Je ne peux pas parler de ça avec toi. Pas... après ce qu'il t'est arrivé. »
Aurélien fronça les sourcils, complètement perdu et se demandant de quoi le plus vieux pouvait bien être en train de parler. Celui-ci poussa alors un soupir frustré qui le fit sursauter :
« Juste maintenant que je me disais que tu commençais à me croire. Que tu commençais peut-être à m'apprécier, putain. Putain, c'est trop con.
— Mais... pourquoi tu dis ça ?
— Mais parce qu'une fois que tu sauras ce qu'elle croit que je lui ai fait ce soir-là, tu voudras plus m'adresser la parole, putain. Ça va encore tout remettre en questions et tu vas encore penser que... Putain, j'ai la haine. Pourquoi faut que ça m'arrive à moi !
— Guillaume, je vais essayer de lui parler, s'exclama Aurélien en voyant le plus vieux commencer à s'agiter. Mais ce serait plus simple si j'avais aussi ta version, tu comprends ? Je ne vais pas la croire aveuglément, je sais qu'il y a toujours une part qu'il faut prendre avec des pincettes. Qu'il faut regarder à deux fois pour voir la vérité...
— Non, Orel. Tu ne comprends pas, dit sèchement le plus vieux. Peu importe comment je regarde le problème, je n'arrive pas à le comprendre. Je n'arrive pas moi-même à comprendre ce qu'il s'est passé alors comment veux-tu me croire, toi, qui n'y étais même pas ? Tout ce que je sais, c'est que ce n'était pas moi. Encore une fois, ce n'était pas moi, et personne ne veut me croire ! s'écria Guillaume en se dirigeant vers la sortie.
— Je te croirai hein, tenta Aurélien en lui offrant un petit sourire hésitant, se positionnant devant lui. D'accord ? Ne t'énerve pas, s'il-te-plaît. Je ferai tout pour te croire, peu importe ce que c'est.
— Bouge, Orel, dit Guillaume d'une voix menaçante qui le fit frissonner. Laisse-moi passer.
— Non, je...
— Aurélien. »
Guillaume avait prononcé son prénom d'une voix tellement dure qu'Aurélien n'eut d'autre choix que de se décaler. Il lui faisait penser au garçon qui s'en prenait à lui inlassablement ainsi, bien loin du garçon tendre et attentionné qu'il avait appris à connaître.
« C'est pas la dernière fois qu'on se parle, n'est-ce pas ? cria-t-il au plus vieux qui commençait à s'éloigner. Je ne l'accepterai pas ! Guillaume !! »
Celui-ci ne s'arrêta pas et Aurélien se mit à trembler, la peur prenant possession de lui. Mais cette fois, il n'avait pas peur pour lui. Il avait peur pour quelqu'un d'autre. Et cette personne, c'était Guillaume.