Les astres brilleront toujours

CHAPITRE 4 - Côme

- CÔME -

En y réfléchissant bien, chacun a quelque chose à cacher aux yeux des autres et du monde. Chacun a ses propres secrets, enfouis plus ou moins profondément. Finalement, n'est-ce pas dans la nature humaine de cacher ses véritables intentions et sentiments ? Ou alors n'est-ce qu'un acquis de notre espèce qui, à force de mensonges, a fini par se perdre en eux. Mais sans doute n'est-ce qu'une façon comme une autre de se protéger. Une sorte de système d'autoprotection, mis en place par notre cerveau pour nous préserver.

C'est l'une des premières choses qui m'a frappé en discutant avec Céleste : son autodéfense. Cela dit, j'admets que « discuter » n'est pas le terme le plus approprié, sachant qu'elle n'est pas le moins du monde ouverte à la discussion. Et ça, je l'ai très bien compris : elle ne veut pas qu'on l'approche. Seulement, j'ignore encore pourquoi, et j'ai beau m'en prendre plein la figure chaque fois que j'essaye d'amorcer un dialogue, cette fille m'intrigue, c'est plus fort que moi.

D'autant plus que depuis mon arrivée dans cette ville, je n'ai pas encore rencontré grand monde. Alors hormis Amélia, avec qui j'ai tout de suite accroché, et quelques gars plutôt cool de la classe, je ne peux pas dire que mon cercle de connaissances soit très large. Et puis il y a Céleste.

Soudain, des cris retentissent depuis le rez-de-chaussée et je ne saurais dire qui de mes deux parents hurle le plus fort.

— J'en ai assez, Erick, je sature !

— Mais ce n'est rien, je te le promets ! Carole ! Reste-là !

Rapidement, je sors de ma chambre et rejoins Lily dans la sienne, et quand je la vois, là, roulée en boule sur son lit et le corps sanglotant, mon cœur se serre. Elle est beaucoup trop jeune pour endurer ce genre de dispute, et aucun enfant ne devrait avoir à connaître ça.

— Ça va aller, tu vas voir, c'est juste une petite dispute de rien du tout, tenté-je de la rassurer.

Seulement, je vois bien que ça ne suffit pas – que ça ne suffit plus. Ce n'est plus un bébé et elle comprend très bien que la situation n'est pas normale. Que des parents ne sont pas censés se disputer constamment.

Ce qui m'étonne en revanche, c'est qu'il est rare que notre mère hausse la voix contre notre père. En règle générale, elle s'effondre devant lui tandis qu'il crie, épuisée et tétanisée à l'idée de le perdre pour de bon.

— Tu avais dit que c'était fini, que c'était une erreur et que tu t'étais trompé ! Mais tu recommences, encore et toujours !

— Mais c'était une erreur, cette fois encore !

À ce moment précis, je comprends que rien n'a changé. C'est lui qui a insisté pour qu'on déménage. Lui qui nous a promis du changement, une nouvelle vie plus heureuse. Mais tout est absolument pareil.

Je serre un peu plus fort Lily contre mon torse, me promettant une énième fois de la protéger quoiqu'il arrive.

— Je reviens, d'accord ? lui murmuré-je. Ne bouge surtout pas.

Tout en reniflant bruyamment, elle acquiesce d'un léger hochement de tête. Je caresse tendrement ses cheveux crépus avant de me lever de son lit et de quitter sa chambre sans oublier de refermer la porte derrière moi.