8 mois plus tard.
Guillaume regardait avec une incommensurable tristesse Aurélien qui sanglotait douloureusement à ses côtés. Il n'arrivait même pas à se concentrer sur la scène qui se déroulait devant eux, alors que l'homme parlait de ciel, de paradis, et de vie éternelle, tant les pleurs que le plus jeune n'arrivait pas à contrôler lui brisaient le cœur. Il avait toujours dit qu'un des principaux défauts d'Aurélien était sa capacité à se mettre soudain à pleurer pour des choses futiles, illogiques, comme lorsqu'il s'était mis à pleurer sous la panique en pensant qu'il allait le quitter, alors qu'ils n'étaient même pas encore officiellement ensemble, pour son ex, Chloé. Il devait avouer qu'il trouvait ça épuisant à la longue, de toujours devoir le rassurer sur son importance pour lui, sur son droit de vivre... Mais c'était Aurélien, et il le prenait comme il était. Il savait que le plus jeune avait une immense peur de l'abandon et un énorme manque de confiance en lui, peut-être même ce dernier par sa faute, et il n'avait qu'un seul but dans la vie : lui prouver, par son amour, à quel point il était important. Mais aujourd'hui, la raison de ses larmes n'était pas futile. Loin de là. La grand-mère du plus jeune venait de mourir et il avait su, dès le moment où la nouvelle était tombée, que le plus jeune en serait irrémédiablement détruit. Alors, tout ce qu'il pouvait faire, à son échelle, c'était de rester à ses côtés et d'essayer de l'apaiser un maximum jusqu'à ce que la douleur, ne disparaisse pas, non, mais s'amenuise. C'est pour cela que Guillaume vint prendre avec douceur la main d'Aurélien, sans rien dire, et entrelaça leurs doigts ensemble. Le plus jeune ne dit rien. Il ne s'arrêta pas de pleurer, non, mais Guillaume le sentit resserrer ses doigts contre les siens, comme s'il était désormais sa seule bouée.
***
En voyant Aurélien hocher la tête d'un air absent, la tête baissée, et n'écoutant sûrement pas plus que ça les paroles des gens qui venaient lui présenter leurs condoléances, Guillaume sentit son estomac se retourner à cette vision. Le plus jeune était complètement perdu, sans plus aucune attache, dans ce monde. Il était comme une bouteille jetée à la mer qui ne sait pas vers où voguer, se laissant emporter par les flots. Il se demanda comment il avait un jour pu s'en prendre à lui, ce garçon si vulnérable et usé par la vie dès sa plus tendre enfance. Orphelin. Morts dans un accident de la route quand il avait cinq ans. Les mots qu'il avait lu il y a presque un an maintenant dans son dossier quand il y avait jeté un œil lui revinrent soudain en mémoire et il sentit la culpabilité s'immiscer dans son cœur. Il se sentait lui-même complètement perdu à cette époque et le seul moyen qu'il avait trouvé pour faire taire la voix dans sa tête qui le traitait de monstre à cause de l'attirance qu'il ressentait envers les personnes du même sexe que lui, c'était de s'en prendre à Aurélien. Parce qu'il était tout ce qui l'attirait et donc, tout ce qui le terrifiait. Il releva alors la tête et fit un signe silencieux à l'intention des personnes se dirigeant encore vers Aurélien pour lui présenter leurs condoléances, afin que celles-ci comprennent que c'était fini. Il croisa le regard triste des amis d'Aurélien, qui étaient ses amis aussi à présent, et força un petit sourire sur ses lèvres. Allez-y, je m'occupe de lui. Il passa son bras délicatement sur les épaules du plus jeune et l'attira à lui, dans une tendre étreinte. Aurélien se laissa faire, sans rien dire, avant qu'il ne l'entende exploser en sanglots et agripper fortement les pans de sa veste. Il avait promis d'être là et de toujours tout faire pour le protéger, alors aujourd'hui il allait redoubler de patience jusqu'à ce qu'Aurélien se sente enfin mieux dans ses bras.
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Aurélien pleurait toujours, dans ses bras, alors qu'ils étaient rentrés chez lui. Dans la maison de sa grand-mère. Ils étaient allongés côte à côte sur le lit du plus jeune et Guillaume pensa soudain qu'il faudrait qu'ils déménagent ailleurs, les souvenirs dans cette maison devant être bien trop douloureux pour Aurélien. Il le sentit d'ailleurs se reculer légèrement sur le matelas et relever le visage pour venir l'observer silencieusement, les joues toujours baignées de larmes. Guillaume força un petit sourire sur ses lèvres et vint caresser du bout des doigts sa joue trempée :