Deux jours plus tard...
La voix de Thorin s'éleva dans le silence de la salle du trésor, tel un murmure.
-Elle est ici, dans ces salles, je le sais, ...
-Nous avons fouillé encore et encore ...
-Pas comme il faut ...
-Thorin, nous voulons tous revoir cette pierre...
-Et pourtant, elle n'a toujours pas été trouvée ! hurla presque Thorin.
Incapable d'en supporter davantage, je quittai la pièce, mes pas résonnant sur le dallage. Je sentais les regards de Thorin, Balin, Dwalin et Bilbon sur moi mais cela m'était égal. Cela fait deux jours que Thorin parle ainsi, deux jours qu'il ne dort plus et mange à peine, deux jours qu'il ne vit plus que pour retrouver l'Arkenstone. Deux jours que nous cherchons cette maudite pierre dans l'immense trésor d'Erebor sans la trouver. J'en ai plus qu'assez de rester enfermés dans l'étouffante chaleur étouffante de la salle du trône. Combien de temps cela allait-il encore durer ?
Je débouchai sur le rempart est, face à l'ancienne ville de Daile. Je me laissai tomber lourdement sur un petit banc de pierre qui me rappelait celui de Fondcombe. Je passai ma main sur mon visage. Ces derniers jours avaient été très éprouvant, et je sentais que c'était loin d'être terminé. J'ignorai ce qu'était devenu les survivants de Lacville, et même s'il y en avait. Je n'avais aucune idée d'où se trouvait Gandalf, il ne se trouvait plus avec la compagnie. Balin m'avait raconté qu'il les avait quittés à l'orée de la Forêt Noire, et depuis, il n'avait plus donné signe de vie.
Je me relevai, redescendis les quelques marches raides et escarpés, et me dirigeai vers la salle des machines. J'y trouvai Balin, comme je m'y attendais. Des larmes jaillissaient de ses yeux, et coulait dans sa longue barbe argentée. En m'apercevant, il s'essuya les yeux, et se força à me sourire.
-Comment puis-je vous aider ?
Je vins m'assoir à côté de lui.
-Je ne sais pas...je me sens, disons frustré de ne pas savoir ce qu'il se passe au-dehors.
-Je sais, soupira-t-il. Mais Thorin ne laissera personne partir tant que l'Arkenstone n'aura pas été retrouvée, vous le savez.
J'hochai la tête silencieusement, et me laissa aller sur le dossier de mon siège, les yeux dans le vague.
-Vous allez bien ? me demanda Balin.Je soupirai.
-Je ne comprends pas. J'ai été enfant de mines, princesse cachée de Letrion, sous la tutelle du roi Thranduil durant de nombreuses années, protégée de Gandalf, et pourtant je ne me suis jamais senti aussi perdue et embrouillée de toute ma vie.
Balin sembla sur le point de dire quelque chose, mais il fut coupé par la voix de Thorin :
-Tous à la grande porte !
Nous nous rendîmes tous deux là où j'étais il y a encore quelques minutes. Nous y trouvâmes tous les nains, ainsi que Bilbon. Je m'approchai des murailles, et découvris un petit groupe d'hommes pénétrant dans la ville de Daile. Ils s'agissaient des survivants de Lacville. Ce que je vis me fis mal au cœur. Ils portaient sur des brancards les blessés, ceux qui avaient perdus un membre, ou qui avaient été sévèrement brûlés. Les femmes portaient toutes des couvertures défraichies, et des paniers troués remplis à peine à la moitié de légumes pourris et de céréales. Ils auraient à peine de quoi tenir... à peine deux jours.
Je faisais à peine attention à la conversation qui se déroulait derrière moi. Je n'arrivais pas à détacher mes yeux de cet horrible spectacle.
-C'est ..., murmurai-je, incapable d'articuler autre chose.
Soudain, une main se posa sur mon épaule. C'était Balin.
-Venez, me dit-il. Ne vous en faites pas, ce n'est pas votre faute.
Nous redescendîmes lentement les escaliers. Toute la fin de la journée et une partie de la nuit, nous bâtîmes un mur constitué de grosses pierres devant l'immense porte qui avait été fracassé par la sortie de Smaug d'Erebor. J'avançais en silence, telle une automate, perdue dans mes pensées. Je devais prendre une décision, et rapidement. De toute façon, plus rien ne me retenait ici.
Le lendemain, après une nuit blanche à me torturer l'esprit, nous nous postâmes sur les remparts, convaincus que les hommes de Lacville viendront réclamer ce que les nains leur devaient. Un vent du Nord était venu et fouettait nos visages pâles. J'aperçus, au loin, une haute silhouette d'homme sur un cheval. Je le reconnus comme étant Barde, le tueur de dragon. Et plus loin, derrière lui, ...
Je sentis le sang se retirer de mon visage, et les quelques couleurs s'effacer de mes joues. Je ne pouvais pas les revoir, pas après ce qu'il s'était passé la dernière fois. Il ne devait surtout pas me voir. Je me retournai et dévalai les escaliers. Je ne répondis même pas aux appels de Thorin. Ma décision était prise.
Le soir venu...
Je montai les marches inégales deux à deux, toujours silencieuse. J'arrivai en haut de l'escalier et m'approchai des remparts qui plongeaient dans le vide. Je montai en équilibre sur une haute pierre plate. Je suis resté là un instant, frissonnante dans ma cape pourtant chaude et épaisse. Je me demandai ce qui me passait par la tête pour que je pense à partir, mais je savais au fond de moi que je prenais la bonne décision. Je me retournai, agrippai la pierre de mes mains et me laissai glisser contre le mur dur et glacé. Je trouvai des appuis facilement contre la paroi de la porte.
Soudain, mon pied glissa sur une prise trop petite et dérapa. Mon cœur rata un battement, et je cherchai désespérément des appuis pour mes mains, mais trop tard, je basculai en arrière et me retrouvai précipitée de tout mon poids vers le sol. Fermant les yeux, je m'apprêtai à recevoir un choc violent...
Et il vint, mais bien plus tôt que je ne l'aurais imaginé. Je me relevai en maugréant, me maudissant de ne pas avoir pris de corde. Je m'élançai sur le large pont recouvert de pierres, et débouchai sur une plaine déserte. Au loin, j'apercevais le campement du roi Thranduil, des voluptés de fumée s'élevant au-dessus des tentes militaires. Plus loin, je voyais du mouvement, des lumières provenant des feux allumés vers les ruines de Daile, là où s'était installé les survivants de Lacville. Il y en avait plus que je ne l'aurais pensé. Je me mis à marcher droit devant moi, en essayant de ne pas penser au fait que je reverrais le roi Thranduil, et... peut-être aussi...non, je ne devais pas y penser. De toute façon, je ne pouvais plus reculer.Il ne sera pas là.
Voilà , déjà le chapitre 15 ! Je suis un peu déçue de ce chapitre, mais les prochains seront plus travaillés !
A lundi !
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Le Hobbit : L'enfant Sauvage
Fanfic"Laissez l'enfant partir, et vous risquez plus que son existence. Vous risquez une guerre. Une guerre qui déterminera le destin de tout un peuple. Vous avez le choix. Ou elle part, et nous aurons une infime chance de renverser la situation, soit vo...