Le Hobbit : L'enfant Sauvage

Chapitre 13 :

Cependant, je dus m'arrêter en voyant l'intérieur. Je reconnus les murs sculptés par les nains. Je les effleurais du bout des doigts, et une foule d'anciens souvenirs me remontèrent à la mémoire. Les larmes me montèrent aux yeux mais je n'avais pas de temps à perdre. Je m'élançai à travers les couloirs sombres et étroits.

Je me souvenais parfaitement du chemin pour accéder à la salle du trône. Je débouchai sur une immense pièce remplie de pièces d'or, de joyaux et de pierreries ; c'était l'immense trésor du royaume d'Erebor, celui constitué par Thror, et par ses proches prédécesseurs. Je dévalai les longs escaliers de pierres grise, le cœur battant à tout rompre. Aucune trace des nains, ni du dragon Smaug. Dans la pièce régnait un silence pesant, seulement brisé par le bruit de mes pas sur les pavés. Je n'avais aucun moyen de savoir si Smaug était là, tapis dans l'ombre ou endormi sous le tas d'or.Je décidai de rebrousser chemin, et de me diriger dans une autre direction.

 Je remontai rapidement les marches et prit le boyau de droite, qui menait aux salles inférieures et aux mines. Je m'élançai à travers plusieurs escaliers, et plusieurs couloirs. Il n'y avait toujours personne, le silence devenait presque assourdissant.

 J'avais l'impression d'être ici de puis une éternité lorsqu'une idée me vint soudain. Les forges ! Elles n'étaient pas loin. Ils se rendront surement là-bas. Je courus vers les salles qui se trouvaient juste au-dessus de là ou j'étais.

 Alors que je me trouvais au début d'un immense couloir, j'entendis la voix de Balin :

-Par-là ! J'ai dit par-là !

J'aperçus Thorin et Bilbon avec lui. Ils allaient tourner dans une galerie lorsqu'un bruit assourdissant se fit entendre. Je me figeai ; le cœur prêt à exploser.Un immense dragon aux crocs acérés, aux griffes pointues et aux yeux flamboyants et effrayant surgit à l'autre bout du couloir.Smaug.

-Courez ! hurla Thorin à Bilbon et Balin.

Ils disparurent dans le boyau. Thorin se mit à courir dans ma direction pour échapper à Smaug. Celui- ci ouvrit sa gueule en grand et cracha une longue flamme. Je roulai sur le côté juste à temps et fut dissimulé par un pan du mur. Thorin s'était jeté dans le fossé et s'était raccroché aux cordages rouillés. Le dragon le suivi dans sa chute. Je bondis et me dirigeai vers le couloir ou avait disparu Balin et Bilbon.

Je débouchai dans une pièce circulaire avec au centre, l'articulation de la forge. Tous les nains étaient regroupés dans la pièce. Ils poussèrent de grands cris à mon arrivée.

-Blanche ? Que fais-tu ici ?

-Je vous expliquerai, répondis-je rapidement. Mais Thorin...

J'avais à peine prononcé ces mots que Dwalin, Gloin et Dori se précipitèrent pour l'aider. Ils reparurent rapidement avec Thorin. Le chef de la compagnie m'adressa un signe de tête, puis se tourna vers les nains.

 -Le plan ne marchera pas. Les fours sont plus froids que froids, dit Dwalin en désignant la forge éteinte.

-Il a raison, renchérit Balin. Nous n'avons pas de feu assez fort pour qu'ils puissent s'embraser.

Soudain, un grand fracas se fit entendre. Smaug commençait à remonter du fossé. Ses griffes pointues agrippèrent le rebord. Seul des colonnes de pierres nous séparaient de lui.

-Détrompes-toi, dit Thorin à voix basse.

Il s'élança vers les colonnes et cria :

-Je ne m'attendais pas à ce qu'on t'échappe aussi facilement ! Tu es devenu lent et gras sur tes vieux jours.

Le dragon était sorti du fossé, et se dressait devant nous. Ses yeux cruels étincelaient de colère.

-Limace ! cracha Thorin.

 Smaug se dressa de toute sa hauteur, déployant presque ses ailes. Je devinai qu'il s'apprêtait à cracher une flamme.

-Abritez-vous ! hurla Thorin.

Nous courûmes et réussîmes à nous plaquer juste à temps contre les colonnes. Je sentis le feu du dragon exercer une force incroyable de l'autre côté du pan de mur. Je serrai les dents en me cramponnant de toutes mes forces à la colonne pour ne pas glisser. Le feu passa à seulement quelques centimètres de moi.

Une fois la flamme éteinte, il y eut un silence assourdissant. J'avais deviné ce que Thorin avait en tête, et priais silencieusement pour que cela marche. Dans le cas contraire, ce serait fini.

Soudain, j'entendis un grand bruit venant de la forge. Des flammes rougeoyantes commençaient à revenir dans les conduits. Le feu du dragon avait réchauffé les fours.

-Balin, tu sais toujours faire ? demanda Thorin, essoufflé.

-Je te fais ça en moins de deux, répondit le nain.

-Il faudrait le faire en moins d'un, commenta Thorin.

Le dragon se projetait contre les barreaux qui nous séparaient de lui. Ils n'allaient plus tenir très longtemps.