Chapitre 28. Destructions

78 4 0
                                    

Harry et Ginny ne se séparèrent qu'après quelques minutes. Le soleil avait disparu et les premières étoiles illuminaient déjà le ciel. Le cimetière était toujours aussi vide, à l'exception d'Hermione qui portait l'épée de Gryffondor. Kreattur avait disparu, rentrant sans doute à Poudlard. Harry prit le visage de Ginny entre ses mains et colla délicatement son front contre le sien. Ce ne fut qu'à ce moment qu'il remarqua les larmes de joies qui humectaient les joues de sa femme. Elle semblait à la fois reconnaissante et soulagée.

« Je le savais, murmura-t-elle d'une voix émue. Je le savais... Personne ne voulait me croire... Ton Patronus... Tu n'étais pas mort. Tu ne pouvais pas être mort.

— Ginny... Pourquoi as-tu fait ça ? déplora Harry. Pourquoi ?

— Je ne pouvais pas t'abandonner alors que tu m'accompagnais encore, révéla-t-elle avec un sourire extatique. Je n'avais pas le droit de mourir.

— Ginny... Tu... tu aurais dû, regretta Harry. Les Horcruxes sont une aberration. Ils remettent en question le droit de vivre et de mourir. Pourquoi as-tu voulu renoncer à la Mort ? »

Ginny s'écarta de Harry, son visage figé dans une douce mélancolie. Elle porta sa main sur la joue de Harry, la lui caressant avec affection. Il succombait au bonheur, chaque parcelle de son organisme se réjouissait du retour de la femme qu'il aimait. Pourtant, au fond de ces prunelles marron, au milieu de cette nostalgie, Harry vit quelque chose qui l'accabla. Ou plutôt, l'absence. Ginny n'éprouvait pas le moindre regret.

« Je ne pouvais vous abandonner, répéta-t-elle. Je ne pouvais pas abdiquer, capituler. Je ne pouvais pas laisser tomber Joanne, Katie, Albus, Lily, James... Je ne pouvais me soustraire à cette évidence : tu étais vivant et tu avais besoin de moi. »

Harry sentit une chaleur grandir dans ses entrailles, douce et agréable. Il comprit que c'était les paroles emplies d'amour de Ginny qui produisaient cet effet. Elle justifiait son acte effroyable, terrible, par le simple amour. Cela le toucha au plus profond de lui, mais il ne put s'empêcher de penser que quelque chose n'allait. Même animée par l'amour le plus pur, Ginny aurait dû éprouver des remords pour s'être plongée dans un acte de Magie Noire aussi avancée.

« Ginny, que me caches-tu ? interrogea-t-il avec gravité, en lui attrapant les deux bras. L'amour n'est pas la seule raison de ton comportement. Il n'explique pas tout à lui seul.

— La Magie Noire ne fonctionne pas avec l'amour, renchérit Hermione. Les deux sont incompatibles, antithétique.

— C'est pourtant la vérité, persista Ginny. Je n'ai agi que par amour, pour toi, Harry, pour mes enfants. Je n'ai pas peur de la Mort, tu m'en as prévenue bien assez souvent. C'est juste que... Je ne pouvais pas mourir avant de t'avoir retrouvé, je me devais de retarder l'échéance.

— Ginny...

— C'est vrai, j'ai commis un acte impardonnable, admit-t-elle. J'ai tué un être humain pour protéger notre fille, j'ai sacrifié mon âme pour elle. Comme ta mère face à Jedusor...

— Ne parle pas de ma mère ! coupa Harry d'un ton vindicatif. Ce qu'elle a fait ne se compare en rien avec ton geste ! Ginny, tu as créé un Horcruxe ! Réalises-tu les conséquences ?

— J'ai conscience de ce que j'ai fait, mais je ne le regrette pas ! assura Ginny avec fermeté. Je sais que si je ne l'avais pas fait, Joanne serait morte, et moi aussi probablement.

— Cela n'explique pas pourquoi tu as décidé de créer un Horcruxe ! répliqua Hermione.

— Cet Horcruxe m'a permis de découvrir une nouvelle facette de la vie, de la magie. Dans un sens, j'en ai appris sur la Mort elle-même. Je savais que sans présente dans ce monde, tu ne serais plus le même, tu ne pourrais plus faire ce que tu as toujours fait. En créant cet Horcruxe, j'ai fait en sorte que je puisse être toujours à tes côtés, à pouvoir t'aider à surmonter toutes les épreuves, que tu puisses compter sur moi face aux menaces qui se dresseraient devant toi. »

Harry Potter et le Maître des OmbresOù les histoires vivent. Découvrez maintenant