CHAPITRE 6 - Côme

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- CÔME -

Discuter avec Céleste m'a ouvert les yeux. Je savais qu'il y avait un problème. Quelque chose qui l'empêchait de s'ouvrir complètement au monde et aux gens qui l'entourent. Je l'ai toujours soupçonné. Maintenant, j'en suis certain.

C'est comme si cette fille regorgeait de secrets, de souvenirs, et de vieux démons. C'est un mystère à elle toute seule. Et d'aussi loin que je me souvienne, j'ai toujours adoré résoudre les énigmes.

En fait, j'ai même déjà quelques pistes. Entre sa réticence vis-à-vis du lycée, son insociabilité déroutante tellement elle semble surjouée, et puis... cette faille. Je l'ai perçue le jour où je l'ai rencontrée. Je l'ai vue aussi quand elle m'a avoué ne pas être une grande fan du lycée. Et je l'ai encore perçue dans ses yeux, juste avant d'entrer en classe.

Mais pour l'heure, je me contente de faire comme tous les autres : fermer les yeux et courir vite.

— Messieurs, le demi-fond n'est pas une course de vitesse ! hurle notre prof d'EPS depuis le centre du terrain.

Ce qui déclenche les ricanements des autres mecs de la classe qui ne se gênent pas pour accélérer encore. J'esquisse un rictus. Par fierté, je pousse le sprint à mon tour, mais la douleur lancinante à mon épaule me fait vite reprendre mes esprits et je ralentis nettement.

— Bah alors, on se dégonfle ? me nargue Céleste, moqueuse, en me dépassant par la gauche.

Un sourire vient de nouveau se plaquer sur mes lèvres, comme un automatisme.

— Non, je te laissais juste une chance de me battre quelque part.

Elle ralentit à son tour, pour arriver à mon niveau.

— Je pourrais te battre n'importe où ! s'exclame-t-elle, un poil vexée, en me donnant un coup dans l'épaule en question.

Je tente de gérer la douleur, de me contenir, mais je grimace malgré moi. J'ai envie d'hurler. Ce que Céleste capte immédiatement.

— Bah alors ? C'est ma force légendaire qui te met dans cet état ?

Elle sourit, mais à moitié seulement. Je continue de courir et elle m'imite.

Serre les dents, serre les dents.

— N'exagère pas, rigolé-je. Je suis tombé à mon entraînement de hand samedi dernier.

Elle semble sceptique.

— Tu ne m'as jamais dit que tu faisais du hand.

Elle marque un point.

— Tu ne m'as jamais posé la question, rétorqué-je sur le même ton.

— Fais voir.

Elle s'est brusquement arrêté sur la piste et ne va pas tarder à gêner le passage des autres.

— Quoi ?

— Fais voir ton épaule.

Elle est catégorique et je sens que je ne vais m'en sortir si facilement. Je m'arrête à mon tour, déclenchant une foule de regards sur nous, mais je m'en fous, je la rejoins et la traîne sur le bord, derrière l'une des cabanes en métal où on range le matériel de saut en hauteur. À un endroit où on ne risque pas de se faire piétiner. Je jette en même temps un coup d'œil au prof de sport pour m'assurer qu'il ne nous a pas vus.

— Il n'y a rien, c'est seulement à l'intérieur que ça me fait mal, mens-je.

— Une chute, ça laisse forcément des traces, insiste-t-elle. N'importe quelle blessure d'ailleurs.

Les astres brilleront toujoursOù les histoires vivent. Découvrez maintenant