CHAPITRE 11 - Céleste

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- CÉLESTE -

— Lâchez-moi ! Mais lâchez-moi, je vous ai rien fait !

— Dis, t'as pas honte d'être aussi moche et grosse ?

— Elle est vraiment dégueulasse. Elle me dégoûte trop. T'en as pas marre de manger, hein ?

— T'as encore faim ? Vas-y, bouffe de l'herbe pendant que t'y es !

— Mais lâchez-moi ! Pourquoi vous faites ça ?! Fichez-moi la paix ! Sinon, je...

— Tu vas faire quoi, tu crois ? Tu vas aller te plaindre à papa ? Ah non, c'est vrai, la pauvre petite Céleste n'a plus de papa.

— T'es tellement pathétique. Même ton père voulait plus de toi.

***

Son torse est tellement ferme et ses bras tellement forts. Pourquoi est-ce qu'il me serre contre lui au lieu de me repousser ? Mais est-ce qu'il me serre vraiment, ou bien est-ce moi qui me colle à lui ?

J'inspire, le nez plongé dans son t-shirt. Je ne saurais pas dire lequel, mais il sent le parfum pour hommes... Pas trop fort, mais juste assez pour s'en imprégner. J'adore.

Comment est-ce que je vais me sortir de cette merde... ?

Je n'aurais jamais dû lui parler de tout ça. J'ai tellement, tellement merdé. Il ne me verra plus jamais du même œil, et même moi, je ne suis plus sûre de réussir à le regarder dans les yeux après tout ça.

Mais qu'est-ce que j'en ai à foutre de ce qu'il peut bien penser de moi, de toute façon ? Je suis tellement pathétique.

J'expire. Ma respiration s'est doucement calmée, et les spasmes se sont arrêtés.

— Est-ce que ça va mieux ? me demande-t-il sans bouger d'un poil.

— Un peu, acquiescé-je en me décollant lentement de son corps.

Mes yeux sont toujours humides, mais mes larmes se sont taries. C'est du moins ce que je pense jusqu'à ce que Côme approche de nouveau son pouce de mon visage. Son geste est tellement doux. J'ignorais jusqu'à présent qu'une personne pouvait porter tant de douceur en elle. Il y essuie quelques gouttes. Je ne comprends pas comment je peux encore avoir des larmes à écouler. Je ne pensais plus en avoir en réserve depuis tellement d'années.

Y a-t-il eu un jour, où j'ai également décidé de supprimer les pleurs de ma vie ? Comme j'ai décidé en entrant en seconde de ne plus jamais me laisser atteindre par les remarques des autres ? Je suis incapable de m'en souvenir.

***

— Maman ?

— Tu pleures encore, Céleste ?

— Mon pantalon...

— Tu l'as encore troué ? Céleste ! Je t'avais demandé de faire attention ! On n'a pas les moyens de te racheter des habits neufs tous les mois, je te l'ai déjà dit.

— Mais...

— Pas de mais ! Tu sais que c'est difficile pour moi en ce moment, et toi tu t'en fiches complètement ! Alors tu continueras d'aller au collège avec celui-ci, tant pis. Peut-être que ça t'apprendra à prendre soin de tes affaires.

— Pardon, maman... Je te promets que je vais faire plus attention.

***

— Je suis désolée, prononcé-je tout bas, les yeux rivés sur l'herbe.

Les astres brilleront toujoursOù les histoires vivent. Découvrez maintenant