Chapitre 18 :

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Le soleil, filtrant à travers les carreaux sales de la cabane, vint caresser doucement mon visage. J'ouvris lentement les yeux, puis détaillait la masure autour de moi. Une épaisse couche de poussière recouvrait le sol les quelques meubles de bois. L'enfant en face de moi était partie, sa couverture gisant sur le sol.

Je me levai et sortit. Un chaud vent du Sud soufflait, l'air était lourd et moite. Une grande lassitude m'envahit. Ni les nains, ni les hommes, ni même les Elfes n'étaient préparés pour une guerre contre une armée d'orques commandée par Azog. A quoi bon se battre ?

Immédiatement,je regrettais ces mots. Depuis quand me laissais-je abattre aussifacilement ? Je n'étais pas du genre à baisser les bras. Je secouai latête, et retournai d'un pas vif là où j'étais la veille. J'y trouvai Gandalf, postéderrière l'armée du roi Thranduil. J'allai à côté d'eux, et aperçut le roi,monté sur son cerf, majestueux, son épée à la ceinture. Sur le flanc est de la montagne se tenait les nains, et Thorin, avec son épaisse fourrure et sa lourde couronne.

Je vis Thorin lancer une flèche en direction de Thranduil. Je vis Barde montrer l'Arkenstone aux nains, le visage de Thorin déformé par la rage, puis Bilbon arriver derrière eux, Thorin menaçant de le jeter des remparts, Gandalf s'avancer et le convaincre de laisser le hobbit repartir. Puis un bruit assourdissant de cor retentit dans l'air. Tous les elfes tournèrent leur tête vers l'horizon. Alors apparut, devant le soleil de l'aube, l'armée des nains des monts de Fer.

A cet instant, je sus qu'une guerre se préparait réellement.

Une pensée me traversa alors l'esprit. Nous avions tous oublié quelque chose, quelque chose qui allait causer la perte de trois peuples. Nous avions tous été aveugles, et aujourd'hui, tout était devant nous, la vérité comme les mensonges. Sans un mot, je rebroussai chemin et me détachai du groupe. Je courus le plus vite que je pus jusqu'au bout de la plaine, survolant l'herbe jaunie par le soleil brûlant. J'atteignis rapidement l'autre côté du champ, et me postai sur un rocher, le cœur battant. De là où je me trouvais, je pouvais voir Gandalf parler avec Pied d'Acier, un cousin de Thorin.

Un immense craquement retentit derrière moi. Je me retournai vivement, et ce queje vis me glaça le sang. J'avais l'impression étrange d'être de nouveau dansles mines, où chaque mouvement était presque une torture, où je ne dormaisjamais la nuit, où je ne ressentais ni le froid ni la chaleur, seulement ladouleur. Et les Grands Mange-Terre, se dressant devant moi, projetant des blocsde pierre et des monceaux de terre autour d'eux.

Puis, le noir complet.

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J'ouvris difficilement les yeux. Un profond silence régnai tout autour de moi. Je ne distinguai plus rien autour de moi. Ni la plaine, ni l'armée de Thranduil, ... Rien. Je me levai en titubant légèrement, les genoux flageolants. Et c'est là que j'aperçus un homme grand, mince au visage pâle et au regard froid. Je le reconnus instantanément.

Manwë.

Alors, je compris que j'étais à Valinor.

J'étais morte. J'étais morte. C'était fini.

Je n'avais jamais ressenti une telle sensation de désespoir intérieur. Je ne reverrais plus jamais les gens que j'aimais, je ne serais plus jamais heureuse, si je l'avais jamais été. Ma vie était terminée, presque avant qu'elle n'ait commencée. La voix enrouée, je murmurai :

-Je ne devais pas mourir.

-Non en effet. A présent, la Letrion est perdue, répondit la voix sèche et dure de Manwë.

Je baissai les yeux, incapable d'en supporter d'avantage.

-Mais il reste un espoir.

Je relevai le regard. Manwë me toisa un instant, puis reprit lentement.

-Un royaume pour une vie. Vous aurez soixante ans pour sauver la Letrion, et vous renoncerez à tous vos droits sur le trône.

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J'entrouvris lentement mes paupières lourdes. Ma vision était brouillée, je distinguai des silhouettes floues et indistinctes tout autour de moi, des voix sourdes et confondues. Ma tête était lourde, le moindre effort me provoquait un mal de tête insupportable. Mes muscles endoloris étaient comme enflammés. Je sentais le sang couler de ma blessure à l'épaule. Elle s'était infectée, je le sentais. Je réussis à attraper ma cape brune maculée de sang et à l'appuyer sur ma blessure. Cela m'arracha des larmes de douleur, et je serrai les dents.

Petit à petit, je repris mes esprits. J'étais allongée dans la Forêt Noire, seule, sur un tapis de mousse, le soleil caché par les ombres des arbres denses. Je n'avais aucune idée de comment j'étais arrivé ici.

Je me relevai précautionneusement, la main toujours pressée sur mon épaule. Mes jambes vacillaient, mais je parvins à avancer, quoique lentement. Mais lorsque mon regard tomba sur ma main, mon cœur rata un battement.

Je tombai à genoux, tremblante, le regard fixé sur ma main. La rose des vents avait disparue. Il n'y en avait plus aucune trace sur ma peau pâle.

Rien.

Comme si elle n'avait jamais existé.

Qu'est-ce-que j'ai fait ?

Voila, c'était le dernier chapitre de cette fanfiction. Je suis désolé qu'il ait du temps à venir. Je vous remercie tous de l'avoir suivie, nous en sommes à presque à 550 vues et 70 votes, c'est énorme. Le tome deux devrai venir vers janvier février, le temps que j'écrive le début et que je sache où je veux en venir.

Voilà, à bientôt et merci encore !

Le Hobbit : L'enfant SauvageOù les histoires vivent. Découvrez maintenant