Harry Potter et le Maître des Ombres

Chapitre 21. La Guerre moldue

Austin Langdon était un homme grand et mince dont les cheveux gris, autrefois blond trahissait sa soixantaine d'années. Ses yeux bleus perçants suffisaient à imposer le respect à quiconque osait les croiser plus de quelques seconde. Il était veuf, mais cela ne semblait guère l'affectait dans ses habitudes quotidiennes. Sa femme était morte d'un cancer, seule chez elle, alors qu'il avait consacré toute sa vie à son métier : militaire. Après avoir fait une d'école d'officier, il avait gravi les échelons rapidement jusqu'à obtenir ses étoiles de général, plus de vingt ans plus tôt. Et pourtant, jamais il n'avait été confronté à une guerre aussi étrange.

En tant qu'un des plus hauts gradés de l'armée, il était le responsable de la sécurité du territoire sud du pays. Le Premier Ministre les avait convoqués l'été précédent, lui et le reste de l'État-major, pour les prévenir d'une menace grandissante : les sorciers existeraient encore et prépareraient un mauvais coup. Sans surprise, tous les militaires avaient pris ce politicard pour un demeuré, mais il ne s'était pas dégonflé et avait exposé son cas en donnant des preuves tangibles aux explications pour les différents phénomènes étranges qui avaient jalonné le pays au cours des trois années écoulées.

Ce qui avait marqué Langdon, c'est que non seulement ces explications paraissaient vraisemblables, mais qu'elles étaient surtout plus crédibles que les excuses qui avaient été avancées jusqu'à présent. Le général avait toujours été un fervent défenseur de la parcimonie, ou du principe du rasoir d'Ockham, et il devait admettre que ces évidences, aussi farfelues soient-elles, la respectait plutôt deux fois qu'une.

C'est ainsi qu'après une période de préparation et d'estimation de la menace, il avait été décidé d'attaquer les soi-disant sorciers. Un petit contingent d'une dizaine d'hommes avait été envoyé dans un endroit où des agents des services de renseignements auraient trouvé des cibles, accompagné par des bombardiers. La surprise fut de taille : les soldats avaient rencontré une résistance hors du commun. La cible, un château en ruine, n'avait subi aucun dommage alors qu'elle aurait dû être rasée, tandis que les troupes au sol avaient dû faire face à des armes inconnues, capables de déplacer des arbres, immobiliser les hommes sans possibilité de les réanimer. Ils étaient aussi capables d'arrêter les balles, de tous calibres. Seuls les lance-roquettes avaient réussi à ébranler les défenses.

Depuis, les affrontements avaient continué, empirant à chaque fois, et avait fini par s'étendre aux grandes villes. Le massacre de Liverpool n'avait pas encore trouvé d'explication, mais les commanditaires avaient été faciles à trouver. Quant à Londres, l'attaque avait totalement détruit la gare King's Cross et fait plus d'une centaine de victimes, dont certaines sans laisser la moindre trace. Pourtant, les résultats d'enquêtes n'étaient pas ce qui intéressait Langdon, c'était du ressort de la police. Non, tout ce qui lui importait était d'éviter que de telles attaques se reproduisent sur le territoire.

Il étudiait actuellement une carte du pays, où les points jaunes représentaient les endroits où des sorciers étaient regroupés, les points bleus les lieux où la présence des sorciers était fortement suspectée et les points noirs les endroits où une attaque de sorciers avait eu lieu depuis les trois dernières années. Langdon recherchait la cible qui pouvait le plus mal, qui saperait leur moral. En d'autres termes, ils cherchaient le siège de leur pouvoir.

Le Premier Ministère avait laissé entendre qu'il avait rencontré à plusieurs reprises son homologue sorcier, ce qui signifiait qu'une forme de gouvernement devait se cachait quelque part à Londres, ou ailleurs. Pendant un temps, les renseignements avaient suggéré que King's Cross était une zone propice, un passage important y avait été repéré. La vigueur avec laquelle ils avaient défendu leur position pouvait le laisser penser, mais la gare ayant été détruite pendant l'opération, elle avait été écartée : ils demeuraient actifs.