Partie 31.

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Aurélien était figé devant son casier, à l'heure de la sortie. Il était 17h. On était lundi. Il avait parlé à Chloé il y a cinq jours, la dernière fois qu'il avait parlé à Guillaume c'était il y a presque deux semaines. C'était le jeudi de la semaine encore avant. Il n'avait pas arrêté de se repasser en boucle les mots de Chloé, puis ceux de Guillaume, et encore ceux de ses amis Arthur et Emma. Il se les repassait en boucle depuis qu'il avait parlé avec la jeune fille blonde. Depuis qu'elle avait instauré ce doute grandissant en lui. Bien sûr qu'il ne faisait pas encore confiance à 100% au plus vieux la dernière fois qu'il lui avait parlé. Mais il avait tenté de se convaincre du contraire, et encore plus, de le convaincre qu'il avait confiance en lui. Qu'il pouvait se confier à lui. Et Guillaume ne l'avait pas fait. La scène de son agression avait elle aussi rejoué en boucle derrière ses paupières, dès qu'il fermait les yeux. Il savait qu'il était inconsciemment à la recherche de quelque chose. N'importe quoi qui pourrait lui prouver qu'effectivement Guillaume était innocent, qu'effectivement tout le monde se trompait sur toute la ligne depuis le départ. Et il n'y arrivait pas. Il n'arrivait pas à mettre le doigt dessus et ça le rendait fou. Il ne fermait plus l'œil de la nuit depuis trois jours, son esprit ressassant en vain la même scène et lorsqu'il arrivait, par miracle, à s'endormir, c'était seulement pour se réveiller quelques heures à peine plus tard en sursaut et le corps recouvert de sueur, après avoir eu l'impression de revivre la scène de son agression dans un cauchemar. Cela ne lui était jamais arrivé avant d'en parler avec Chloé et il se doutait que c'était le fait de ressasser tout cela et que quelqu'un d'autre en ait été témoin qui en était la cause. Il ne pouvait plus faire semblant que ce n'était jamais arrivé. Et maintenant, la personne qui l'agressait dans ses songes portait un visage. Celui de Guillaume.

Aurélien fixait son casier d'un regard morne et ferma soudain les yeux. Il en voulait à Guillaume d'avoir disparu. Il lui en voulait de le laisser sans réponses et de ne pas être là pour faire taire tous ses doutes d'une parole bien placée. En le manipulant, peut-être, mais en le rassurant. Il était tellement fatigué.

***

« Orel...? »

Il ouvrit les yeux subitement en entendant des pas et une voix s'adresser à lui dans son dos et cette fois-ci, cette voix, il pourrait la reconnaître entre mille. Guillaume.

« Qu'est-ce que tu fais là...? demanda-t-il sans se retourner, en serrant ses mains en poings, et il entendit Guillaume s'arrêter de marcher.

— J'ai été absent quelques temps, désolé. Je voulais m'excuser pour t'avoir abandonné, alors que je t'avais promis de te protéger au lycée. Je n'aurai pas dû m'énerver la dernière fois...

— Sans blague, dit d'une voix amère Aurélien en sentant sa gorge se nouer. Qu'est-ce que tu veux, Guillaume ?

— Je voulais te voir, répondit le plus vieux aussitôt et il serra la mâchoire de colère.

— Parce que tu crois que tu es dans ton droit de demander ça...? Après... Après... s'emporta-t-il sans réussir à trouver ses mots. Je te hais tellement, putain.

— Alors tu l'as cru après tout, hein ? dit doucement la voix de Guillaume dans son dos et il eut l'impression de l'entendre sourire.

— Mais ça n'a rien à voir ! s'exclama Aurélien en se retournant brusquement, les larmes dévalant alors son visage. Comme tu l'as si bien dit Tu m'as abandonné ! »

Quand il ouvrit les yeux, un air de colère pure émanant de lui, il croisa le regard profondément désolé du basané. Celui-ci avait le bras gauche dans une écharpe et se tenait étrangement, comme s'il avait mal, et en effet, Aurélien s'aperçut qu'il ne s'appuyait pas sur sa cheville droite.

« Qu'est-ce qu'il t'est arrivé ? demanda-t-il dans un souffle en essayant de reprendre sa respiration après son excès de colère.

— A ton avis ? lui dit le plus vieux en lui offrant un petit sourire moqueur et il sentit son estomac se tordre dans son ventre.

— Tu n'arriveras pas à m'apitoyer, Guillaume. Pas cette fois.

— Est-ce que j'ai déjà voulu cela ? demanda le basané en se rapprochant lentement de lui.

— Ne t'approches pas ! s'écria-t-il en mettant son bras droit devant lui, comme pour se protéger du plus vieux. Je ne sais même plus ce qui est vrai et ce qui est faux. Tout ça... dit-il en montrant d'un geste évasif les blessures du plus vieux. Peut-être que ce n'est qu'un mensonge de plus pour me manipuler.

— Orel, dis-moi ce que Chloé t'a dit, demanda Guillaume en s'avançant toujours, ne l'écoutant pas. Où c'est que vous avez parlé ? Ici, au lycée, ou chez toi ?

— Tu sais qu'elle est de retour ? demanda-t-il en se reculant, augmentant la distance entre lui et le plus vieux.

— Bien sûr, je l'ai aperçu quelques jours après qu'Arthur soit arrivé. Je suppose qu'ils sont arrivés le même jour.

— Et tu n'es pas... allé lui parler ? Pourquoi ?

— Pourquoi j'aurai fait ça ? Chloé m'a menacé de porter plainte si jamais je m'approchais d'elle à nouveau, non ?

— A-Alors, tu avoues ? bafouilla Aurélien avant de sentir son dos percuter violemment le casier derrière lui. Je te faisais confiance, Guillaume... »

Il se laissa tomber au sol, le long du casier bleu, et explosa en sanglots, son cœur se déchirant dans le même temps en des milliers de petits morceaux.

Fiction OrelxGringe - Une seule raison.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant