CHAPITRE 14 - Céleste

260 30 22
                                    

- CÉLESTE -

Les journées suivant notre jeudi d'école buissonnière sont bien calmes. Côme était exclu jusqu'à hier, ce qui m'a laissé le temps de méditer à propos de notre matinée dans le parc, et de tout ce qui s'y est dit. Ou du moins, tout ce que je lui ai dit. Des choses s'y sont passées également. Une en particulier, un baiser, un instant fugace qui me semble déjà si loin.

Je tente de chasser les souvenirs de mon esprit d'une légère secousse de tête, mais je crois que les images sont plus difficiles à faire disparaître que la poussière. D'autant plus quand le principal intéressé est juste là, assis à quelques rangs de moi, et que je ne peux pas l'éviter.

— Tout va bien ? me demande Amélia en jetant un regard dans ma direction pendant que notre professeur de maths a le dos tourné.

— Ouais, je réponds simplement. Ça va.

Je vois bien qu'elle n'en croit pas un mot. Elle ne m'a posé aucune question à propos de Côme depuis jeudi dernier, alors que la connaissant, elle doit s'être imaginé que nous étions ensemble. Ce qui est vrai. Mais je ne lui en ai pas parlé.

— Tu dors à la maison, ce soir ?

— Seulement si ça ne dérange pas tes parents, murmuré-je.

— Tu sais très bien que ça ne les dérange jamais.

J'aimerais pouvoir le croire.

— D'accord.

Je détourne mon regard de ma meilleure amie pour me reconcentrer. Certainement pas sur les intégrales que tente désespérément de nous faire comprendre le prof, mais plutôt sur mes pensées qui ne cessent de tourner en boucle. C'est notre dernière heure de cours de la matinée, et donc de la journée. Plus que quinze petites minutes.

Sa voix, le bruissement du vent frais de novembre, son souffle chaud, ses lèvres, les miennes.

J'ignore complètement ce que cela signifiait pour lui, ou même si cela voulait dire quelque chose. Et j'aimerais vraiment pouvoir ignorer ce que cela signifie pour moi. Si tant est que cela veuille dire quoi que ce soit aussi. Je n'ai strictement aucune idée de quoi penser de tout ça. Ni même de comment c'est arrivé. Et sans doute que ça n'aurait pas dû se passer. Les images, les images, les images... Fichez donc le camp !

Fichues hormones. Fichue adolescence !

Un garçon comme lui peut-il réellement en avoir quoi que ce soit à faire d'une fille comme moi ?

— Tu es sûre que tout va bien ? me redemande Amélia pendant que nous sortons de la salle de classe. Tu es toute pâle.

Je m'efforce de lui sourire, l'air de rien, comme si mon esprit n'était pas embrumé par toutes les pensées qui s'y noient.

— Encore plus pâle que d'habitude, tu veux dire ?

— Un chouia plus, oui, s'amuse-t-elle.

— T'inquiète pas, tout va très bien.

Mon amie ne répond pas, et en lui jetant un regard, je vois qu'elle échange un sourire avec Benjamin, un peu plus loin devant nous. Je n'avais jamais prêté attention à un quelconque rapprochement entre ces deux-là.

Quand est-ce que j'ai loupé cet épisode ?

Côme est à ses côtés – je crois que lui et Benjamin sont amis, mais nous n'en avons jamais discuté – et me fait un petit signe de la main, auquel je ne réponds pas. Je n'ai pas envie de me faire remarquer, et je préfère m'éclipser.

Les astres brilleront toujoursOù les histoires vivent. Découvrez maintenant